Ceci n'est pas une critique


Tout au plus sont ce des éléments de réflexion pour vous aider à y voir plus clair dans le brouillard opaque qu'est devenu la première trilogie. Je parlerai donc ici des films 1 à 3 dans leur globalité. Je précise par ailleurs que cet article est tiré d'un travail plus large paru dans le journal d'art et de culture Poulika dont vous trouverez le lien en bas si d'aventure vous voulez élargir la réflexion. Vous pardonnerez donc le léger soucis de forme que prend ce travail, mais je ne doute pas que vous y trouverez un contenu qui vous fera réfléchir


Une prélogie ratée?


La prélogie, elle est géniale, mais nous ne sommes pas aveugles non plus. Notre maîtrise de la Force nous permet une clairvoyance toute particulière et si ces films sont tout à fait défendables il faut néanmoins souligner ses défauts, tout comme ses qualités, en évitant l'entrée dans un fanatisme irrationnel. Il nous faut cependant nous prévenir que les paragraphes qui suivent pourraient vous déplaire si vous êtes fermé à tout argumentation concernant la prélogie, auquel cas nous vous conseillons d’arrêter la lecture, de vous procurer une bétonneuse et d'y plonger la tête dans la mixture de ciment frais.


Les reproches (peut être inconscients) faits à la prélogie sont essentiellement dus au fait qu'elle est peut être trop intelligente, trop riche et trop profonde pour un public qui ne demandait pas cela du tout. Des explosions Bordel !! c'est ça qu'on veut, virez nous cette histoire de Blocus planétaire, que nous importe que le capitaine Panaka ne puisse plus s'approvisionner en Pépito? Une histoire d'amour ? Argggh le Geek socialement perturbé que je suis ne peut supporter toute cette dégoulinance, je foooond !!
Vous aurez reconnu la subtile caricature des individus qui ont des arguments nuls. Je tenterai donc de faire cours pour ne pas s’éterniser sur le point le plus facilement réfutable de toute la liste qu'ont dressé au fil du temps les opposants à cette seconde Saga. L'histoire de la prélogie donc, est immensément intéressante et cohérente. Peut être l'avez vous senti, mais Lucas s'appuie sur de nombreuses références, la principale étant l'Empire romain, toutes ses histoires de Sénat, de république qui devient un Empire, de guerre civile, et en matière de subtilité politique et diplomatique, peu d'exemples sont aussi fort que cela, à part peut être celui du changement de régime sous l'Allemagne Nazie, ce qui constitue la seconde influence forte du film (rien à voir avec la caricature mise en place dans l'épisode 7). Tout est justifié - je peux vous assurer, après de multiples visionnage qu'il n'y a pas une seule question soulevée par le film auquel il n'apporte pas lui même une réponse. Le Blocus est expliqué, la guerre est expliquée, le coup d'état est expliqué. En ce qui concerne l'histoire plus détaillée des personnages, il existe il est vrai de petites imperfections, qui sont cependant, comparativement à la trilogie d'origine et aux autres films qu'Hollywood nous présente, tout à fait pardonnable.
La seconde attaque qui est faite aux films est son côté naïf incarné par la romance entre Padmé et Anakin. Si l'on s'en tient au script pur et simple, il n'y a pourtant rien de problématique là dedans. Peut être n'avez vous jamais été amoureux, ce qui serait étonnant mais soit (de toute façon, en votre grande qualité de lecteur, homme et/ou femmes et/ou wookiee, ne sauraient tarder à tenter de vous séduire), mais l'amour, surtout au début, c'est niais, c'est mou, c'est dégoulinant, on se roule dans l'herbe, on se met du Nutella sur le nez et on attache des enfants à des briques qu'on jette dans le lac (cela dit, je ne suis pas vraiment sûr pour le Nutella). A ce titre, quel problème à voir Anakin déblatérer ses ridicules tirades amoureuses ? D'autant que cela n'occupe guère que 4 à 5 minutes du temps total de film. Vous aurez compris l'idée.


