Ayant vu hier "Butch Cassidy et le Kid", dans lequel il y a la chanson "Rain drops keep falling on my head", ça m'a évoqué Spider-man 2 et m'a donné envie de le revoir. Oui, c'est aussi simple que ça.
J'aimais déjà beaucoup le film, mais en le revoyant maintenant, je le trouve encore plus génial que quand j'avais été impressionné par sa coolitude, quand j'étais ado.
Spider-man 2 n'est pas un simple film de super-héros, c'est plus que ça.

J'admire déjà la façon dont cette suite repart de ce qui a été vu dans le premier film, et exploite tout le potentiel émotionnel porté par ce qui a été établi.
Le film dure 2h et jongle, avec succès, entre de nombreuses intrigues, notamment grâce à des scènes intelligemment multi-fonctions.
Au début du film, Peter oublie son anniversaire, une façon originale déjà de montrer comme il est débordé, entre son boulot et sa double identité, mais c'est aussi l'occasion de le faire retrouver les trois personnages importants dans sa vie, et de le confronter aux trois principaux moteurs dramatiques de la trilogie de Sam Raimi.
Il y a Harry qui reproche à Peter de ne pas lui dire qui est Spidey, qu'il tient pour responsable de la mort de son père ; tante May qui évoque Ben et qui maudit le responsable de sa mort ; Mary-Jane qui tente de faire dire à Peter ce qu'il ressent, ... des moments intenses qui se placent superbement dans la voie tracée par le précédent épisode. Dans cette dernière scène en particulier, le jeu d’acteur est fabuleux, et la façon de filmer et d’éclairer les visages de Peter et de Mary-Jane, la proximité qui en ressort ainsi que la gestuelle des acteurs, passant par le toucher, fait que l’émotion marche terriblement bien.
[EDIT 27 mai : je suis en train de revoir Spider-man 1, et je me rends compte qu'on peut déduire pourquoi tante May est contrainte de déménager dans le 2 : Ben était la personne qui apportait un revenu au foyer. Décidément, ces films sont vraiment bien pensés, et pas que sur le court terme.]
Par ailleurs l’écriture des dialogues, par lesquels passe la caractérisation des personnages, est admirable. Il y a cette scène où Peter appelle Mary-Jane d’une cabine téléphonique pour s’excuser, mais il est à court de pièces de monnaie, et alors qu’il a encore le combiné en main, Peter cède à l’envie de livrer tout ce qu’il a sur le cœur, et pour le spectateur ça permet de connaître l’intériorité du personnage et l’ampleur de ses sentiments. Le procédé peut paraître simpliste, mais il rend la scène crédible, rappelant quelque chose qu’on a forcément vécu, et y avoir pensé pour le film, je trouve ça brillant.
Spider-man 2 est rempli de moments d’émotion, et ça marche si bien que j’en avais presque oublié Docteur Octopus… et je m’en fichais.
Cette application dans la caractérisation des personnages s’applique aussi au méchant.
Un point sur la relation de Peter et M-J est effectué par une question innocente de la femme d’Otto Octavius, qui cherche à en savoir plus sur Parker, et Otto enchaîne en parlant d’amour, et de la façon dont il a connu son épouse (encore une fois, scène multi-fonction). Dans toute la trilogie de Sam Raimi, on donne un aspect humain aux méchants, une touche que j’apprécie. D’ailleurs ça doit bien être les seuls films de super-héros que je connais où le héros ne se contente pas de péter la gueule au méchant, mais le vainc autrement.
Le spectateur a ici de l’empathie pour le "méchant" (même si le terme n’est pas tellement approprié, pour le coup), en nous le montrant comme l’homme normal, l'être humain, qu’il était avant que les choses ne dérapent. Et même dans sa démence, le méchant a des réflexions qui ont du sens ("le vrai crime, ce serait d’arrêter le projet"), ce qui rend son passage du bien au mal un peu plus crédible.
Et il y a de ces répliques admirables, comme "I planned on doing it" – "planning is not a major at this university", prouvant que le talent d’écriture des scénaristes peut être aussi au service de l’humour.

