Un film bourré de défauts et pourtant...

Ca me semble évident mais je préviens quand même SPOIL à venir :



Est-ce possible de faire mieux que The Dark Knight ? Voilà la question qui nous taraude depuis des mois... Une telle claque ne s'oublie pas facilement, Nolan savait pertinemment qu'il serait attendu au tournant avec la conclusion de sa trilogie qui enthousiasma quasiment tous les fans du chevalier noir ainsi que les novices.
L'attente était tellement immense que finalement je commence à me dire qu'il était inéluctable qu'on soit déçu sur certains points, pourtant, en sortant de la salle quasiment comble, le sentiment de déception était inexistant, seul restait une profonde admiration pour le travail et le courage d'un homme, je fais bien évidemment allusion à C.Nolan qui je le rappelle reprend une licence donnée pour morte après les cataclysmiques opus de l'affreux Shumacher, il a réussi à insérer Batman dans un monde parfaitement réaliste grâce à une vision rationnelle et pertinente de la personnalité et de l'univers Batman, une vision à l'opposée de de Burton même si celle-ci reste une belle alternative.

Begins est surement le volet le moins réussi des trois mais il reste indispensable pour comprendre le personnage de Batman où plutôt devrais-je dire Bruce Wayne, car oui, et c'est encore plus criant avec TDKR, Batman n'a jamais été le personnage pré-dominant de cette trilogie. Tout est axé sur le plus célèbre milliardaire de Gotham, Begins explore les origines du Dark Knight mais reste avant tout un film sur ses motivations à devenir le protecteur de sa ville natale et de ses différents idéaux qui seront mis à mal dans The Dark Knight.

Ce dernier lui se concentre sur les dommages collatéraux causés par l'arrivée du justicier masqué, et se focalise plus précisément sur l'avènement du Joker, la folie sous sa forme la plus imprévisible dont la seule raison de vivre se nomme Batman.
Cette fois-ci la place faite à Bruce Wayne est moindre mais reste tout de même importante, jamais on a le sentiment d'avoir affaire à un super-héros dans le sens stricte du terme. Le Joker prend toute la place et tous les évènements tournent autour de sa personne contrairement à Batman qui en est presque cantonné à un rôle de personnage secondaire.
Tout aura été dit sur ce film, considéré comme la référence du genre " super-héros", un énorme succès réunnissant aussi bien les fans/novices que les critiques.
A peine la folie Dark Knight achevée, les frères Nolan (Jonathan est le principal scénariste de la saga) se mettent au travail pour conclure de la plus belle des manières une saga entamée 8 ans plus tôt.
C'est justement 8 ans après les évenements de The Dark Knight que TDK Rises commence avec une intro au moins aussi prenante que celle de son prédécesseur. A ce moment là on se dit qu'on va en prendre plein la vue mais malheureusement on n'en restera qu'au stade de l'espérance...
En tant qu'ENORME fan de Batounet ça me fait mal de dire ça mais la scène d'intro' est vraiment largement au-dessus du reste, plus jamais on revoit une scène qui nous colle au fauteuil de cette manière, chose étrange quant on connait le budget pharaonique dont disposait Nolan...
Elle permet également d'avoir un premier aperçu sur le grand méchant du film : Bane, surtout connu pour avoir été le premier homme à avoir littéralement brisé Batman dans le comic Knightfall.
Les moins initiés se rappellent surtout du Bane dans Batman & Robin, un débile aux ordres de la toute aussi cruche Poison Ivy. En réalité le personnage est totalement différent et reste avant tout un stratège exceptionnel doté d'une force colossale, dans le film on retrouve le muscle mais le côté réfléchi est vite laissé à l'abandon, son plan est basique et sans grande surprise et on rendra plus tard qu'il n'était pas le cerveau de l'opération, contrairement au Joker son véritable souhait est d'anéantir Gotham et considère Batman plus comme un obstacle plutôt qu'un véritable ennemi.

Les connaisseurs attendaient avec une grande impatience le combat censé être épique entre les 2 surhommes, et bien finalement c'est pas un mais deux duels, on gagne en quantité mais surement pas en qualité, pourtant j'ai vraiment apprécié le premier mis à part le fait qu'il ne soit pas amené de manière très cohérente, situation qui va se répéter à de nombreuses reprises par la suite. Le combat lui est magnifiquement mis en scène et la sensation d'assister à la chute de Batman parfaitement présente, c'est bien la preuve que la musique de Zimmer est loin d'être indispensable et n'enlève rien au sentiment d'immersion, il est même décuplé par cette absence.

