La saga James Bond n'a jamais brillé par son féminisme, mais on essayait de faire (un peu) évoluer la chose, avec le temps.
Pourtant, ici, on opère comme un retour en arrière.
ATTENTION SPOILERS
Etait-ce une telle hérésie d'avoir un patron féminin pour Bond ?
Le problème est désormais réglé, c'est reparti comme au bon vieux temps où ces dames n'étaient qu'au standard téléphonique ou dans le plumard du tombeur.
D'ailleurs, on a tenté d'introduire une femme-agent dans le giron de 007, mais il s'avère que celle-ci merde comme il faut.
Résultat, on la refourgue où elle devrait être, au bureau, à un poste subalterne.
Quand à la James Bond girl de service, campé ici par une actrice française, c'est aussi un bon retour en arrière. Cette dernière n'est bonne qu'à être impressionnable, réconforté dans les bras du mâle, objet à la belle plastique accrochée en un clin d'oeil au tableau de chasse du héros puis sacrifiée à la va-comme-je-te-pousse telle une denrée dispensable.
A mon sens, le retour à la tradition (abject réflexe créatif qu'on nous avait épargné durant les deux derniers opus, tentant d'inventer une nouvelle voie) ne s'arrête pas là. On retrouve le rythme lénifiant des anciens films poussiéreux (je parle des pires JB; certains anciens tenaient bien la route), des bastons mal filmées, on perd la nervosité et le punch moderne qui collaient jusqu'ici à l'ère Daniel Craig, c'est bourré d'incohérences...
Personnellement, j'ai passé le film à me demander quand il débuterait vraiment, quand est-ce qu'il prendrait une ampleur intéressante, qu'elle soit narrative ou psychologique. Ca n'est jamais venu, même la première séquence d'allure pétaradante (pensez donc, un train en marche, de la poursuite motorisée, de la destruction, de la castagne) qui parvient à nous scotcher à chaque fois dans notre fauteuil (ce qui permet de mieux accepter l'indigeste et laid générique traditionnel qui suit), même cette séquence d'ouverture est molle du genou.
Alors Javier Bardem est sensationnel, mais ça ne suffit pas.
Non, vraiment, ce retour aux sources-là, très peu pour moi.