4 ans après la sortie remarquée de l'excellent The Dark Knight, que beaucoup considèrent comme un chef d'œuvre, Christopher Nolan nous dévoile sa suite mais aussi la conclusion de la trilogie entamée par Batman Begins : The Dark Knight Rises.
Pour moi, le challenge est double, et risqué, pour Nolan et son équipe : réussir à nouveau un grand film comme le sont les deux précédents (surtout The Dark Knight, d'ailleurs) et conclure de façon satisfaisante l'épopée de Bruce Wayne/Batman.
D'énormes enjeux, une attente gigantesque du public, autant dire que le film a plus de chances de se planter, du moins artistiquement, que de s'imposer à nouveau.
Et pourtant....

Prenant place 8 ans après la fin de The Dark Knight, qui voyait Batman décider d'endosser la responsabilité des meurtres de Harvey Dent pour sauvegarder son image de Chevalier Blanc auprès des citoyens de Gotham, le film s'ouvre sur une ville "en paix". Les rues sont nettoyées de toute la pègre qui les gangrénait, Bruce Wayne n'a donc plus de raisons d'endosser son costume de Batman. Et justement, cela fait 8 ans qu'il reste reclus dans son manoir, diminué physiquement par ces années à courir les toits. Même son personnage public de Bruce Wayne a subit un échec et sa compagnie, Wayne Enterprises, survit tant bien que mal sous la présidence du fidèle Lucius Fox.
Mais l'apparition soudaine d'une voleuse dans son manoir va lui remettre les sens en éveil, jusqu'à ce qu'il tombe sur une machination d'envergure emmenée par le mystérieux Bane, qui va le pousser à reprendre le costume et la moto....

Un point sur le Scénario

D'emblée ce qui frappe à la sortie de la projection, c'est l'ampleur du film de Nolan et les paradoxes à l'œuvre.
C'est gigantesque mais intimiste.
Brutal mais sensible.
Noir mais souvent lumineux.
C'est un long film (2h44) mais ça passe en un éclair.

Le Conte d'Une Cité

Dans ce film plus que dans les deux précédents, la ville de Batman, Gotham City, tient une place importante dans le scénario, quasiment comme un personnage réel. Car c'est la ville qui est attaquée ici, c'est elle que l'on veut supprimer, rayer de la carte. Et c'est pour elle que le Batman s'abandonne, car elle est ce qui le relie à ses parents, qui en leur temps déjà s'occupait tant bien que mal du bien être de la ville et de ses citoyens. Bruce a choisit une voie plus radicale, mais il est prêt à tous les sacrifices pour Gotham.
Nolan construit le film, du moins la deuxième partie, autour de l'attaque de Gotham City, menée par Bane et ses hommes. Celui-ci organise une vraie révolution, dont les enjeux sont bien évidemment truqués, en opposant le bas peuple aux puissants. Avec ses milices qui veillent à ce que chacun reste à l'intérieur de la cité, et qui s'attache à tuer dans l'oeuf toute tentative de résistance. Et on comprend dès lors l'influence assumée du livre de Dickens, Le Conte des deux Cités, sur les frères Nolan pendant l'écriture du scénario.
Avec son tribunal de la terreur dirigé par Jonathan Crane, le soulèvement des gens d'en bas (métaphoriquement, mais aussi littéralement car les armées de Bane viennent du sous-sol, rappelant aussi le final du Metropolis de Fritz Lang, autre influence assumée...) contre les aristocrates de la ville jusque dans les hautes sphères de Gotham....
Et la résistance, menée par John Blake et James Gordon.
Le but de Bane étant de laisser l'espoir aux gens de Gotham, l'espoir de pouvoir enfin prendre les rênes contre les puissants qui leur ont trop souvent mentis, manipulés et abusés... Avant de tout exploser à l'arme nucléaire, parachevant l'objectif de Ra's Al Ghul, dans Batman Begins...
L'influence de Dickens est donc palpable dans cette moitié du long-métrage, et le sous-texte social n'est jamais très loin, surtout avec le personnage de Selina Kyle, qui se réclame elle-même du "bas peuple" et n'a aucun scrupule à délester les plus nantis.
Même si finalement son but est plus personnel.
Et pour finir sur l'influence qu'exerce Le Conte des deux Cités sur le scripte, il reste le personnage de Bruce Wayne. N'ayant pas lu le livre moi-même, je base cette constatation sur le résumé du livre :

"On suit la vie de plusieurs protagonistes à travers ces événements. Les plus notables sont Charles Darnay et Sydnay Carton. Darnay est un aristocrate français déchu, victime de la colère aveugle des révolutionnaires malgré sa nature vertueuse [...]"