Ce combat permet aussi de voir Batman en action (ce qu'il en reste...) en lieu et place de Bruce Wayne, car oui, l'homme sous le masque est encore une fois au centre de l'attention et ne laisse que très peu de place à son alter-ego censé être le véritable pilier, une constante dans la trilogie de Nolan.
L'un des moments les plus agréables reste également le premier retour aux affaires de Batman, j'ai trouvé ça bien maîtrisé avec tous les ingrédients réunis pour faire baver le spectateur même si il n'y a pas de quoi s'extasier non plus.
Faut dire aussi que le film commençait à tourner un peu en rond, l'arrivé de Batman donne un coup d'accélérateur au film tout en restant dans la continuité de l'histoire.
Le seul petit regret c'est l'impression de déjà-vu pour la course-poursuite, certains plans avaient l'air tout droit sorti de TDK et manquait donc d'originalité, malgré tout l'ensemble reste plutôt classe.

L'un des seules reproches faits à Nolan dans les 2 précédents opus c'est son incapacité à filmer des scènes dites d'actions, en effet, les derniers vilains étaient tout sauf des combattant aguerris et la plupart des affrontements se cantonnaient au combat cérébral.
Pour cette scène Nolan n'a pas pris énormément de risque et ça reste l'un de mes principaux regrets, alors oui c'est précis, net, sans bavure un peu la même façon de filmer qu'un Michael Mann mais aucun plan ne sort du lot, pourtant on a l'impression qui tout est là, même la photo' est plus qu'impeccable mais j'ai pas le sentiment d'être embarqué, j'ai même trouvé Inception au dessus à ce niveau là.

Même les combats sont pour la plupart mous et renforcent l'impression que Nolan n'est pas du tout à l'aise dans ce registre, Catwoman par exemple, la vraie réussite du film mais pareil sa façon de se battre n'est pas en adéquation avec ce qu'elle représente : une femme sensuelle n'ayant pas froid aux yeux et toujours prête à planter un couteau dans le dos à ses soi-disant alliés.
Son style est un brin académique malgré quelques clins d'oeils qui font sourire comme le coup du talon assez bien trouvé.
Elle reste pourtant la plus belle réussite du film et mis à part ce reproche j'ai vraiment apprécié le personnage de Sélina Kyle, tout en sournoiserie. Ses dialogues avec Bruce sont ciselés et assez fins et le petit jeu entre les deux est bien présent, Anne Hataway est parfaite dans ce rôle qui lui va comme un gant et j'en viens à me demander si c'est bien la même actrice qui joue dans Alice...
Par contre dès qu'elle enfile la tenue moulante de Catwoman c'est un peu moins ça et je trouve qu'on perd ce côté manipulatrice, faut dire qu'elle n'est pas aidé par ses dialogues caricaturaux et sans grande inspiration.
L'autre personnage réussi se nomme John Blake alias Joseph Gordon-Lewitt, acteur demandé qui s'affirme de plus en plus, il insuffle une sorte de fraîcheur au film et toutes ses apparitions apportent du rythme à la narration. Son véritable rôle ne faisait pas l'ombre d'un doute mais j'ai trouvé la révélation finale traitée de manière assez sympathique.
Les cadors sont encore au rendez-vous, Christian Bale est bien bien meilleur que dans le deuxième et assure sans problème son titre de meilleur Batman, Gary Oldman égal à lui-même tout en étant moins présent qu'à l'accoutumée, Freeman pas grand chose à dire il fait le boulot mais la grosse surprise concerne Michael Caine, il sort de son ironie habituel pour nous offrir 2 moments très émouvants et montre encore une fois l'étendue de son talent. Alfred restera comme l'une des grandes réussites des 3 films confondus.
Vient le tour de Tom Hardy, il semblait pour moi tout indiqué pour le rôle, suffit de le voir dans Bronson pour s'en convaincre... Un rôle pas facile du tout avec l'énorme tache de succéder à Heath Ledger qui avait placé la barre très très haute, trop surement...
J'estime malgré tout que ce n'est pas pertinent de comparer les 2 personnages, ils ont absolument rien à voir et s'opposent sur tous les plans.
Leurs motivations sont différentes, l'un ne vit que pour Batman et l'autre a pour unique but de détruire Gotham, l'un représente la pure folie meurtrière et réinvente constamment sa personnalité ce qu'il le rend impossible à cerner contrairement à Bane qui perd tout intérêt une fois son objectif atteint.
Je me demande encore comment est-ce possible de gâcher à ce point un tel personnage... Ses premiers apparitions sont pourtant exceptionnelles et représentent à merveille l'idée que je me faisais de lui, surtout le 1er combat contre Batman qui reste l'un des meilleurs moments du film. Là où ça commence à déconner c'est lorsqu'on lui greffe une conscience politique et un soudain intérêt pour les autres, oui c'est expliqué dans le film il cherche tout d'abord à donner de l'espoir aux gens puis les anéantir quelques semaines plus tard mais les choses se déroulent tellement rapidement qu'on n'oublie assez vite ce paramètre et on retient cet affrontement o combien ridicule entre les forces de polices et les sbires de Bane, ça ressemble pas du tout à Nolan et en plus de cela ça casse légèrement sa volonté de réalisme, mais il y aura encore pire...