Sam Raimi a un talent particulier pour les gags visuels, je pense qu’il y a un bon lot qui doivent être de lui et qui n’étaient pas dans le scénario, ce sont d’ailleurs ces gags-ci qui priment, même s’il y a quelques répliques drôles. Enfin ce qui est réellement à se plier en deux, c’est la performance de JK Simmons, hilarant à chacune de ses apparitions, sans exception.
Même dans les scènes d’action, il y a une bonne dose de fun et d’humour. Ce moment où Peter se fait renverser, fait un salto arrière, et dit à des enfants éberlués que c’est grâce aux légumes qu’il mange quotidiennement, je me souviens qu’étant ado ça m’avait à la fois impressionné et fait hurler de rire (c’est encore un peu le cas d’ailleurs).
Les effets spéciaux de Spider-man 2 ont pour certains un peu vieilli, mais d’autres sont toujours aussi bluffants. Les tentacules de Doc Ock sont les éléments qui ont le mieux résisté au temps, leur design est formidable, elles ont été pensées pour aussi bien être des armes redoutables que des outils servant à un travail minutieux, selon les scènes. Et la façon dont les tentacules sont montrées comme des extensions d’Otto, faisant écho à son état d’esprit du moment, ou au contraire la façon dont elles semblent avoir leur vie propre, est très bien pensée.
La scène du réveil d’Otto avec les tentacules qui attaquent des gens, la réalisation en fait une véritable vision de film d’horreur, avec pleins de petites touches dans la mise en scène qui font penser à du Evil dead ; on sent que Raimi s’est éclaté.
Justement ce qui fait que les scènes d’action restent grandioses, c’est les idées originales de Sam Raimi, sa mise en scène et le montage qui mettent en valeur l’action et la rendent claire. A une époque où tous les films d’action sont ultra-cut, de sorte à camoufler une incapacité à effectuer quelque chose en un seul plan, Sam Raimi favorise les mouvements de caméra à la coupe. Ce qui, forcément, donne un résultat bien plus impressionnant.
Et puis cette musique de Danny Elfman, elle donne de l’ampleur au film dans son ensemble et me fait frissonner (oui ça fait niais, mais j’ose le dire !)
D’ailleurs, tant qu’à paraître niais, je dois dire qu’il y a dans ce film des moments d’héroïsme et de chaleur humaine catalysée par Spider-man qui me touchent à chaque fois, en particulier la scène dans le métro. Encore une fois, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu/ressenti ça avec un autre film du genre.

La touche Sam Raimi, c’est aussi ces idées de mise en scène ingénieuses, ces petites trouvailles visuelles : cette voiture retenue dans les airs, la caméra pivote et on voit les fils d’araignée qui la retiennent, par exemple.
Il y a des détails qu’on ne remarque pas forcément par contre, comme quand Peter voit Mary-Jane avec son copain, et que des voitures de police passent (ce n’est pas anodin, c’est présent dans deux plans, c’est que Raimi a voulu que ces voitures soient là), comme pour remuer le couteau dans la plaie en rappelant à Peter son devoir qui l’empêche d’être avec celle qu’il aime. Et je ne l’ai compris qu’en revoyant le film cette fois-ci, mais lorsque Mary-Jane évoque Peter en le qualifiant de "jerk" auprès de son copain, puis demande à ce dernier, sans raison apparente, de pencher sa tête en arrière sur le canapé, pour l’embrasser, c’est en fait une allusion au fameux baiser sous la pluie, la tête à l’envers, dans Spider-man 1. Mary-Jane pense à Peter, ce qui a du sens étant donné qu’à la fin elle dit qu’au fond d’elle-même, elle a toujours su qu’il était Spider-man.
Mais Sam Raimi derrière la caméra, ça veut aussi dire qu’on a Bruce Campbell devant, et décidément il est excellent dans n’importe quel rôle qu’il endosse. On ne le voit ici que dans une scène, mais il arrive quand même à être à hurler de rire.
La réalisation de Raimi n’est pas non plus exempte de quelques petits défauts, des trucs un peu ridicules, quelques incohérences, comme ce reaction shot de dégoût du public quand Doc Ock plante ses tentacules dans son dos, alors qu’il est face aux autres, ou alors cette fille qui hurle et se dirige vers la caméra comme pour dire "regardez, vous avez vu comme c’est horrible ?", ou encore le fait qu’Octopus balance une voiture sur Peter alors qu’il ne sait pas qu’il est Spider-man et qu’il compte l’interroger…
Ah, et il y a le choix de la robe que Mary-Jane porte dans toute la dernière demie-heure, dont la laideur détourne mon attention à chaque fois.

Revoir Spider-man 2 et me rendre compte à quel point il est, décidément, bien écrit et réalisé, me rappelle la colère que j’ai connue en apprenant qu’il n’y aurait pas de 4ème opus et qu’il y aurait un reboot à la place. J’aurais adoré voir ces personnages continuer à évoluer, et savoir ce que Raimi aurait fait avec le personnage du Dr Connors.
Et avoir vu le reboot, aux scènes d’action brouillonnes et dépourvu d’émotions, me le fait regretter encore plus. Dire qu’avec tous les films qu’ils ont déjà prévus, il y en aura plus que ce qu’on a permis à Sam Raimi de réaliser...
Wykydtron IV

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