Le parallèle avec Bruce Wayne, dans le film, est évident. Ayant choisi de se sacrifier lui-même à la fin de The Dark Knight, en endossant les meurtres de Harvey Dent, il est toujours, 8 ans après, considéré comme un paria aux yeux de la ville. Et quand il réapparaît pour se mettre en chasse des mercenaires qui ont attaqué la bourse (et ruiné Bruce Wayne, au passage), les flics préfèrent se détourner d'eux pour coincer l'homme chauve-souris et le faire payer. Et il ne sera reconnu pour ses actes héroïques qu'une fois que tout le monde le croira mort, ayant compris l'ampleur de son sacrifice final. Bien aidé aussi par le discours de James Gordon lût par Bane devant les caméras de Gotham, qui explique le mensonge sur lequel repose la prétendue paix à Gotham (et qui justifia qu'on enferme sans appel bon nombre de criminels, le fameux Dent Act).


Knightfall

Des conséquences du deuxième épisode, il en est beaucoup question. Notamment Alfred, qui se voit contraint de révéler l'existence de la lettre de Rachel à Bruce, qu'Alfred a brûlé, qui lui avouait qu'elle ne pouvait plus l'attendre et qu'elle choisit de vivre avec Harvey Dent. Dans cette simple petite scène en champ/contre-champ, on sent le petit monde de Bruce Wayne s'effondrer, se rendant compte que la vie qu'il avait cru possible ne l'était pas de toutes façons. Il en vient même à virer son fidèle majordome, Alfred, véritable père de substitution, déchiré de voir qu'il n'a pu détourner son fils adoptif de sa voie funeste.
C'est le début de la chute du chevalier noir.
Autre ciment dans l'édifice qui construit son scénario, le fameux comicbook Knightfall, qui voit l'arrivée en ville du vilain Bane et ses complices, qui veut le contrôle de la ville et la chute de Batman.
Pour se faire, il ira jusqu'à libérer d'Arkham les pires psychopathes de la ville, tel le Joker, Killer Croc, L'Homme Mystère etc....
Batman, au début de l'histoire, étant déjà pas mal affaiblit suite à ce qui apparaît être du surmenage, chaque affrontement avec ses ennemis, même s'il en sort victorieux, va saper de plus en plus ses forces aussi bien physiques que mentales.
Jusqu'à ce qu'il tombe sur Bane, qu'il affronte dans un combat inégal ou il finira la colonne vertébrale brisée sur le genou de son ennemi.
C'est le même procédé dans le film.
On retrouve au début du film un Bruce Wayne reclus chez lui, marchant avec une canne, se faisant même malmener par Selina Kyle. Une visite chez le médecin nous apprend qu'il est vraiment dans un sale état : dans la réalité de la vision de Nolan, un homme qui passe ses nuits à sauter de toit en toit et à casser du criminel ne le fait pas sans conséquences physiques à long terme.
Toujours cette envie de rationaliser le héros, pour le rendre plus proche de nous, plus humain.
Lorsqu'il décide d'endosser à nouveau le costume, son genou est maintenu artificiellement en place et Alfred lui fait remarquer qu'il n'est plus le même homme qu'auparavant, plus vieux, en moins bonne condition physique.
Tandis que son adversaire, lui, est colossal, rapide et sans pitié.
Se faisant trahir par Kyle, Batman se retrouve obligé d'affronter Bane sans aucun moyen de s'échapper.
Le combat est brutal, sans musique, juste le son des poings qui cognent, des os qui se brisent, des cris de rage...
Batman est battu, physiquement et moralement. Humilié.
Le film va même jusqu'à reproduire la célèbre image de Bane brisant le dos de Batman sur son genou.
Commence alors son chemin de croix...

Un film choral autour de Batman ?

Le ''film choral'' (au pluriel : films chorals) est un genre cinématographique. On parle aussi, plus rarement, de ''film mosaïque''.
Le terme fait référence au Chœur (musique) de manière figurée. Il s'agit en effet de films où un nombre relativement important de personnages, sans que l'un d'eux ne semble plus important que les autres, s'entrecroisent, d'où l'utilisation fréquente du terme ''destins croisés'' pour les définir. Le film est alors caractérisé par plusieurs sous-intrigues liés aux différents personnages.