Au milieu de cet affrontement grotesque, nous avons donc droit à la revanche de Batman, remis de ses blessures et fin prêt à renvoyer Bane d'où il vient. Je vous passe les répliques débiles et franchement on n'est pas loin de l'horriblissime Bat & Rob' à ce niveau-là.
Alors que le 1er affrontement entre les 2 hommes m'avait scotché cette fois-ci une chose m'a sauté aux yeux : Nolan ne sait pas filmé les combats... Aucune diversité dans les coups et toujours les mêmes plans très serrés pour intensifier le tout qui restera d'un mollesse abyssale, ça contraste avec la photographie, une totale réussite et un régal pour les yeux, rien que le fait de réussir à filmer de cette manière Batman en plein jour c'est déjà quelque chose de très sympa, bah oui faut bien se consoler...

Je vous passe également le twist final entre Miranda Tate où devrais-je dire Talia et Bane qui ne m'a encore une fois pas surpris sachant que le véritable rôle de Marion Cotillard était connu de tous les fans à cause des différentes photos de tournage ayant fuitée auparavant.
J'enfoncerai pas notre française préférée (joke of course), vous le ferez de bien meilleure manière que moi. Pour en arriver à ce que le public au cinéma se marre face à une scène n'ayant aucun aspect comique faut quand même être assez haut sur l'échelle de la nullité, je me demande encore comment une telle scène n'a pas pu être retournée enfin...
Le pire c'est que sa performance durant tout le reste du film semble correcte même si c'est just' parfois, mais cette mort bon sang !!

Après cette scène involontairement comique nous retrouvons Batman prêt à se sacrifier pour sauver Gotham, une bombe nucléaire est prête à exploser et il doit l'éloigner le plus loin possible des habitations, pas franchement originale comme intrigue c'est le moins qu'on puisse dire, c'est même un classique et on est droit de se dire que l'écriture du scénario aurait mérité une petite révision, c'est limite bâclé et l'histoire de la bombe est indigne d'un Batman by Nolan.
Après tout dépend du contexte mais il n'y a aucune prise de risque. Ah si une, la mort de Batman...

Et ben finalement non, pourquoi avoir rajouté ces maudites 5 deniers minutes ? Mon côté parano me pousse à penser que Nolan n'a pas pris cette décision tout seul et peut être qu'au commencement le happy-end n'était pas prévu... Pourtant cette fin tragique parraissait être la plus logique, tant pis on fera avec celle là...

Ca nous donne toute de même un moment poignant avec encore une fois Alfred qui croit à ce moment-là perdre son fils spirituel.
Au même moment le policier John Blake alias vous savez qui se prépare à prendre la relève du chevalier noir, la scène est également sympathique et bien encrée dans l'esprit du film.

Batman n'est plus là mais Bruce si, il coule des jours heureux en compagnie de Sélina à Florence, lieu de vacances de prédilection d'Alfred qui bien sur les aperçoit...
Cette scène on l'aime où on la déteste, personnellement elle m'a semblé être une pièce rapportée pour faire plaisir à la majorité et finir sur une belle note, durant ses derniers mois j'ai imaginé maintes et maintes fois la conclusion de ce film et je n'aurai jamais pensé que Nolan terminerait par ça... C'est un choix après tout, mais je reste persuadé qu'il n'a pris cette décision tout seul mais ça on ne le saura jamais.

Longue critique je sais peut être trop d'ailleurs mais j'essaierai de couper un petit peu par la suite, faut dire que j'ai grandi avec Batman et ce film je l'attendais comme le messie, j'ai été déçu sur beaucoup de choses vous l'aurez compris, et pourtant je mets 8, bizarre non ? Le film en lui même vaut 7 mais malgré toutes ces déceptions très peu de films au cinéma m'ont fait autant kiffé que celui-ci, je suis surement pas la personne la plus objective pour en parler étant un BIG FAN mais j'ai essayé d'avoir l'oeil le plus impartial possible.

En résumé on peut faire de nombreux reproches à The Dark Knight Rises mais si vous êtes un minimum fan de l'univers n'hésitez pas une seconde, on ne s'ennuie pas le moins du monde et le tout enterre quasiment toute la concurrence du genre, c'est déjà pas mal non ?


UPDATE : Bon finalement avec le recul, 8 c'était vraiment trop gentil comme note vu la deuxième partie très moyenne, un petit 7 convient mieux.