On ne perd pas le conte des têtes tranchées...

Sleepy Hollow est la mise en images, par l'excellent Tim Burton, d'un conte fantastique de 1819.
Avec une matière telle que celle du cavalier sans tête, le réalisateur aux univers sombres ne pouvait que trouver un terrain de jeu à sa mesure.
C'est donc dans une ambiance brumeuse, mâtinée d'angoisse et de secrets celés, que se déroule notre histoire. Un inspecteur de New-York, féru de science moderne et de raisonnement cartésien, est chargé d'élucider des meurtres par décapitation dans le village de Sleepy Hollow. Lorsque il arrive de la grande ville dans ce bourg rural, le dépaysement est total. Le brouillard est omniprésent, l'obscurité jamais loin et les visages méfiants des habitants n'augurent guère d'accueil chaleureux. Ce sont les notables de la bourgade qui lui dresseront le tableau des meurtres perpétrés il y a peu. L'enquête pourra alors débuter et l'inspecteur verra bien des obstacles se dresser sur son chemin, le cavalier sans tête n'étant pas le moindre !

Johnny Depp campe un Ichabod Crane tout à fait amusant, mélange de mimiques empruntées et de déductions savamment réfléchies. Son style est reconnaissable dans nombre des films dans lesquels il a joué. Christina Ricci ainsi que bien d'autres acteurs forment un cortège qui gravitent avec justesse autour de l'inspecteur sous la houlette de Tim Burton. Ce dernier a fait créer des décors à la mesure de son imagination. Le village est sombre et ancien à souhaits, les bois et leurs brumes propices aux embuscades, l'arbre torturé forme une entrée des Enfers de choix. Et que dire des accessoires ? Les costumes sont de saison, les intérieurs très immersifs et les instruments d'enquêteur tout à fait singuliers, les lunettes en particulier qui donnent un air légèrement évaporé à notre inspecteur. Comme j'apprécie l’iconographie du réalisateur, je me régale à voyager dans cet univers peuplé de magie et de mystères.
Certes, l'intrigue est relativement simple, certains diraient linéaire, mais pour qui aime ce style particulier, il y a quoi se distraire. Les têtes tombent comme les épis lors des moissons. Mais la récolte est plus macabre, même si sa raison est tout ce qu'il y a de plus explicable, raisonnablement. L'inspecteur la découvrira sur le fil...

Au final, ce conte fera frisonner sans terrifier non plus et je le regarde toujours avec plaisir.