La deuxième fois, c'est toujours mieux.
La deuxième vision aura été meilleure. La deuxième fois, on sait à quoi s'attendre, on est pas excité par l'incroyable promo qui nous promet le film du siècle, que dis-je, le meilleur film de l'histoire du cinéma. Cette fois-ci, j'y suis allé avec aucune attente, seulement celle de l'apprécier à sa juste valeur, et ça a marché.
Le film n'est pas parfait, loin de là. C'est même très largement le moins bon des trois. Mais comme je l'avais déjà observé la première fois, ce n'est pas un mauvais film, loin de là. C'est réellement un bon film. Bien meilleur que bon nombre de blockbusters. Tout comme Inception, en fait, c'est un bon film, mais aux défauts et à la prétention trop grandes pour ne pas être énervé en sortant de la salle. Mais évidemment, on aimerait que tous les blockbusters ressemblent à ceux-ci.
Le fait est qu'on ne peut s'empêcher de voir dans ce film une lassitude de Nolan. Surtout dans le scénario. Les raccourcis vont bon train, certaines incohérences sont plutôt choquantes (même si, à la deuxième vision, on se rend compte de certains détails vraiment intelligents dans des scènes qui énervent internet entier alors qu'il n'y a pas de raison, je pense évidemment à la scène de la charge héroique finale). Mais surtout, le traitement effectué pour le personnage de Marion Cotillard et sa relation avec Wayne est juste horrible. C'est expédié comme pas possible, c'est limite ridicule. Sans parler des twists à la pelle qui finissent par arracher de gros rires dans la salle.
Ensuite, on a le mixage sonore, encore une fois foiré. La musique couvre les voix, quand y a des détonations, le mal de tête arrive... Et les scènes d'action, Nolan ne sait toujours pas les filmer. Il a un problème avec les fusillades. Il arrive à faire pire que celles d'Inception. Mais les combats, eux, filent une gaule que l'on a pas beaucoup eue au cinéma cette année. Le premier affrontement est d'une puissance et d'une intelligence remarquables. Son intensité n'est que plus accentuée par l'absence de musique. Un pari risqué, mais un pari réussi.
Pour autant, en face de ces défauts, on a une Catwoman franchement réussie (comme pour Heath Ledger, la communauté geek avait peur à tort de s'inquiéter par rapport à Hattaway), un Bane qui rappelle tantôt James Mason (dans la première partie du film), tantôt les pires méchants de BD exposant leur plan au gentil pour qu'ils puissent l'arrêter, et un Wayne auquel on s'est rarement autant attaché. Christian Bale signe sa meilleure perf des trois films.
Mais tout de même, comment ne pas être déçu ? TDKR est un bon film, c'est clair, et jusqu'aux 20 dernières minutes, on peut dire que c'est une bonne fin à la trilogie. Mais ces 20 dernières minutes ne sont absolument pas une bonne fin. Au contraire. On est horrifiés de bout en bout. Nolan nous enchaine, nous sort un combo du feu de dieu, de tout ce qui peut énerver, faire rire, dégouter, le spectateur. Les twists, l'interprétation, les flashbacks... Tout y passe pour bien nous dégouter. A croire que la lassitude dont je parlais plus tôt se faisait encore plus ressentir au fur et à mesure que l'écriture du script avançait. Et d'ailleurs, c'est clairement ce que l'on ressent. Après le premier affrontement, ça redescend comme un soufflé, après la prison, le soufflé est aussi plat que l'interprétation de Cotillard, et au début des twists, il n'y a même plus de soufflé. Juste une assiette vide, creuse, triste.
Un bon film, certes, mais une mauvaise conclusion.