Tout commence à Grafton dans le comté d'Elyria dans l'Ohio, on voit un homme, Curtis LaForche, qui, devant sa maison, voit une tornade approcher... Puis il prend sa douche...
C'est cet homme que Jeff Nichols nous fait suivre avec son deuxième film Take Shelter.
Souffrant de troubles et ayant des visions de tornades, il se questionne peu à peu sur lui-même et ce qui lui arrive, tout en ayant une famille dont il doit s'occuper.
Jeff Nichols nous montre comment cet homme apparemment sans histoire, bien intégré et père de famille va subir une descentes aux enfers psychologique qui aura de plus en plus de conséquences sur sa vie et ses proches. Il arrive à nous captiver, notamment grâce à une bonne mise en scène, capable de créer une atmosphère angoissante, ambigu et paranoïaque ainsi qu'à une qualité d'écriture et notamment sur les personnages où il étudie bien celui de Curtis et son évolution, tout comme celle de ses proches et des réactions à son égard.
D'où le choix, pour moi adéquat, d'un rythme lent, pour déjà prendre le temps d'étudier les personnages ainsi que pour montrer la progressive descente aux enfers. D'ailleurs il laisse toujours planer un parfum de mystère et d’ambigüité, savoir si les tempêtes et autres "visions" sont réelles ou psychologiques. Surtout qu'en plus, Nichols arrive à donner une dimension sociale à son récit. L'interprétation de Michael Shannon est à l'image du film, intense et les seconds rôles à l'image de Jessica Chastain sont impeccables.
Après un déjà remarquable Shotgun Stories, Jeff Nichols propose à nouveau une grande réussite, une oeuvre qui brille par son atmosphère angoissante et l’ambiguïté qui règne de bout en bout, le tout étant emmené par d'intenses et solides interprétations.