2057: L'Odyssée d'Icare (Qu'est-ce que ça claque comme titre...)

Allez, il fallait bien que je vois un jour un film de Danny Boyle ! Et j'ai commencé par celui de ses films qui appartient à l'un de mes genres favoris : la Science-fiction. Après avoir pris une claque avec Interstellar, je me disais qu'il serait impossible d'être à nouveau surpris par un film de SF dans l'espace... que nenni ! Mais n'en déplaise à certains, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un chef d'oeuvre.


Pourquoi ? Parce qu'il n'a pas l'ambition d'un 2001 : l'Odyssée de l'Espace ou d'un Solaris ? Et alors ? Ça n'en fait pas un mauvais film ! De plus, ce film est doté d'une réelle ambition : montrer comment un petit groupe d'hommes et de femmes s'organisent entre eux alors qu'ils portent sur leurs épaules la plus grosse responsabilité de tous les temps : sauver l'humanité (je précise que je n'ai pas vu Armageddon, film auquel on compare systématiquement Sunshine, quand ce n'est pas avec 2001). Et à partir de là, le film nous amène à une réflexion sur l'humain, la religion, le sacrifice, la folie et la responsabilité, puisque clairement, on pourrait dire de ces hommes, comme l'a dit Churchill sur les pilotes de la bataille d'Angleterre : « Jamais autant d'hommes n'ont eu une dette aussi grande à si peu ».


Seulement voilà, les 30 premières minutes de ce film m'ont ennuyées à un point assez énorme. Malgré des images superbes, l'installation d'une ambiance à mi-chemin entre le huis-clos et le voyage spatial et un jeu d'acteur correct, j'ai baillé comme un crocodile pendant une demi-heure. De plus, je trouve que l'annonce de la survie du précédent vaisseau arrive comme un cheveu sur la soupe.


Je dois quand même reconnaître une qualité à ce film, une qualité qui se voit dès son début : ses personnages. Tous sont identifiables et pratiquement tous sont attachants. Mais cela ne semblait pas suffisant pour relever mon intérêt.


Cela dit, une fois passée la scène de la réparation du bouclier ou pour la première fois j'ai trouvé un peu d'intérêt au fur et à mesure qu'elle passait, je n'ai plus regardé ma montre une seule fois. J'étais enfin rentré dans le film, je n'avais plus qu'à me laisser porter par lui, par ces images superbes (avec une esthétique qui n'appartient qu'à lui) et une bande-originale aux petites tomates (que voulez-vous, j'en ai assez des oignons).


Et brusquement, le film tombe dans l'horreur, genre qu'habituellement, je déteste. Mais ici, j'ai aimé, probablement à cause de la qualité des personnages, ce qui fait qu'on a réellement peur pour eux. Et les scènes deviennent alors de plus en plus prenantes, avec la trouille que les personnages décèdent et que la mission s’arrête, les dilemmes auxquels ils sont confrontés, le tout pour une conclusion que certains qualifient de stupide, et que j'ose appeler géniale.


J'aime aussi beaucoup la façon dont Danny Boyle montre le soleil. Ici, le soleil passe comme un dieu, un dieu qui attire mais qui rend fou.


Ce n'est pas tant le dieu barbu judéo-chrétien ou musulman qui a rendu fou le capitaine de l'ancien vaisseau ; c'est le dieu-soleil, auquel il a décidé d'offrir son équipage en offrande, tel un grand-prêtre aztèque. Pinbaker est devenu un fanatique religieux païen pour qui la vie étant meilleure dans l'au-delà, elle doit cesser sur Terre.


Mais cette vision est contrebalancée par le personnage joué par Chris Evans, un rationaliste pour qui la poursuite de la mission passe avant la vie de l'équipage. Il me rappelle un peu cette citation : « les amis de l'humanité détestent les personnes ». Son culte, comme celui d'Auguste Comte, est un culte de la science, de l'humanité abstraite. Cependant, il reste bon.


Son sacrifice en est le signe.


Bref, malgré quelque incohérences (sortir dans l'espace sans autre protection que des trucs arrachés sur les murs???) mais dans l'ensemble, c'est excellent. D'où ma note et mon encouragement à aller le voir, si possible en HD, pour profiter de la qualité des images et des effets spéciaux.

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le 14 janv. 2015

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