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Il n’aura fallu attendre qu’une dizaine d’années pour qu’Hollywood se décide à ressusciter d’entre les morts sa saga intergalactique. Une épopée brillamment achevée par son créateur, George Lucas, qui après deux épisodes d’errances scénaristiques et de choix douteux dans la mise en scène, était parvenu à atteindre ce mélange entre grand spectacle et sous-texte politique. Aujourd’hui il cède sa place à J.J Abrams, créateur intéressant dans le domaine télévisuel mais nettement moins pertinent sur grand écran. Bien qu’il semblait le réalisateur parfait pour ce projet, il nous sert là un produit sans surprises.


Sans dire que nous avions une quelconque attente concernant une franchise qui a troqué son manteau d’outsider pour celui du chef de guerre, il faut bien admettre que cette nouvelle incursion spatiale ne commence pas sous les meilleurs auspices. Entendons-nous : il paraissait presque évident que cette nouvelle trilogie ferait tout pour flatter l’ego du fanatique plutôt que de le surprendre, mais n’étions-nous pas en droit d’en avoir un petit peu plus ? Se complaisant dans une structure narrative calquée sur l’épisode IV, sorti il y a 38 ans, Le Réveil de la Force ne surprend presque jamais. Comme condamné à se répéter, la machine fonctionne sur les mêmes bases (des personnages aux événements scénaristiques) tout en flattant les fans, via des scènes de retrouvailles ou des références marquées aux précédents volets. Subtilité n’est donc pas l’adjectif qui sied le mieux à cet épisode, en pilotage automatique et à la mise en scène trop télévisuelle, quoique parfois très impressionnante. Car si J.J Abrams déçoit dans l’exercice de l’originalité, il est tout de suite admis que dans le domaine du space-opera, le réalisateur sait parfaitement ce qu’il fait. Le mieux étant qu’il ne filme pas ses séquences de poursuites spatiales de la même manière que dans Star Trek, offrant à sa caméra une palette de mouvements et de points de vue tout bonnement prodigieux. La part virevoltante de ces séquences parvient alors à donner au film ce souffle épique qui lui manquait tant.


Le plus problématique avec cet épisode reste qu’il appartient à une série tellement ancrée dans la culture populaire qu’il lui semble impossible d’en sortir. La saga n’appartient ni à Lucas ni à Disney, mais bien au public, qui ne souhaite voir que ce qu’il attend depuis des années, entendre la même musique de John williams et se contenter passivement de choisir lequel des personnages est le plus charismatique. Tout dans Le Réveil de la Force semble justifier l’investissement faramineux des studios Disney (4,4 milliards de dollars), jusqu’à recréer la même mythologie que les épisodes originaux, comme si cela déterminait un gage de qualité. Qu’il s’agisse de J.J Abrams ou de Rian Johnson (auteur du désastreux Looper) avec le prochain volet, la saga devra s’émanciper de son public pour espérer nous faire rêver à nouveau.

Florian_Bodin
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le 16 déc. 2015

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