Suck My Geek
6.9
Suck My Geek

Documentaire de Xavier Sayanoff et Tristan Schulmann (2007)

J'ai un documentaire pour toi. Ca s'appelle "Suck my geek".

SUCK MY GEEK

Enfin, j'ai réussi à voir en entier ce documentaire au nom perturbant. Je m'excuse d'avance de ne pas vous écrire une véritable critique, mais davantage un plaidoyer de la culture geek, mais ça me tient vraiment à cœur.
Si l'on arrive à passer l'étape de la présentation par ce type insupportable qui nous donne envie d'arrêter la vidéo, on peut alors découvrir comment le monde voit les geeks, et comment eux-mêmes se voient. Certaines choses sont vraies, d'autres sont largement exagérées, mais au delà de ces stéréotypes, on est heureux d'avoir enfin un documentaire consacré à notre culture. Parce que si certains voient ça comme un simple loisir, voire même comme un défaut -et Dieu sait qu'on m'a déjà dit ça- être geek n'est pas de tout repos. Une vie entière ne suffirait pas à étudier toutes les œuvres qui ont fondé notre monde, et notre passion a autant le droit d'exister que celle pour les chanteurs prépubères jugés sur leur médiocre coupe de cheveux.
Alors, en effet, ce documentaire n'est pas très riche, peut conforter les gens dans leurs idées préconçues, et a failli me faire mourir deux ou trois fois mais après tout, ça parle de nous, et de notre communauté.
Je vais donc faire un plan classique et ennuyeux, bien / pas bien, à la fois pour critiquer une œuvre qui traite de notre vie, mais également pour vous faire oublier certaines idées fausses qui me donnent parfois envie de sortir Narsil et Dard de mon placard.

« Vous avez forcément déjà croisé la route d'un binoclard étrange, fasciné par les sabres lasers, les super-héros et tous les mecs avec des oreilles pointues ». Aïe, mes oreilles. « Binoclard étrange » ? Alors c'est sérieusement comme ça que la société nous voit ? En effet, certains portent des lunettes, et certains ont les cheveux gras, mais de là à nous mettre tous dans le même panier, moi ça commence à me gonfler. J'ai rencontré des geeks de toutes les formes, et certains sont loin de ressembler à Jeff Albertson, le vendeur de BD des Simpson ou Richard Stallman. Et puis même si c'était le cas, je suis déçue de voir à quel point la société actuelle peut évaluer la valeur d'une personne en jugeant son apparence. Petit coup de gueule passé, j'en reviens au doc.
Autre préjugé qui me désole, c'est « le geek n'a pas de vie sociale, et sans internet il ne serait rien ». Premièrement, je ne vois pas en quoi les ados de 13 ans qui se disent « no life de facebook » auraient une vie sociale en traînant 5 heures par jour sur les réseaux sociaux et pas nous. On a certes tous eu notre phase WoW, où on passait 48h d'affilée à jouer (et encore) mais on sait aussi s'amuser IRL, faut arrêter avec ça.
J'entends avec effroi qu'« un vrai geek, un vrai de vrai, a un drame fondateur. Quelque chose qui l'a fait devenir comme ça ». Par Crom. Alors que suis-je ? Je doute que tous les geek de ce monde soient devenus geek parce qu'une œuvre les a marqués. A l'origine c'est en nous, dès notre enfance. J'ai commencé à six ans par le Seigneur des Anneaux, mais parce que j'ai toujours aimé ça. Faut-il toujours chercher une explication ?
Autre chose qui m'a arraché un sourire méprisant, les adjectifs utilisés pour décrire nos relations : « seuls », « extraterrestre », « puceau ». No comment, je n'ai pas envie de me répéter.
Enfin, plus une anecdote intéressante qu'un mauvais point, l'interview de Werber est particulièrement hilarante. « Quand j'ai dit que Tolkien était né en Afrique du Sud on m'a répondu ''Oui mais alors il est raciste des noirs, et son livre c'est sûrement un truc pour l'apartheid'' ». La connerie humaine n'a aucune limite.

Bon, si les vieux préjugés sont les défauts majoritaires de ce doc, il est pourtant bien fait, puisqu'il s'appuie premièrement sur les témoignages des bonnes personnes. Alexandre Astier, Bernard Werber, John Lang, Kevin Smith -et j'en passe- sont absolument géniaux. De vrais modèles, et on n'aurait pas rêvé mieux pour présenter ce documentaire. Tout ce qu'ils disent est vrai, et on se reconnaît dans certaines de leurs description. Je me souviens avoir souri en voyant les visages de ces geeks à l'évocation de Conan le Barbare, en me disant que j'aurais fait exactement la même tête. La description qu'en fait Kevin Smith est d'ailleurs magique « I think geeks love him because you can look at Conan and see him as the guy you will never be, but like him because he is strong, he doesn't take shits, he doesn't fuck around and he gets a lot of pussy ».
Je ne compte pas spoiler le documentaire, mais c'est la description que fait Weber qui est la plus touchante. Un monde de rêve, d'imagination, d'ouverture d'esprit qui nous rend heureux, contrairement à la masse qui ne vit que dans la réalité, c'est l'univers dans lequel nous vivons. Et si certains d'entre nous ont du mal à l'assumer, c'est vraiment dommage.
En somme, la majorité des descriptions sont justes, et je ne peux m'empêcher de penser à certaines personnes quand j'entends qu'un geek doit avoir des posters partout (Conan grandeur nature au fond de sa salle), fonctionner à l'affectif (pleurer comme un bébé devant le discours d'Aragorn) et avoir une imagination débordante.

Tout ça vaut donc bien un 7, puisqu'on passe malgré tout un bon moment, à retrouver des gens qui vivent dans le même univers que nous, et qui sont malheureusement trop rares (les filles, il faut se réveiller). Même si tout ça reste encore à creuser, c'est agréable à regarder.
Alors à tous les geeks qui doivent affronter ces préjugés à la noix, je dis « Un jour peut venir où le courage des hommes faillira, où nous abandonnerons nos amis et briserons tous liens. Mais ce jour n'est pas arrivé ». Aux autres, s'ils sont ouverts d'esprits, je conseille ce documentaire sans aucune hésitation, en espérant qu'ils puissent changer d'avis et diffuser la culture geek autour d'eux.
Enfin, aux derniers, qui ne comptent pas changer d'avis et n'ont lu cette critique que pour se conforter dans leurs idées, je souhaite beaucoup de courage.
Amandinala
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le 24 mars 2013

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Amandinala

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