Harry Parker ou "Je suis le pote de ton père, Pete"
Ce qui faisait la force du Spidey d'origine (et par là-même de toute la flopée des premiers comics Marvel), c'était la bonne idée de papa Stan de les rendre "plus réels". D'accord, l'histoire de l'araignée radioactive, ça, on n'y croit pas trop. Mais tandis que DC se contentait d'histoires grand-guignolesques avec des grands types tout d'un bloc, Stan a eu le flair de les rendre humains : conflits familiaux, complexes, tensions de groupes, problèmes financiers. Certes, ce réalisme là avait un côté assez soap, en fin de compte, mais il donnait le piquant et le ton made in Marvel, pourrait-on dire.
Spider-Man, ce qui le rend si marquant, c'est parce qu'il y a Peter Parker à côté : et ça, c'était le fruit du hasard (souligner ce dernier terme plusieurs fois). C'est-à-dire que rien ne prédisposait Peter a être un super-héros, c'était juste ce type, là, genre ton voisin de classe à lunette qui a l'air pas très malin, voire, toi. L'intérêt majeur résidait dans cette simple équation : type quelconque + pouvoirs de dingues.
Malheureusement, au bout d'un moment, pour Marvel, ça faisait plus assez grand. Alors, ayant déjà bricolé ça dans les comics de l'araignée, nous apprenant que les parents de Peter avaient fait partie du Shield ou d'un autre groupe de super-policiers de l'état, ils se sont dit : pour le reboot, on va refaire un truc du genre. Trop bien. Alors le papa de Peter c'était un scientifique qui bossait sur - nan, attends, ça va te scier - des araignées radioactives. Top ! Bon et en plus ça rajoute à la tension dramatique, parce que cette fois, les parents du petit Pete ils disparaissent pour une bonne raison (le hasard ça fait plus vendre, faut croire), et d'un coup tout se recoupe, on est là tout le film à se dire : ah mais alors, donc, ah ouais, haan, trop fort ! Ouais, mec, c'était le destin.
Résultat on se retrouve avec des relans d'Harry Potter (cf. la scène du début avec Peter gamin, et ses parents qui doivent fuir - ça à renfort de musique de James Horner, a.k.a. le mauvais clone de John Williams déjà impinable dès qu'il s'agit plus de faire dans le générique pompier) et de Star Wars.
Il y a quelques temps, Lev Grossman a pondu une liste géniale des "20 choses que les personnages devraient faire plus souvent" (http://www.elbakin.net/fantasy/news/17208-20-choses-que-les-personnages-devraient-faire-plus-souvent). Parmi celle-ci, une d'entre elle dit : "Rencontrer des orphelins dont les parents biologiques s'avèrent être aussi quelconques et ordinaires que leurs parents adoptifs". Purée, le staff Marvel aurait dû tomber dessus avant de passer à l'action.