Elle a dansé et j'ai crié, crié, pour qu'elle se retienne
Sucker Punch c'est un peu une tentation à laquelle je n'ai pas pu résister, une éthique à toute épreuve et surtout un cadeau empoisonnée.
Commençons par le dernier point, c'est Zhr, le fourbe, qui m'en parle en termes élégiaques en disant que c'est magnifique, bourré de références, dynamique, beaucoup plus profond qu'on ne pourrait le croire au premier abord. Ce qui est merveilleux c'est que je n'invente rien et qu'il laisse le tout par écrit pour que je puisse le brocarder sans attendre (http://www.senscritique.com/film/Sucker_Punch/critique/15338622).
Et franchement mon instinct m'avait dit que ce serait nul, ça ne pouvait qu'être nul après les impressions vomitives qu'il avait laissé chez Kensin ou Real, décemment une histoire de midinettes putassières qui s'échappent de leur vie horrible dans un hôpital psychiatrique via le rêve et la danse, je crois qu'il ne fallait pas porter de trop grandes espérances. En tout cas je me devais de le voir avant de cracher dessus, de la décence et de la retenue que diable !
Cependant une lueur d'espoir subsistait chez moi, je sais que Zack a la main très lourde, qu'il manque de finesse mais foutredieu Watchmen c'était quelque chose ! Alors moi j'ai cru que je pourrai retrouver ce frisson, que je pourrai me faire exploser les mirettes et que le scénario serait certes prétexte mais utilitaire pour amener émotion, frisson, adrénaline et endorphine !
Après coup j'aurai souhaité que ce fut du GHB ...
Quelques mots et impressions surnagent encore de cette vision :
Une scène d'intro qui pue tous les mauvais cotés de Snyder, beaucoup trop longue, massacrant plusieurs titres (pourquoi mettre des remixs quand les chansons de base sont cools ?), au scénario déjà mâché par un triton anémique, à l'esthétique plutôt réussie mais envahissante et rapidement presque gerbant. Ah et une moule. Ou peut-être une coquille saint Jacques. En tout cas un crustacé, c'est certain au vu de sa réactivité et de son expressivité, on l'identifie comme une poupée ou une potiche : Babydoll était son nom !
Alors certes mademoiselle vit des moments difficiles en perdant sa mère, son beau père essaie de la violer, elle se débat, il va violer sa soeur qui est plus jeune et la tue, elle est sous le choc, il la fait enfermer dans un hôpital psychiatrique pour s'en débarrasser et toucher l'héritage. Rien qu'avec ça on aurait pu avoir quelque chose, et au final on a bien quelque chose mais pas la chose concrète, seulement la chose gluante, celle qui rampe sur le sol en répandant son limon vert et une odeur marécageuse ... Toujours est-il qu'elle conservera la même gueule pendant quasiment tout le film.
On va lui trouer le cerveau pour se débarrasser d'elle.
FIN
En tout cas ça aurait simplifié les choses ...
Mais non, c'est le moment qu'elle choisit pour nous entrainer dans son rêve, un peu en accéléré où elle va déformer la réalité dans un espoir illusoire de victoire et d'échappée, quête insensée de la liberté. Pour cela elle se retrouve dans un bordel, on a pas trouvé mieux comme lieu pour symboliser l'oppression de ces pauvres jeunes filles malades violées par les infirmiers. Bordel.
Si certains émettent alors l'hypothèse que ce film au vu de ce que j'en raconte doit être terriblement violent et sombre, rassurez vous il n'y a que la pellicule qui est vraiment, vous n'aurez rien dans ce film, pas de vrai violence, pas de vrai menace, pas d'enjeux, pas de cohérence, peu d'intérêt, pas de jouissance sexuelle ou de provocation gratuite, nada.
On enchainera alors le melting pot le plus total qui symbolise les missions de ces jeunes prostituées généreusement dotées mais terriblement peu aguicheuses pendant la danse de la poupée, dans ce mixeur on broiera :
- du samouraïs (composés de lumière, ils ne saignent donc pas)
- un vieux sage qui montre la voie (en fait c'est un tocard chauffeur de bus)
- de la neige (inutile au possible mais bon c'est un kiff)
- des chevaliers (inutiles aussi mais faut meubler)
- des orcs (si si je vous jure)
- nos organes reproducteurs (bah oui on nous casse les couilles)
- des dragons (oups encore un univers d'absorbée)
- des allemands de la première guerre mondiale qu'on a zombifiées/mécanisées (ils ne saignent donc pas non plus, ils se dégonflent, ils n'ont rien à faire là)
- un helico (qui fait tache)
- un train futuriste chargé d'une bombe activée et de moults robots argentées moches (BINGO)
Et franchement c'est d'autant plus dommage qu'il aurait pu en faire quelque chose de formidable, peut-être en allant chercher plus du coté de la danse ou du cabaret, s'il avait assumé son film en le rendant vraiment crade et moche, non pas sacro-puritain comme il l'est. Je ne demande pas qu'on montre, je demande à ce qu'on fasse deviner, je ne demande pas qu'on répande le sang, je demande à ce qu'on s'ancre dans une réalité, je ne demande pas qu'on supprime ce trip peu subtile de mixage d'un imaginaire, je demande qu'on fasse rever.
Ah et la prochaine fois faudrait penser à embaucher un scénariste et de vrais acteurs pour ne pas tout dépenser en effets spéciaux.
On se revoit pour Superman.