The artist aurait pu être un film audacieux. Eh oui, d'emblée on peut se dire que traiter du passage du cinéma muet au parlant et ce, à l'aide d'un film muet, représente une certaine prise de risque. Cela semble même inédit, enfin à ma connaissance ...
On peut trouver la réalisation convenable, voire même brillante à certains moments comme la scène du cauchemar et le plan sur le reflet de la table (mes préférés). Les ficelles de l'action restent classiques et certainement un peu trop prévisibles. C'est peut-être le meilleur moyen de rendre hommage au cinéma de l'époque, me direz-vous. Oui mais, je répondrais : "rien n'excuse la platitude ! " Le jeu des acteurs est passable et, à mon avis, bien trop surévalué par le jury de Cannes. Bien que le contexte s'y prête, il m'a semblé que Dujardin et Bejo étaient tombés dans la caricature d'une caricature. En tout cas, pour ma part, l'émotion n'est pas passée.
Dujardin, qui a pu se révéler à plusieurs reprises comme un plutôt bon acteur, semble ici ne pas parvenir à faire passer d'autres sentiments que "triste" ou "content". Bon j'exagère un peu peut-être mais à peine...
Quant à Bejo, elle cherche à s'accaparer les mimiques des gamines des rues de l'époque, mais, désolée, ça sonne complètement faux. J'ai d'ailleurs eu la vague impression de voir une pâle copie de Paulette Goddard, la gamine des Temps modernes.
Alors voilà, ma frustration n'en est que plus grande car malgré de bonnes idées, des moyens importants, le film reste convenu, sans grande surprise. On aurait aimé que Hazanavicius se joue davantage des codes sonores du cinéma. Et s'il s'agissait de rendre hommage au film muet comme certains l'ont défendu, il valait mieux organiser une rétrospective ...