"Plus grand, plus long... et fort coupé."

Je pourrais commencer cet article par une longue réflexion sur les tenants et les aboutissants de la création cinématographique actuelle. Vous expliquer que cette discipline subtile tient plus de la production en chaîne que de la simple application des talents artistiques de ceux et celles qui y travaillent. Que ses impératifs commerciaux sont ce qu'ils sont et que le but du jeu - et cela même si cette industrie produit parfois des chefs-d'œuvre - tient toujours en quelques mots qui agencés dans le bon sens donnent cette phrase sans ambages : il faut faire du pognon. Ou, si vous êtes Yoda : "pognon, du, il faut faire". Mais, vu que nous sommes visiblement des gens éduqués avec une vague compréhension des rouages du monde, je m'en passerai. Et je vous dirai simplement que...


Quelque chose est arrivé. Quand? Dur à savoir précisément mais cela devait être quelque part aux alentours de la troisième semaine d'exploitation de Dawn of Justice. C'est à ce moment là que les pontes de Warner Bros. se sont rendu compte que leur poulain aux légendes survitaminées n'arriverait pas à détrôner le Capitaine Américain et ses amis charismatiques pour enfants de huit ans. Alors, dans une situation pareille... que faire? Simple : réagencer tous les projets cinématographiques de l'univers DC sur la formule à la mode. On avait reproché à l'histoire d'un homme désespéré se battant contre un dieu dans une atmosphère de fin du monde d'être trop sombre? Pas de problème : on va se démerder pour que le prochain film corrige le tir. Cela n'a aucune importance, d'ailleurs, qu'il cause de l'histoire improbable de psychopathes et autres repris de justice partis faire face à un cataclysme magique majeur lors d'une mission suicide. Rajoutez un message sur le fait qu'ils sont une famille! Enlevez les plans gores... et rajoutez des one-liners!
On va vendre des peluches!


Alors... il est évident que mes élucubrations sur la manière dont Suicide Squad - l'histoire improbable d'une mission kamikaze réalisée par des repris de justice menacés de mort s'ils refusent d'obtempérer - a fini en comédie d'action ne sont que des réflexions issues de mon magnifique cerveau. Il est parfaitement possible que le but de l'affaire était depuis le début de permettre à Will Smith de faire ses traditionnelles blagues pas drôles tout en se lamentant du fait que malgré le fait qu'il est tueur à gages - snif, snif - il est aussi un excellent père. Sérieux. Il tue juste des gens pour payer des poupées à sa fille, yo. C'était peut-être le but. Peut-être était-il aussi prévu de tourner quelques scènes contenant le Joker... afin de s'en passer au montage et cela dans un film pourtant largement vendu sur sa présence. C'est possible. Hautement improbable? Certes. Mais pas impossible.


Cependant, en tant qu'hommage malhabile à The Raid et Escape From New-York, le film comporte quelques brefs moment de grâce. (La fameuse mission suicide qui doit être ici accomplie est de celles où l'on vous inocule - ce n'est pas sale - des explosifs dans le cou avant de vous larguer au milieu d'une ville infestée de monstres occultes pour sauver un VIP placé au sommet d'un building chancelant.) Il n'est d'ailleurs pas impossible qu'un éventuel Director's Cut arrive à rétablir une forme d'équilibre entre les divers éléments. Ce n'est pas impossible. Cependant, en l'état, c'est une comédie censément sombre mais dépourvue de violence où des psychopathes sympatoches découvrent au milieu d'un cataclysme qu'en fait... ils avaient en eux le pouvoir de former une famille. Et c'est ça qui leur permet de sauver le monde. Vous savez, car ils sont très très méchants. Mais pas trop, hein, on voudrait pas qu'ils semblent maléfiques.

MaSQuEdePuSTA
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le 4 août 2016

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