L'Homme qui venait d'ailleurs.

Je l’avoue, si j’ai regardé ce film, c’est avant tout pour voir Billy Bob Thornton dans un rôle principal...Même si je savais d’avance qu’une oeuvre des frères Coen ne pouvait pas être mauvaise en soi (je n’ai jamais été déçue par eux jusqu’à ce jour).

BB. (pour les intimes), alias Ed, campe ici un personnage assez emblématique dans l’univers des frères Coen. C’est l’histoire d’un homme simple, un coiffeur (ou barbier), qui pour se défaire de sa routine, va chercher des noises à celui qu’il ne faut pas et qui se retrouve embarqué dans une séries de péripéties pour descendre petit à petit en enfer.
Jusque là, rien d’extraordinaire de la part de ces réalisateurs qui nous ont déjà offert de très bons exemples de ce schéma avec les excellents «Fargo» ou «No country for old men».
Mais leur petit plus, ce qui fait que le sujet ne devient pas redondant, c’est la qualité de leurs personnages et surtout des acteurs choisis à cet effet.

Vous l’aurez compris, BB. possède un (grand) talent. Il fait partie de ces acteurs qui se forge autour d’un type de personnage. BB. est un homme calme mais intraitable (il faut pas l’énerver !), celui qui réfléchit avant de parler et qui agit toujours avec minutie.
Ceux qui l’ont, comme moi, découvert pleinement dans la série «Fargo» comprendront de quoi je veux parler. C’est une force tranquille en action. Sa voix nous séduit, socle de la narration tout au long du film. Ses actes, posés, son visage, apaisé, ses interactions, riches, en font un personnage emblématique de la filmographie des frères Coen.

Et ce talent est bien entendu sublimé par la qualité de ce film. Le choix d’un traitement un noir et blanc nous plonge dans une Amérique des années 50 post guerre mondiale où les valeurs familiales sont l’essence du développement personnel. Les scènes dans les voitures sont un très bel hommage aux films de l’époque. Les ralentis sont chargés d’émotions. La musique (classique) nous emporte et nous bouleverse. Les autres personnages, bien que moins présents, sont aussi identifiés qu'Ed. dans leurs névroses, leurs mensonges, leurs passions...

Ed ressort de tout cela comme un homme à part. Il ne semble pas avoir sa place dans une société qui n’a que faire de réflexions philosophiques, se tournant inexorablement vers l’"American Dream". Les évocations d’OVNI, qui donnent d’ailleurs un côté décalé à l’ensemble, offrent justement une force à l'image d’un homme qui n’est pas là, qui n’est pas présent dans ce monde, qui venait d’ailleurs (?).