The Dark Knight Rises

En comparaison au précédent volume, l'attente du film ne m’était personnellement pas insoutenable. C'est plutôt la peur de me faire spoiler qui m'a poussé à le voir rapidement. J’étais toutefois curieux de voir comment Sir Nolan comptait clore sa trilogie, notamment puisque ce volet final fait directement réponse à l'intrigue et aux thématiques du premier chapitre de la franchise :
Quelle est la solution pour faire régner la justice et triompher du mââââl avec un grand "M" ? Doit-on tout terrasser pour reconstruire une ydille sur les cendres de l'ancien monde corrompu ? Où existe t-il un espoir, une alternative au problème ?..

Le film chute selon moi dans son final. Annoncé par beaucoup comme les « folles/incroyables/dantesques 45 dernières minutes », cette partie court-circuite (encore une fois selon moi) toute la tension et les enjeux amenés progressivement durant les 2 heures qui précèdent. Et ceux sur plusieurs points :

Premièrement le combat final : Annoncé comme effroyablement puissant et presque invincible lors de leur premier affrontement, Bane aurait dû être un opposant bien plus imposant dans ce combat. Un adversaire redoutable qui écraserait à nouveau Batman sans difficultés. Et c’est dans un état critique que le dark knight aurait du parvenir (en flirtant avec la peur et la mort) faire chuter Goliath.
Imaginez un instant ce scénario alternatif : Batman commence dès sa première droite à mask-puncher Bane en plein dans son point faible. Ce dernier ne vacille toutefois aucunement et parviens malgré son handicap à terrasser notre chevalier noir. Batman finit finalement par se salir les mains avec toute sa fougue (« without the rope ») et kravmagate son adversaire jusqu’à ce que ce dernier respire (à défaut de pouvoir mordre) la poussière.
Le film opte hélas pour le contraire, laissant Batman triompher par la ruse (réduisant considérablement l’héroïsme et l’épique de la séquence).

Ensuite, concernant les révélations scénaristiques de dernières minutes : En effet (twist dérisoire oblige), le véritable grand vilain, orchestrateur de cette opération machiavélique n’était pas Bane mais bien Marion Cottillard. Je me permets de nommer ainsi son personnage puisqu’hélas, l’actrice à tendance à déteindre sur ses rôles. Gâchant comme à son habitude (vous avez dit Inception ?) toute tension dramatique dépendant de ses personnages…
Ces révélations finales ont comme conséquences de déléguer l’importance (et la prestance) de Bane sur les épaules frêles de Cottillard (qui se fera un plaisir de ne pas être convaincante). Bane de son côté, finira (délaissé par le scénario) par mourir incognito (j’ai personnellement pris conscience de son sort en sortant de la salle).
C’est d’autant plus dommage puisque ce changement de statut amène un certain nombre d’interrogations autours de l’autorité de Bane ; précédemment établie à travers de nombreuses situations. Notamment au sujet de ses sbires prêts à se sacrifier pour lui sans hésiter un instant ! Quelle était vraiment leur motivation au final ?

Enfin, par cette fin qui témoigne de la (regrettable) incapacité de Nolan à présenter l’héroïsme de la figure qu’il narre. Il n’est pas parvenu à cerner et à représenter la dimension épique et héroïque du personnage. Nous livrant à la place le portrait d’une figure inutile et remplaçable : L’introduction de Robin sous-entend que le mal ne fut pas entièrement vaincue, qu’il existera toujours des menaces (cf le speech final du Joker) et que son opposant est interchangeable ; que tout le monde peut endosser le rôle du Dark knight en définitive. Or non. Batman, comme toutes les autres figures héroïques, doit avoir un truc en plus, le petit grain qui fait que l’on ne peut l’atteindre. Le grain qui nous oblige alors à lever la tête pour l’admirer*. C’est sur ce point que de nombreux réalisateurs se foirent mais j’aurais espéré que Nolan (tel un Sam Raimi dans Spiderman 2) parvienne à faire apparaitre à l’écran ce grain d’héroïsme nécessaire pour clore majestueusement la trilogie…
Le happy end était personnellement un soulagement puisque le sacrifice de Batman est si vite expédié qu’il aurait été scandaleux de conclure ainsi. Non pas parce qu’il est interdit de tuer Batman, mais parce qu’il serait honteux mettre en scène son décès de manière si fade et piteuse (Josh Whedon s’en sortait limite mieux dans Avengers).


Toutefois, comme évoqué au tout début, les 45 dernières minutes gâchent les deux heures qui les précèdent. 2h qui elles sont d’une grande qualité durant lesquelles j’ai « kiffé ma maman ». Scènes d’actions impressionnantes et dantesques, intrigues policières prenantes et vilain assez à la hauteur pour que l’on oublie l’ombre de son prédécesseur... Le volet final est bien au dessus des nombreuses productions concurrentes. Essentiellement grâce à son auteur qui reste un réalisateur aux balls assez prononcées. Le résultat reste selon moi tout de même largement surestimé.


* La séquence répondant selon moi le plus à ces attentes reste celle où Batman, encerclé par les forces de polices, remonte calmement sur son batpod
Luciole
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le 3 août 2012

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le 3 août 2012

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