Source : Wikipedia

Dans ce 3ème épisode, on a vu que l'enjeu des frères Nolan et de David Goyer est ni plus ni moins que de terminer l'histoire de Bruce Wayne entamée avec Batman Begins.
Dans chacun des trois films, l'histoire et le vilain ont contribué à définir Bruce Wayne en tant que Batman.
C'est bien là la particularité de ces films : souvent dans un film de super-héros, on choisit le méchant et on tisse une histoire autour qui permet de l'inclure.
Dans ces trois films, le développement du personnage de Bruce conduit au choix du méchant :
-Dans le premier, Ra's Al Ghul servait au départ de mentor à Wayne, il le met sur la voie et sert même de père de substitution jusqu'à ce que Bruce se rebelle contre ses principes et choisisse sa propre voie.L'épouvantail, lui, correspondait parfaitement au thème du film, la peur. Accepter sa peur, la maitriser et s'en servir contre son ennemi.
-Dans The Dark Knight, le Joker est la négation même de Batman. Il sert à définir ce que Batman doit devenir, jusqu'où il doit aller dans son combat contre le crime, ce qu'il doit endurer en tant que symbole.
-Et enfin dans ce dernier film, Bane est l'ennemi ultime, un peu le boss de fin de jeu. Il représente un challenge à la fois physique et mental pour Bruce Wayne. Le seul personnage capable de briser Batman. Et ça tombe bien, car il fallait dans ce film que Batman, en tant que paria, soit brisé et humilié, lui permettant de littéralement se relever pour devenir la légende qu'il devient à la fin.
Oui, c'est un parcours christique que les scénaristes ont écrit pour le héros.
Le "rises" du titre n'est pas là par hasard. L'ascension du chevalier noir est même largement traduite visuellement dans le film : par exemple, quand Bruce sort son costume de Batman, celui-ci monte carrément du sol. Même la prison dans laquelle il finit est une métaphore visuelle de son ascension, un long puits quasiment impossible à escalader duquel il doit pourtant sortir pour aller sauver sa ville. Et quand enfin il revient dans sa ville, il demande au commissaire Gordon d'allumer une traînée de feu qui s'élève depuis le sol jusqu'à former le symbole de Batman sur l'un des ponts de Gotham.

En y regardant bien, on a presque l'impression de se retrouver devant un film choral. Si ce n'est que Bruce Wayne reste le personnage le plus important. Mais on pourrait dire qu'il y a 4 personnages principaux dans le film : Bruce Wayne, Selina Kyle, John Blake et le commissaire Gordon. Leurs histoires s'entrecroisent mais tous ont la particularité de se positionner par rapport au symbole Batman.
Bruce Wayne, même si évidemment il est le Batman, il n'apparaît en tant que tel finalement que 3 fois dans le film. Pour son personnage, il s'agit plutôt des conséquences de sa vie en tant que Batman. Au début du film, il est reclus chez lui, hanté par son personnage qu'il n'a jamais su quitter, attendant une occasion de le reprendre. Plus tard, Batman sera une motivation, une sorte d'objectif à atteindre pour pouvoir aller sauver sa ville.
Pour John Blake, jeune flic optimiste, le symbole Batman agit aussi comme une motivation. Idéaliste, il est bien loin des flics corrompus vus dans les 2 précédents volets. Il croit encore en Batman, même quand on lui dit que le héros à tué 5 personnes et Harvey Dent. Cette foi en la capacité d'un homme à faire le bien va le pousser tout le long du film, jusqu'à ce qu'il comprenne que s'il veut continuer il devra porter un masque, comme le lui dit Batman...
Pour Gordon, vieux flic usé par toutes ces années mais aussi par le mensonge qu'il a du proférer pour sauver Gotham, Batman était devenu un partenaire, "qui se battait à ses côtés". Lui aussi est hanté par Batman, plutôt par son absence d'ailleurs. Le retour du héros agit comme un symbole d'espoir pour lui.
Enfin Selina Kyle, c'est moins évident pour elle car elle semble ne croire en rien et suivre sa propre voie. Pourtant elle va changer au long du film au contact justement de ce héros extraordinaire. Elle qui ne voulait finalement que sauver sa peau va se retrouver à en faire plus et aider à sauver la ville...
La beauté de la chose, c'est que, si ces trois autres héros ont tous une motivation en rapport avec Batman, ils vont aussi tous les trois pousser Batman à reprendre du service. Et Selina Kyle va même être, malgré elle, le déclencheur de la chute du Chevalier Noir...






