BOND TO BE ALIVE! (DESOLE….)
L’année 2012 marque le cinquantenaire de la saga Bond, un événement que la productrice Barbara Broccoli a décidé de célébré en confiant les rennes de ce 23ème opus à un réalisateur oscarisé, une première dans l’histoire de la franchise.
Dès lors, l’enjeu était double pour le génial Sam Mendes : rendre hommage à un demi-siècle de tradition « bondesque » et apposé sa patte de metteur en scène sur une série mythique qui n’avait été visitée jusqu’alors que par des artisans plus ou moins talentueux (Martin Campbell, Michael Apted, Guy Hamilton….).
Les premières images font immédiatement oublier le travail des prédécesseurs de Mendes et confirment que son intronisation au poste de réalisateur était bien une riche idée. Sur le plan formel Skyfall est tout simplement le plus beau James Bond depuis des lustres et peut-être même le plus beau tout court !
Transcendé par une direction artistique à tomber par terre et par la superbe photo de Roger Deakins, le film propose en outre un découpage d’une lisibilité exemplaire qui sert parfaitement les rares scènes d’actions. La beauté plastique de l’ensemble atteint des sommets lors de l’incursion de 007 en terre Chinoise, sensuelle, classe et dépaysante, sans jamais tomber dans l’exotisme de pacotille.
La mise en scène du métrage est également un condensé du meilleur de l’univers Bond tout comme un scénario qui multiplie les clins d’œil à destination des fans : le retour de Q (un peu facile d’en faire un nerd mais bon…), les personnages campés par les formidables Raplh Fiennes et Naomi Harris ou la présence de la cultissime Aston Martin DB5… tout concourt à la célébration des cinquante ans de Bond.
Toutefois, on aurait tort de penser que Sam Mendes n’est là que pour faire du fan service, le bonhomme s’appropriant les codes de la saga pour les tordre à sa guise.
L’américain entreprend un travail de déconstruction du mythe qui se révèle à double tranchant : on évoquera d’abord sa volonté louable de creuser le sillon amorcé sous l’ère Craig en humanisant le personnage même si certains de ces choix son douteux. Ainsi, on appréciera de voir la domination physique de Bond remise en cause, beaucoup moins les références à son passé et à une énième histoire de trauma enfantin qui ne lui sied guère.
Idem pour la thématique oedipienne au cœur du récit et une histoire de vengeance qui nous change des habituels complots internationaux mais qui se révèle au final assez convenue.
Heureusement que l’abattage de Javier Bardem qui incarne un méchant grotesque et malsain, cousin volubile et homosexuel (une première dans la série et prétexte à un dialogue crypto-gay hilarant avec 007) de l’Anton Chigurh de No Country For Old Men. Cependant, tout comme les autres interprètes, il ne parvient pas à faire oublier le gros passage à vide que connaît le film lors d’un épisode londonien peu inspiré qui le ferait presque passer pour un nouvel ersatz des aventures de Jason Bourne (une poursuite dans le métro qui ne brille pas par son originalité).
Sam Mendes se livre donc à un exercice de style risqué et un brin déconcertant pour le spectateur. En témoigne la dernière bobine qui vire carrément au Western écossais avec en prime une petite ambiance à la Straw Dogs ! Si ce morceau de bravoure sent bon la poudre, il se révèle bien plus intimiste que les débordements pyrotechniques auxquels on était habitué et vient conclure le film de manière émouvante et inattendue.
A l’arrivée, Skyfall est une œuvre fascinante, un film somme qui rend hommage à la gloire passée de la franchise tout en affirmant sa volonté de renouvellement à travers des ambitions artistiques plus relevées, une approche plus mature des scénarios et surtout plus d’émotion.
Je garderais personnellement une petite préférence pour Casino Royale qui fut une petite révolution en son temps mais Skyfall peut se targuer d’être un vrai blockbuster d’auteur et est annonciateur de beau lendemains pour 007.
Danny Boyle ou Christopher Nolan pour le prochain ?
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