Le synopsis est déjà accrocheur. Le père de famille aimant/aimé/bon boulot/amis/etc. qui commence à voir des orages que personne d’autre (que le spectateur) ne voit et se met à faire des cauchemars convoquant Les Oiseaux, L’Armée des morts ou La Route, tous ayant en commun la tempête. Bref, Curtis se met à flipper et logiquement, afin de faire face et protéger sa famille, décide (entre autres) la construction d’un abri anti-tempête dans son jardin. Cauchemars, hallucinations,… tout ne pourrait être que le fruit d’un esprit malade et qui se pense comme tel (les antécédents familiaux auraient d’ailleurs plutôt tendance à le confirmer).
Là où Jeff Nichols fait très fort, c’est le traitement de choc qu’il applique à son histoire. Tout y est traité avec justesse et subtilité. Les cauchemars de Curtis quant à eux sont assez anxiogènes et sont amplifiés par le réalisme du film.
C’est finalement assez dur d’en parler correctement mais Take Shelter est un équilibre parfait entre les visions de Curtis, tempêtes "virtuelles"/réelles, nuées d’oiseaux, cauchemars, et événements réels… Mais comme il le dit lui-même, ce sont plus que des rêves, ce sont des sensations. Commence-t-il à devenir fou ou… autre chose ? La réaction du personnage est d’ailleurs emblématique de cette ambivalence. Celui-ci va voir un psy, se documente sur la maladie mentale, bref essaie de comprendre mais dans le même temps ne peut contrôler ce qu’il vit et subit de plein fouet leur influence. La réaction de sa femme sera elle impressionnante et permettra de rester concentré sur Curtis et le mal qui le ronge.
Pour le reste, tout est impeccable ; lumière, cadrage, effets spéciaux, interprétation (Michael Shannon, Jessica Chastain juste parfaits), réalisation et scénario. Scénario qui réussit à finir sur une note (à mon sens) tout aussi parfaite, et qui pour le coup m’aura donné quelques frissons. Tout est empreint d’une subtilité exemplaire.
Take Shelter, film cataclysmique, drame paranoïaque, petit film indépendant dramatique et/ou fantastique par petites touches ? Cohabitation, superposition, mélange des genres, Take Shelter n’a pas l’ambition d’un The Master mais est incontestablement un excellent cru.
On peut aussi parler de ces angoisses quant aux dérèglements climatiques, économiques, de la peur de ne pouvoir protéger sa famille, mais ce serait un peu long. Après tout, le meilleur moyen d’en prendre plein les mirettes c’est de le voir ! Fortement conseillé ;)
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