La réalisation. Voila le vrai problème du film, et il est parfois difficile de prendre sa défense quand on aborde ce sujet. Georges Lucas à beau être un très bon scénariste et un très bon producteur, il et vrai qu'il n'est pas un très bon réalisateur. Il est même passablement mauvais dans sa direction des acteurs par exemple, et c'est ça qui rend aussi les scènes de romance si insupportables aux intransigeants. Sans aller jusqu'à dire que les acteurs jouent mal, on peut tout à fait dire que dans ces scènes là, c'est un petit peu la mort du métier qui se manifeste, mais en définitive, est-ce pire que le jeu d'acteur de Luke dans SW IV ? Probablement pas, d'autant que lors de nombreuses autre scènes, notamment d'action, le problème ne se pose pas, la plupart des acteurs étant sur qualifiés et très bons dans leur rôles respectifs. Il serait réducteur de limiter la prélogie aux quelques scènes où Hayden Christensen joue mal.
Alors, si ce n'est pas la catastrophe comme on essaye de nous le faire croire, ça reste pas la méga joie non plus, et il est indéniable que le récent SW7 est bien mieux réalisé, avec des acteurs plus crédibles dans leur jeu, une dynamique de caméra beaucoup plus intéressante, une mise en scène correcte. C'est là d'ailleurs tout le paradoxe de la prélogie, où la mise en scène est très intéressante. Lucas s'amuse en analogies à la premières trilogie, en effets de miroirs, en jeux de cadrages parfois osés, mais il le fait de façon médiocre; c'est à dire qu'il a les idées, mais pas la capacité de les réaliser. Tout l'inverse en somme du dernier film où le réalisateur (ou quiconque a réellement bouclé le scénario, ce qui reste un élément assez obscur, dans la mesure où ils ont gentiment invité Georges à aller élargir son fondement sur les côtes égéennes) n'a aucune idée de mise en scène, mais au moins il le fait bien.


On a beaucoup reproché à Lucas son utilisation de l'humour dans la prélogie, un certain nombre de blagues reposant sur un humour assez enfantin, à base de prouts (essentiellement dans le I, moins dans les autres), ce qui est compréhensiblement assez moyen. En revanche, il est beaucoup plus étonnant de constater une immense haine vis à vis de ce qu'on appelle désormais le « comic relief », le personnage qui vient détendre l'atmosphère, incarné ici par Jar-Jar Binks. A moins que vous ne soyez sourd, vous avez forcément entendu au moins (je dis bien au moins) 8 000 personnes conchier le gungan argumentant des théories fumeuses comme quoi il serait le personnage le plus détestable du cinéma. Il est encore plus etonnant que la critique soit moins faite vis à vis des Ewoks du 6 qui sont comparativement bien plus énervant et bien plus « abusés » que ce pauvre Jar Jar Binks qui lui au moins avait le mérite de n'être là que pour la blague, et pas comme élément de scénario un peu faible (on rappelle que les Ewoks du 6 abattent les troupes de l'Empire avec des bâtons et des petits cailloux). Dans la mouvance « Faire plaisir aux gosses » et « Vendre des produits dérivés » Jar Jar est bien moins blâmable. Au delà de cela, peut-on justifier cette haine vis à vis d'un personnage qui apparaît 10 minutes au total dans les trois films et qui a une vingtaine de lignes de dialogues ? La réponse est non, laissez ce pauvre Jar Jar en paix.


