"Starbuck" est un film attachant, grâce à la bonne bouille et l'humour de son acteur principal Patrick Huard, qui porte à lui seul, cette bonne idée mais mal exploitée.

David Wozniak (Patrick Huard) est un adulescent de 42 ans, toujours en jean, tee-shirt et chemise ouverte, comme au collège, une sorte d'anti-héros, mais surtout doué pour la procrastination. Fils d'émigré Polonais, il travaille dans la boucherie familiale, comme livreur, vu qu'il n'est pas capable d'avoir des responsabilités, il est considéré comme un boulet. Malgré tout, il est en quelque sorte en couple avec Valérie (Julie Le Breton), mais son incapacité à s'engager, rend celle-ci furieuse et de plus en plus distante.
Mais son passé va le rattraper, avec 142 de ses enfants sur 533, qui veulent connaitre son identité, tous naît de ses dons du sperme à ses 20 ans, pour gagner facilement de l'argent. Dans le même temps, il doit régler une dette à des trafiquants, suite à son investissement dans une plantation de cannabis foireuse. Face à tout ces problèmes, il ne peut que fuir ou les ignorer, du moins pendant un certain temps.

David Wozniak fait penser à The Dude dans "The Big Lebowksi". Comme lui, il a un surnom "Starbuck", il aime la procrastination et fuit toutes responsabilités et engagements, tout en subissant un bain forcé par des dealers. Mais c'est aussi le portrait touchant d'un homme, qui est le seul intérêt de suivre ses aventures, tantôt drôles ou émouvantes.
Effectivement, on peut regretter l'absence de figure maternelle, le film étant surtout, un film d'hommes, alors que pour mettre au monde autant d'enfants, il a bien fallu que des femmes fassent tout le travail. La mère de Starbuck est décédée, ce qui est une bonne raison pour ne pas apparaître à l'écran, mais on ne voit jamais son ami avocat (Antoine Bertrand) avec sa femme, alors qu'ils ont trois enfants ensemble, ce qui offre des scènes sympathiques, c'est toujours ça de pris. Il en est de même pour les 142 enfants, que l'on ne voit jamais avec leurs mères, même dans la scène convenu du grand rassemblement, comme une secte, ou Starbuck est aimé de tous, sans que jamais son silence et absence, soit remis en cause.
C'est assez mièvre dans son ensemble, parfois même vide, au point de nous infliger par trois fois, les scènes avec musique de fond sympathique, ou défile divers événements. Un procédé classique, mais pousser à l'excès ici, confirmant le manque de profondeur d'une histoire, mal exploitée. Il en est de même avec ses enfants, qui sont toutes des caricatures, même si leurs échanges sont parfois émouvants, comme avec une toxicomane, qui va finir par décrocher en rencontrant son "père". Idem, avec un comédien raté, qui rencontre le succès, ou un handicapé qui sort de sa solitude. C'est beau, mais naïf, comme son personnage principal.
Une foule de bons sentiments, ou jamais rien ne vient vraiment contrarier notre "héros", ou tout ses enfants à son contact, réussissent à vaincre leurs démons, comme si le fait d'avoir un père, rendait d'un coup la vie plus facile. Une résonance, que l'on trouve avec son père, qui règle les problèmes de son fils, avec les trafiquants. Le père étant la solution à tout les problèmes, alors qu'au final, la mère sert juste à les mettre au monde, c'est un peu douteux.

Le film est malgré un divertissement correct, grâce à la performance de Patrick Huard. Face au succès surprise de celui-ci dans le monde, il existe deux remakes, l'un avec Vince Vaughn "Delivery Man" et un avec José Garcia "Fonzie", à voir s'ils améliorent la bonne idée, ou pas.
On pourrait croire que Starbuck est un film sponsorisé par la chaîne de cafés, mais c'est en fait un taureau canadien de race Holstein qui a produit des centaines de milliers de veaux par insémination artificielle dans les années 80/90, merci Wiki.
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le 14 déc. 2014

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Laurent Doe

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