S'il y a bien un projet qui sentait le pâté dès le début, c'est bien ce Terminator Genisys, cinquième opus d'une franchise qui aurait gagné à s'en tenir à ses deux volets initiaux. Car malgré la caution d'un James Cameron de toute façon trop occupé par ses Avatar pour en avoir réellement quelque chose à carrer, les premières images avaient laissé le public avec, au mieux, un sentiment plus que mitigé, au pire, avec les orbites sanguinolentes. La promotion qui suivit, entre trailer bourré de spoils et Governator réduit à faire le kéké à la moindre occasion, enfonça les clous d'un cercueil n'attendant plus que la mise en terre.


Alors qu'à la sortie de Terminator Salvation son réalisateur McG claironnait fièrement que son film était le début d'une nouvelle trilogie, les résultats décevants au box-office et la faillite de la société Halcyon Company eurent raison de son projet, laissant la saga au coeur d'un avenir incertain. Rachetée par Megan Ellison pour sa boîte Annapurna Pictures, la série repart sur les rails sous la bannière Skydance avec pour but principal de revenir aux fondamentaux et donc, aux films de James Cameron. Un temps envisagé au poste de réalisateur, Justin Lin préférera tourner le sixième Fast and Furious, laissant la place au téléaste Alan Taylor.


Avec dans ses bagages un budget confortable de 155 millions de dollars et la présence iconique d'Arnold Schwarzenneger en haut de l'affiche, Terminator Genisys est donc censé relancer la saga en reprenant tout depuis le début, ou plutôt en jouant avec ce qui a déjà été fait pour mieux repartir sur quelque chose de neuf. Du moins en théorie. Car dans les faits, c'est un sacré bordel.


Débutant sur une introduction nous présentant à nouveaux un contexte et un univers que nous connaissons par coeur depuis le premier volet (faut bien expliquer aux jeunots du fond), tout en prenant bien soin d'en retirer tout le souffle et la substance, Terminator Genisys s'amuse, tout au long de sa première partie, à revisiter les deux films de James Cameron, à les reproduire carrément à la lettre tout en introduisant de nouveaux enjeux.


Une idée pas franchement plus conne qu'une autre, mais qui aurait demandé un minimum de rigueur scénaristique, ce dont est totalement dénué ce nouvel opus. Mélangeant sans aucune cohérence les personnages emblématiques et les différentes temporalités, cette première partie est un monument de n'importe quoi, une sorte de délire hybride et bâtard mixant hommage, fan-service, détournement, remake et reboot dans une marmite proprement dégueulasse, nous donnant l'étrange impression de se voir résumer un film par un gamin confondant totalement les séquences.


Passée cette mise en bouche proprement indigeste, le film fini par adopter un rythme pépère et nous plonge dans une profonde torpeur, alignant nonchalamment les incohérences les plus crasses, les séquences peu spectaculaires (oh un bus scolaire qui se retourne comme dans Hellboy, oh un hélicoptère qui vole entre deux immeubles... et ?), les effets spéciaux bien visibles trouvant le moyen d'être moins aboutis que ceux de T2, se prenant sans cesse les pieds dans sa propre intrigue jusqu'au happy end de rigueur, tentant quand même de nous vendre une future suite basée sur... bah pour le coup, on voit plus trop.


Sans surprise, ce nouvel opus sent le produit faisandé à plein nez, torché sans aucune motivation par un Alan Taylor totalement absent derrière son combo, enchaînant les scènes sans aucun rythme au grès des décisions des producteurs. Quant au casting, il ne faut pas y attendre quoique ce soit, multipliant depuis le début les mauvais choix. Si Emilia Clarke tente de masquer son manque flagrant de crédibilité derrière un minimum de conviction dans le jeu, ses partenaires masculins n'essaient même pas de paraître concernés, entre un Jai Courtney au charisme de phacochère, un Jason Clarke plus proche du psychopathe échappé d'un asile que du leader charismatique, un Lee Byung-Hun se contentant de cinq petites minutes de présence et un Schwarzy consternant, perdu entre un humour bas du front et l'envie d'en finir au plus vite avec ces conneries.


Enième suite / remake / reboot chié par le fion de producteurs n'en ayant strictement rien à cirer des spectateurs à qui ils soutirent du flouze, Terminator Genisys est un ratage complet, aussi con et laid que chiant et mal branlé. Une tentative foireuse qui, à en juger par les derniers échos extrêmement négatifs, ne devrait pas faire de petits et nous foutre la paix pendant un petit moment. Profitons donc de ce court répit avant de s'en prendre à nouveau plein l'anus.

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le 12 juin 2016

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Gand-Alf

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