Ce nouveau Spider-Man n'a d'« amazing » que le nom...

Bon je vais la jouer franc-jeu dès le départ : je suis un gros adepte de la trilogie de l'Homme Araignée concoctée par un certain Sam Raimi, pour ne pas utiliser le mot « fan » (trop excessif à mon goût).

Alors, je vais forcément établir des liens esthétiques et narratifs entre cette œuvre et le film en question. En même temps, faire un reboot à peine 10 ans plus tard que le « Spider-Man » de Raimi, c'est un petit peu risqué...

Alors, c'est vrai que les premières images, les premières photos du film ne m'avaient pas du tout convaincu. Et puis, à la vue du Lézard numérisé (dommage pour sa gueule plate toute moche), des premiers trailers, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Et bien en réalité, j'aurais dû me demander « Pourquoi ? » tout court... Car « The Amazing Spider-Man » est typiquement le type de film que l'on voit et que l'on a oublié, une fois sorti du cinéma. Sauf que pour un film de super-héros, c'est un petit peu dommage...

Un film banal donc, très banal. Tout d'abord pour ses scènes de bataille. Après tout, quand on vient voir un film de super-héros, on est en partie là pour voir du spectaculaire. Désolé, mais ça ne sera pas le cas ici. Les bastons Spider-Man / voyous, Spider-Man / policiers, ou encore Spider-Man / Lézard, ne dépassent pas les deux minutes. En gros, tu clignes deux fois des yeux et c'est plié !
Vous me direz, si c'est court mais intense, pourquoi pas ? Ah non, oubliez l'intensité ! C'est mal filmé, mal mis en scène, malgré des effets spéciaux sympas, voir très sympas sur certain plans de l'Homme Araignée en virée solitaire. Du coup, dans « The Amazing Spider-Man » : « scène de bataille » égal à « scène anecdotique ».
A titre d'exemple, la fameuse scène du pont en pleine nuit ou Spider-Man rattrape des voitures au bord de la noyade, dure trois minutes montre en main. Le Lézard lance deux voitures, puis s'en va. Heureusement, la séquence de sauvetage de l'enfant dans un 4x4 en feu est belle, mais déjà vue dans la bande-annonce. Tant pis...

Pour résumer, il n'y a pas une seule scène où j'ai laissé échapper un « whaouf !!! » honteux dans la salle obscure. Non, je parlais plutôt avec mon pote, à côté de moi, pour échanger sur le profil accrocheur d'Emma Stone (j'y reviendrai plus tard).
Alors que Sam Raimi enchaînait les claques lors des scènes d'action dans sa trilogie, Marc Webb nous balade gentiment vers la séquence suivante.

Ok, scènes d'action ultra bof... Et l'histoire alors ? Et bien ultra bof, elle aussi. Je rappelle que « The Amazing Spider-Man » a été vendu comme un reboot « différent » du film de Raimi. Sauf que plein de séquences clés sont reprises et retraitées, mais en moins bien. Alors si, il y a la fameuse énigme sur les parents de Peter. Sauf qu'on apprend rien, si ce n'est ce que l'on sait déjà avant de rentrer dans la salle : Peter a été abandonné par ses parents, confié à son oncle et sa tante, avant que le gamin surdoué découvre les avancés scientifiques de son paternel (ce qui le conduira au Docteur Connors, alias le Lézard).
Bon voilà, on nous balance ça en entrée, puis on s'en débarrasse vite fait - bien fait au milieu de l'intrigue, pour ensuite nous le re-servir en intrigue ultime à la fin du long-métrage (allez, je ne vais pas spoiler...). Entre temps, il y a le meurtre de l'oncle Ben. Et ça, c'est vraiment triste ! Pas pour la scène de sa mort, non. Elle est très banale et mal racontée. Non ce qui est vraiment triste, c'est que ce pauvre Ben décède et que personne ne se préoccupe de lui par la suite. A croire qu'il est resté comme un chien sur le trottoir avec sa balle dans le bide. Alors, quand on a vu la relation complexe établie entre Peter et sa famille dans le volet de Raimi, là on a juste envie de mourir, nous aussi !

Alors, si l'on doit résumer ce « The Amazing Spider-Man », on peut dire que le film mélange trop de genres, trop de tonalités dramaturgiques, trop de pistes scénaristiques, mais en ne traitant aucun d'entre eux. De fait, le film reste lisible certes, mais superficiel, léger, non abouti... Parfois, la mise en scène s'efforce de rendre le récit sombre et complexe (comme promis dans le dispositif commercial relatif au film), mais se perd aussitôt vers un chemin embusqué, en rajoutant des filtres comiques et « bon enfant » en plein milieu.
Alors tout semble facile, téléphoné, presque naturel (alors que pas du tout) : de la relation Peter / Gwen, à la dualité du héros principal, en passant par son statut de marginal. Chez Raimi, tout était bien exploité, pesé et amené au public. Ici, il faudra se contenter d'une morale à deux francs six sous à la fin du film, transmise en pointillé via la boite vocale du téléphone portable de Peter...
Et que dire des tirades inutiles et ultra hollywoodiennes balancées par des protagonistes qui tombent du ciel. Un exemple ? Ok ! A la fin du film, alors que Spider-Man se fait étrangler par la grosse queue du Lézard (ça sonne film X, désolé...), ce dernier lui balance : « Abandonné par son père, éloigné de son oncle mort... Tu es tout seul ! ». Et là, Mister Captain George Stacy (père flic de Gwen, avec le profil le plus « ricain » du film) débarque de nulle part et rétorque, gilet pare-balles et fusil à pompe en main : « Non, il n'est pas tout seul ! ». Vous voyez le délire ? Bref, no comment...

Bon, il y a quand même du positif ! La performance d'Andrew Garfield, qui nous fait presque oublier celle de Tobey Maguire. A vrai dire, le traitement du personnage est très différent. Le Parker de Raimi est moche, timide, en retrait. Le Parker de Webb est beau gosse, très prétentieux et sûr de lui, même avec les nanas ! Dès lors, la barrière psychologique entre l'homme et le héros est moins notable ici, car Spider-Man est un petit peu le moyen pour Peter de s'affirmer d'avantage. Dans le film de Raimi, Spider-Man est véritablement la face cachée de Peter.
Reste Emma Stone, magnifique et très convaincante en petite « bourgeoise » naïve et innocente.
Reste le charisme de Rhys Ifans, dans la peau écaillée du Docteur Connors. Toutefois, son personnage est guerre exploité et le Lézard doit totaliser une apparition de 15 minutes au total, sur 2h20 de film...
Par contre, grosse déception pour le casting relatif aux personnages de Ben et May... Encore Shenn s'en tire avec les honneurs, mais Sally Field nous fait amèrement regretter la douceur dramaturgique et physique de Rosemary Harris, avec son visage buriné et son jeu de scène pompé sur « Les feux de l'amour ».

Voilà, ça a été long mais j'ai fait le tour. Tous ça pour vous dire de rester sur l’œuvre de Sam Raimi, histoire de garder une bonne estime du héros sur pellicule.
Théo-C
3
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Créée

le 19 juil. 2012

Modifiée

le 19 juil. 2012

Critique lue 394 fois

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Théo-C

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