The Bling Ring par Teklow13

Je pense que Sofia Coppola ne sait, et ne peut filmer que des femmes. Précisément des jeunes filles dans une période qui s’étendrait de la fin de l’adolescence au premier pas dans l’âge adulte.
Probablement car cette période de la vie la fascine mais aussi car à travers les personnages qu’elle filme, il y semble y avoir beaucoup d’elle. Ce qui permet à ses personnages d’exister et de paraître beaucoup plus touchants et vrais.
Dans son précédent film, elle filmait un mec, et un mec en milieu de vie, situé dans une période de doutes, d’interrogations et de réflexions, sur ce qu’il a laissé derrière lui et ce qui s’ouvre devant lui.
Elle filmait un mec à défaut d’une femme, peut être par pudeur de retrouver, elle, à l’écran, et faire face à un personnage qui lui correspondrait peut être trop, dans la période actuelle de sa vie. Toujours est-il ça ne fonctionnait pas vraiment. Le film était raté, avec quelques fulgurances, mais contrebalancé par beaucoup de maladresses et un sentiment de vacuité. Le film tournait en rond.
Avec The Bling Ring elle filme à nouveau des gamines, le seul mec de la bande en est une également (en tout cas il est filmé comme tel), et forcément ça fonctionne beaucoup mieux.
Elle retrouve une vrai fraîcheur, son côté pétillant et jubilatoire, avec un déluge de musiques, de couleurs, de fringues, de bijoux,… Le film est drôle et enlevé. Coppola filme sa galerie de jeunes déphasés, déconnectés, sans aucun cynisme, avec une vraie tendresse et naïveté. Tout en étant peu à peu assez inquiétant, toujours en filigrane, dans sa lente plongée décadente.
Et puis on retrouve une des choses qu’elle réussit le mieux, filmer des intérieurs, comme des cocons hors du monde. Des lieux étranges, surchargés, et autant rassurants qu’inquiétants. Tout comme l’étaient les intérieurs de Tokyo (ou Tokyo en général d’ailleurs, filmé comme un vaste intérieur dans Lost in Translation) ou le château de Versailles.
J’ai trouvé ça super bien.