Un film léger & divertissant
C'est tout ce que j'en retiens.
Autant le De Niro y est très plaisant, son personnage tiraillé, plein d'émotions, un peu gauche, est aguicheur. Autant l'histoire est simplette, ordinaire, à la limite du banal, voire du foutraque.
En effet, je pense que le film aurait pu avoir un aspect bien plus psychologique, centralisé sur le personnage. Au lieu de ça on a quelques scènes longues & chiantes parfois, qui auraient largement pu être remplacées par des saynètes plus intéressantes, voire même une voix-off représentant les réflexions de Travis. Je ne sais pas vraiment comment l'interpréter, mais le flirt du début aurait pu être évité, c'est un moment du film qui m'a fortement ennuyé, j'ai même hésité à couper net.
Mais finalement, l'univers crasseux & réaliste du New-York de Scorsese a fini par me convaincre. Même si les quelques sons jazzy ont un effet de morphine, on se laisse prendre aisément par la mélancolie de Travis, un être déprimé par lui-même & par un monde rongé par l'immondice, la racaille pullulante. Se faire justice soi-même, vouloir acquérir une importance auprès de la société, ne pas se sentir aussi inutile que ces putes & ces nègres que Travis renie tant. Tel est l'objectif du personnage, qui ne veut pas tomber dans un néant de réalité. La fantaisie, s'éjecter de la masse, voilà ce qu'il désire.
Interprétation peut-être fortuite, mais c'est ce que j'ai ressenti à travers ce De Niro à tendance physique impassible mais à faiblesse psychologique.
Alors en quoi critiquer ce film ? Quelques facilités, notamment les scènes inutiles énoncées ci-dessus, la fin, qui, malgré les différentes opinions possibles à ce sujet, me paraît être un échappatoire à ce que le scénariste n'avait pas su imaginer ; la passivité de Jodie Foster, qui est ici un personnage dont on aurait voulu plus de détails, plus d'influence dans le film.
En bref, loin de dénigrer l'oeuvre de Scorsese, je pense toutefois qu'elle a perdu de son prestige à travers les décennies. Je suis un spectateur des années 2000, & j'estime que pour qu'un film puisse garder son statut de "chef-d'oeuvre", la passion doit pouvoir traverser les époques sans que la qualité s'amoindrisse. Ici, ce n'est pour moi pas le cas, il s'agit d'un bon film, mais sans plus.