Avis sur le film

À la suite de ma première projection du film, en avant-première au Grand Rex, je suis ressorti complètement sonné par ce que je venais de voir. Il a fallut que je retourne le voir pour mieux assimiler les différents aspects du film, en passant bien évidemment par la case IMAX.
Je ne dirais pas ici si TDKR est meilleur ou non que The Dark Knight.
Pour moi ce sont deux films différents et je n'arrive pas a me décider sur lequel des deux je préfère...
Car si The Dark Knight était un thriller urbain doublé d'une réflexion sur le bien et le mal (et du passage de l'un à l'autre); TDKR est un film épique et guerrier doublé d'une réflexion sur le statut de légende d'un héros. Et aussi sur cette question : quels événements, dans notre société actuelle, pourraient pousser un héros à s'élever ?
Le héros ici n'est pas seulement Batman. N'importe qui peut-être un héros, comme cette personne qui recouvre de son manteau les épaules d'un petit garçon pour le réconforter. Batman lui-même pourrait être n'importe qui, c'est la signification du passage de flambeau de la fin.
On comprend mieux le choix des scénaristes d'avoir intégré autant de personnages principaux dans le film...
Le scénario est dense, on le sent même parfois dépasser le cadre de la durée du film, qui pourrait très bien durer 4h. Du coup, même avec 2h44 de film, on se retrouve parfois avec des ellipses frustrantes, comme si les scénaristes avaient été obligé d'opérer des coupes franches pour rester en dessous des 3h. Mais au final cela n'enlève rien a la qualité du scénario, le tour de force ici est d'avoir intégré et digéré autant d'influences et de références pour servir celui-ci. À commencer par les comics, le nombre incroyable d'éléments repris, (comme les origines de Bane, ou son histoire avec la ligue des ombres et Talia) et transformés pour former un tout cohérent dans cet univers plus réaliste. De même le personnage de John Blake, qui finalement se prénomme Robin et semble reprendre le rôle de Batman à la fin du film. Dans le comic, Dick Grayson, le premier Robin, reprend le costume de Batman après que celui-ci ait disparu dans une faille spatio-temporelle, tout le monde le croyant mort. On sait que Nolan ne voulait absolument pas de Robin dans son histoire. Et finalement il a tenu parole avec cette astuce, en prénommant son personnage Robin, il ne le fait pas passer par la case "sidekick de Batman" mais reprend l'histoire de la BD en le laissant investir la batcave.
Quant à la référence avouée à l'œuvre de Dickens, Le Conte des Deux Cités, elle permet de cimenter le récit, d'offrir un cadre qui permet de voir évoluer Bruce Wayne, de le voir se transformer au long du film de paria à légende.
Et d'ailleurs, est-ce une bonne fin ? En tout cas, elle conclut l'histoire de Bruce. Le net est divisé sur la fin, beaucoup croit que le héros est bel et bien mort et qu'il s'agit d'une imagination d'Alfred. J'y ai cru au début mais j'y crois de moins en moins. Dans tous les cas, Nolan aura au moins tué un héros, car si Wayne vit toujours, Batman est bel et bien mort dans cette explosion nucléaire. Le symbole est mort, le faisant accéder au statut de légende, Bruce Wayne peut tenter d'avoir une vie normale pendant qu'un autre se chargera de continuer sa croisade. Je pense que c'était la meilleure fin possible.
À propos du casting, rien à dire. Bale est impressionnant, passant du milliardaire tourmenté au héros à la voix rauque et agressive, en passant par l'homme torturé, il est impeccable dans tous les rôles qu'impose Bruce Wayne/Batman.
Anne Hataway en Selina Kyle était la crainte du casting, elle est excellente et s'intègre très bien dans cet univers, incarnant une catwoman forte, roublarde mais aussi parfois fragile.
Le trio des vieux sages, Oldman/Caine/Freeman, incarnant chacun une figure paternelle pour Wayne, est encore une fois sans faille. Avec une mention spéciale pour Michael Caine dans le rôle d'Alfred, rôle qui était sous-exploité dans les précédentes versions de Batman au ciné, il réussit à nous mettre les larmes aux yeux à deux reprises, quand il constate qu'il a échoué à détourner son "fils adoptif" de la sombre voie qu'il s'est choisit.
Quant à Tom Hardy, pas facile de marquer le spectateur le visage caché tout du long par un masque. Pourtant il en impose sévère en Bane, bien loin du ridicule du "Batman et Robin" de Schumacher. Il est colossal, menaçant, ses coups font mal et ses yeux glacent le sang. De même que sa voix, très travaillée, qui rajoute à l'identité du personnage.