Enfin, le point que vous attendiez tous, la CGI, ou « image de synthèse ». Est il utile de faire la comparaison de qui a le plus vieilli entre les maquettes de SW4 et l'image de synthèse de SW1 ? Le cinéphile saura contextualiser chaque éléments et se rendra compte que parler d'élément de film qui a « vieilli », ça n'a aucun sens. Qu'importe qu'on voit que ce soit du toc dans les deux cas, c'est représentatif d'une époque. Et là on entre dans quelque chose de très spécifique. Avec la sortie du nouveau Star Wars, le public a commencé à s'émouvoir de l'abus d'image numérique dans la prélogie Star Wars, trouvant que cela nuisait à l'immersion générale du film, que c'était laid etc... JJ Abrams, le réalisateur du VII se targue même de n'utiliser que le minimum d'image de synthèse (on y reviendra). Alors je pose la question, comme pour Jar-Jar : Pourquoi cette haine du numérique ? La CGI, tout comme les marionnettes, est un « effet spécial », pourquoi l'un serait t-il meilleur que l'autre ? C'est un élément de mise en scène, c'est tout. Peut être n'avez vous jamais connu la version de SWI où Yoda est encore une marionnette, puisque désormais Lucas l'a changé en image de synthèse pour la version Blu-ray. Et soyez assuré qu'il a eu raison de le faire. Cette marionnette était plus belle que celle de la trilogie, mais elle restait incroyablement moche... On avait l'impression que Yoda était défoncé au GHB en permanence avec ses grand yeux écarquillés H24. D'ailleurs, il faut aussi cesser de penser que la 3D est forcément un choix. Parfois, la 3D s'impose car il est impossible de faire autrement. Et si ce n'est pas la 3D, ce sera un trucage quelconque, ce qui revient au même. Souvent, on utilise la CGI car on ne possède pas d'alternative, et d'ailleurs, dans le dernier Star Wars, malgré cette volonté du « rien numérique », vous en avez à gogo de l'image de synthèse. Pour terminer, il faut aussi contextualiser la prélogie. La prélogie est sortie entre 1999 et 2005, et à cette époque, la 3D, c'est le sommet de la classe ! Aujourd'hui, le public est blasé par les progrès technologiques de plus en plus rapide, mais à l'époque, un rendu tel que celui de la prélogie, c'était tout bonnement incroyable et je vous garantit que personne n'en disait du mal. Tout est une affaire de mode, comme le fait d'utiliser des maquettes, mais au bout d'un moment cela passera, et vous pouvez être sûr qu'il y'aura des gens dans 10 ans pour critiquer ce choix.


Enfin, il nous faut conclure sur la propagande que Disney mène à l'encontre de la prélogie. Étrangement, peu avant le rachat de Star Wars, les contestations contre la prélogie ont commencé à se ré-intensifier. De là à parler de complot, il y'a un pas, mais Disney mènerait une propagande négative pour mieux vendre son propre film que ça n'étonnerait sans doute pas grand monde.
Un making of de SW7 présente d'ailleurs un fier technicien de tournage d'une trentaine d'année déclarant :« Premier jour de tournage, ça va être différent des précédents films, nous sommes dans un désert, un vrai désert ». Ceci est malheureusement le genre de chose qu'on entend fréquemment, et c'est ce qu'on apelle de la propagande, puisque cela tend à nous faire croire que SW1 a été tourné sur fond vert intégralement, alors que toutes les scènes dans le désert se déroulent bel et bien... dans un désert. Oui un vrai, chaud avec du sable, grossier qui s'insinue partout. Tandis qu'à l'opposé, on se garde bien de préciser que près de la moitié du nouveau Star Wars est constitué de scènes intégralement numérisées.


Tout ce long article n'a qu'un but, non pas vous dire d'aimer la prélogie (même si vous devriez), mais de garder un œil critique. Que vous n'aimiez pas est une chose (in)discutable, tout est affaire de goûts (avoir mauvais goût n'est malheureusement pas encore pénalement punissable), mais n'aimez pas pour de vraies raisons. Se laisser embrigader par de mauvais arguments c'est faire preuve de bêtise.
Maintenant, quand vous parlerez de la prélogie, vous saurez que la CGI à l'époque du film, c'était la classe, et qu'aujourd'hui c'est simplement démodé. Vous saurez que les acteurs ne jouent pas bien mais pas moins bien que la Trilogie, et vous saurez que le scénario n'est pas incohérent, au contraire, il est bien plus intelligent que la trilogie originale. Vous pourrez faire attention à tout ce qu'on vous dit de mal et vous saurez que la prélogie possède de très nombreux décors réels (tous les pods sont des maquettes).


Enfin vous saurez que « parce que Jar-Jar Binks » c'est une belle connerie.


L'article étendu: http://fr.calameo.com/books/00413672649fbb8c906a4


Aq.

Aqquar
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le 6 févr. 2016

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