/!\ SPOILERS : Si tu n’as pas vu ce film, tu n’as aucune raison de lire cet avis, à part l’intention de te gâcher le film ou, pire, de le gâcher à quelqu’un d’autre. Auquel cas je te souhaite vivement mais néanmoins affectueusement de mourir seul bouffé par des chauves-souris. /!\

Ma première impression sur cet épilogue fut très mauvaise. J’ai même eu peur pendant quelques minutes. La scène d’ouverture paraît franchement avoir été oubliée en post-production. On assiste à un amas de plans qui s’enchainent mal, avec une balance sonore agressante et risible : on est dans un petit avion, la porte est ouverte, un vent de malade oblige les personnages à hurler pour s’entendre et voilà que la voix de Bane, qui se force même pas un petit peu le gosier, résonne sans peine pour sa première réplique. Là, je m’enfonce dans mon siège, l’oeil oblique, et j’attends la suite.

Quelques petites incohérences scénaristiques jalonnent le film, et, sans pour autant être assaillantes quand on est vraiment dedans, font un peu sourire jaune une fois la pellicule digérée.
La densité de ce même scénario devrait être un plus mais a du mal à couler de source malgré les 2h45 données. Les ellipses de temps sont brutales et parfois tellement mal amenées qu’elles en sont choquantes. Dans son souci de ne pas trop vouloir prendre le spectateur pour un bigorneau, Nolan oublie que non, ce n’est pas forcément suffisant de rajouter 3 cm de cheveux à Christian Bale pour insinuer qu’on a fait un bond de 5 mois dans le temps. Venant d’un mec qui avait réussi à ne pas nous paumer dans une action simultanément située sur 5 niveaux de rêves la dernière fois, j’ai moyennement apprécié.

Malgré ces petites déceptions, j’ai vu dans The Dark Knight Rises ce que j’en attendais ou du moins ce que je pensais en attendre une fois que je connaîtrais le pitch car, qu’on se le dise, on nous aurait balancé des trailers avec des girafes sous speed que ça aurait donné plus d’indices sur le film. On trouve dans le dernier épisode de cette trilogie les mêmes (savoureux) ingrédients que dans tous les derniers épisodes de toutes les trilogies.

1° Le rappel superficiel des précédents.
Huit ans sont passés. Harvey Dent était un héros. Batou est un salopard fringué en néoprène, etc.

2° La bonne grosse replongée dans les précédents.
Le manoir Wayne est reconstruit. "Pourquoi tombons-nous ?". Je marche à travers la crasse, j’ai de la barbe et une épreuve va décider quand je vais devenir (ou ici redevenir) Batou le héros fringué en néoprène. On ressort le premier gros méchant de la franchise, Rha’s Al Ghul (qui, entre temps, était parti sauver sa stupide fille pourrie gâtée des réseaux de prostitution libanais... C’est ça ?)

3° Le cassage des codes.
Batman, qui d’ordinaire se barre toujours en fourbe dans la nuit avant la fin d’une conversation, devient l’arroseur arrosé. Alfred, le protecteur dévoué et tenu pour acquis depuis toujours, finit par faire ses bagages et en plus, il part fâché.

4° La surenchère.
La Batmobile -> La Batmoto -> La Bat. Les réserves d’eau empoisonnées -> quelques bâtiments brûlés -> un coeur de machine nucléaire tout nu dans la ville. Hans Zimmer version midi -> Hans Zimmer version quartet communal de Trifouille-les-Pins -> Hans Zimmer version orchestre symphonique cocaïné.

Les ennemis de Batman dans ce volet sont tour à tour surprenants, charismatiques et touchants. Marion Cotillard a toujours cette froideur presque flippante qui faisait tout son charisme dans "Inception" mais qui devient franchement fade et monocorde une fois le "je suis la vraie méchante du film" passé. Tom Hardy réussit à faire passer tellement de choses dans son regard qu’on n'est presque pas choqué lorsque l’on voit son visage entier car oui, on le voit, même si à force de lire le contraire partout, je commence à douter de ma santé mentale.
Anne Hathaway fut ma bonne surprise et la fan hardcore de "Batman Returns" vous fait ici un mea culpa : elle n’est ni moins bonne ni meilleure que la Catwoman de Pfeiffer, elle est juste une autre Catwoman, celle de Nolan, moins kitsch, plus réaliste.

Et puis la fin. D’abord on n’y croit pas. Puis on se dit que si, putain. Et puis Hans Zimmer arrive avec sa compagnie de cordes hurlantes et on y croit pour de bon. On se dit que ça a de la gueule et que ça devait finir comme ça de toute façon.
Et puis le mec dans la Bat lance la réplique qui te fout l'estomac à l'envers parce que dans ton petit coeur tu l’espérais, ce retournement. Et puis Joseph le tout mignon mais néanmoins imposant par sa sympathie qui devient l’évidence. Et puis Alfred. Et puis la terrasse. Et puis le signe de tête. Et la Batcave...

...et cette putain de lumière dans la salle qui se rallume dès les 2 premières lignes de générique et qui ne laisse même plus le temps au spectateur de redescendre. Ou de sécher ses larmes.
Sissen
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 juil. 2012

Modifiée

le 1 août 2012

Critique lue 397 fois

1 j'aime

Sissen

Écrit par

Critique lue 397 fois

1

D'autres avis sur The Dark Knight Rises

The Dark Knight Rises
Torpenn
3

L'écharpé Bale

Pour répondre par avance aux détracteurs faciles à la pensée étroite, non, je ne m'amuse pas spécialement à aller voir des mauvais films pour un douteux plaisir masochiste. D'abord, j'ai une grande...

le 27 juil. 2012

259 j'aime

156

The Dark Knight Rises
Hypérion
3

Nolan(s), gros prétentieux!

Il me semble bien que l'univers est sur le point de s'écrouler, je suis d'accord avec @Torpenn en tous points sur une critique de blockbuster, qui plus est dans un genre que je consomme sans...

le 31 juil. 2012

172 j'aime

76

The Dark Knight Rises
kevisonline
7

DISCUSSION ENTRE UN EXÉCUTIF DE WARNER ET CHRISTOPHER NOLAN.

(contient des gros spoilers) Warner : Alors, Chris, ça avance le film ? C.Nolan : Ouais, tout commence à prendre forme. Je suis assez content du résultat. Warner : Justement, on voulait te parler...

le 25 juil. 2012

124 j'aime

Du même critique

Scream
Sissen
9

Critique de Scream par Sissen

ATTENTION SPOILERS. « Scream » est un slasher movie de base. Oui, quand on regarde « Scream » pour la première fois en 2010, on se dit que c'est encore un slasher de base, avec vierge farouche,...

le 29 sept. 2010

48 j'aime

11

Sexe intentions
Sissen
9

Critique de Sexe intentions par Sissen

Une adaptation des "Liaisons Dangereuses" avec Sarah Michelle Gellar et Ryan Philippe, fraîchement sortis de "Souviens-toi... quand je t'ai fait peur", tout de suite on se dit que c'est du faussement...

le 7 oct. 2010

22 j'aime

1

Buffy contre les vampires
Sissen
9

Critique de Buffy contre les vampires par Sissen

Après avoir revu l'intégrale très récemment, je peux enfin parler de cette série sans les interférences des hormones adolescentes. Ou presque. "Buffy TVS" n'est pas à prendre au premier degré, c'est...

le 13 mars 2011

16 j'aime

4