Le seul point noir de l'ensemble du casting : Marion Cotillard. Même si pendant tout le film son jeu, sans être extraordinaire mais ça vient de son personnage finalement, reste toujours dans le ton juste, malheureusement elle rate en beauté sa sortie et ne se fera remarquée que pour ça dans ce film. Peut-être n'est elle pas habituée à simuler la mort, mais les torts sont partagés avec Christopher Nolan : étant réalisateur, il est en charge de la direction d'acteur. Une scène comme ça, normalement, on la refait jusqu'à ce que ça marche, d'autant plus que le reste est impeccable.
Pour revenir sur la réalisation de Nolan, d'ailleurs, il maîtrise ici largement son sujet. On regrettera juste la mort de Cotillard, donc, mais aussi la bataille finale des flics contre les mercenaires, vite expédiée. Pour le reste, c'est du haut niveau, dans les scènes intimistes qui touchent par leur sobriété, comme dans les scènes d'actions, spectaculaires et brutales. À l'image du combat central : jamais je n'avais eu aussi mal pour un héros dans un film. D'ailleurs il est important de saluer, surtout à notre époque, sa volonté de ne jamais céder à la technologie. Refuser la 3D et privilégier le tournage en pellicule et IMAX, c'est salvateur.
De même que sa volonté de privilégier les effets spéciaux mécaniques, comme cette incroyable scène d'ouverture, tournée réellement en Écosse, ou encore ce stade qui explose (bien que le trou soit rajouté numériquement), ou encore l'utilisation d'une impressionnante quantité de figurants sans jamais les multiplier numériquement, ça rajoute à l'impact visuel, au fait qu'on y croit. Et le film vieillira sûrement mieux comme ça...
D'ailleurs depuis Batman Begins, le réalisateur s'est amélioré dans son découpage de ses scènes d'action et le tout est très lisible, sans effet "caméra à l'épaule" qui est bien souvent utilisé à tort et à travers.
Certains pourront aussi regretter la présence finalement limitée de Batman, mais pour moi ça ne gêne en rien, car l'idée du film est de représenter Batman comme un symbole qui la plupart du temps à une signification particulière pour les autres personnages du film, donc même si on ne le voit pas, il est toujours présent, du moins en tant qu'idée. Et lorsqu'il apparaît à l'écran, c'est souvent par les yeux d'un autre personnage, comme ces deux flics la première fois qu'on le voit sur sa moto, ou encore Selina Kyle quand il vient l'aider contre les mercenaires. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Nolan choisit de filmer Selina Kyle en train de se battre tandis que Batman est seulement visible en arrière plan. Pareil quand il vient sauver John Blake, la caméra se concentre sur son visage ébahit, donnant l'impression que, lorsque Nolan se tourne vers Batman en train de mettre au tapis ses ennemis, on regarde le combat par les yeux de Blake.
Il n'y aura qu'à la fin, et ce plan cru sur le visage de Batman dans son vaisseau, traînant la bombe, avec ce regard d'acceptation et de détermination, ou le spectateur se retrouve enfin seul avec lui.
Ce dernier plan ou l'on voit Batman, qui semble accepter sa mort, même si symbolique, après avoir sauver sa ville.
Aussi ouverte que soit la fin, d'ailleurs, pour l'univers du film en lui même, ou l'on comprend que Blake sera le nouveau Batman, l'histoire de Bruce Wayne, entamée avec Batman Begins, quant à elle, est belle et bien terminée. On nous laisse entrevoir sa vie possible loin de Gotham City, par les yeux d'Alfred.
Et pour moi, c'est bien la meilleure des fins que l'on pouvait avoir sur cette trilogie d'exception.

Pour finir cette chronique et pour, encore, insister sur Le Conte des Deux Cités et l'influence de cette histoire sur le film, je vous mets ici le discours de James Gordon lors de l'enterrement de Bruce Wayne, qui est une citation de la toute fin du livre de Dickens et qui colle parfaitement :

"Je vois une cité splendide, une nation glorieuse et prospère, sortir de cet abîme; et par ses luttes pour conquérir la liberté, par ses triomphes et ses défaites, je vois cette nation expier graduellement, puis effacer à jamais les crimes de cette époque sanglante, et ceux des temps anciens qui ont engendré ces fureurs [...]
Ce que je fais aujourd'hui est infiniment meilleur que tout ce que j'aurais fait dans l'avenir, et je vais enfin goûter le repos que je n'ai jamais connu."
francklalieux1
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le 9 août 2012

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Franck Lalieux

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