J'aurai attendu longtemps avant de pondre une critique, histoire de prendre un peu de recul sur l'un des évènements cinématographiques de l'année. Si en sortant de la salle, ma satisfaction était bien présente, conscient d'avoir vécu 20 dernières minutes très prenantes, aujourd'hui j'ai plutôt le sentiment d'un film inachevé.
En premier lieu, parce que certains choix scénaristiques opérés par Christopher Nolan sont contestables : en faisant sombrer Batman plus bas que terre, en ôtant toute dimension héroïque au personnage (certes, c'est tomber pour mieux se relever), Nolan ne nous présente plus un film de superhéros (blockbuster à la Spiderman), mais nous offre une histoire plus intimiste, basée sur la rédemption.
Mes attentes n'ont donc pas été totalement comblées : où est passé ce Batman poutrant la race de tous les méchants ? Où sont passées les scènes d'action virevoltantes, haletantes ? Nolan a préféré rester sobre, et hormis le grand final, certaines longueurs se font ressentir. Si on ne s'ennuie pas vraiment, on n'est pas non plus rassasié.
Par ailleurs, ce Batman est bien trop bavard, et accumule les temps faibles, plutôt que d'alterner temps forts/temps faibles. : c'est bien de voir Batman dépouillé de toute épaisseur héroïque, mais une fois qu'on a compris, faut tourner la page. Je préfère voir un Sam Raimi assumer entièrement le côté "grand spectacle visuel et auditif", plutôt que de voir un Nolan assumer pleinement le 1er degré et persister dans le pessimisme.
Ce qui m'a le plus posé problème, vous l'aurez compris, c'est la gestion du personnage. Nolan fait de Batman un humain, un mortel, avec ses défauts, ses faiblesses, si bien qu'il devient interchangeable avec n'importe qui. C'est d'ailleurs la morale finale : une part de héros veille en chacun de nous si on veut bien y croire. Du coup, tu peux mettre l'inspecteur Derrick à sa place, il te sortira le même boulot. BATMAN EST UN PUTAIN DE SUPERHEROS CENSÉ ENVOYER LE PÂTÉ BORDEL §§§
Du coup, on a plus l'impression d'être devant un film d'action, assurant le cahier des charges, au lieu d'être devant le meilleur film de superhéros de ces 10 dernières années. Plutôt frustrant. Surtout que Nolan incruste quelques éléments très conventionnels : une bombe nucléaire censée rayer Gotham de la carte (dont le compte-à-rebours de finit plus de tourner), c'est pas très très original, quand on pense que Nolan est capable de nous pondre des idées géniales...
Après Le Chevalier Noir, c'est une nouvelle fois le méchant qu'on préfère. Bane n'a rien à envier au Joker, et faut vraiment être bête pour oser comparer ces deux personnages qui n'ont absolument rien en commun. Bane est plus inquiétant, Bane est plus méchant, Bane est plus malin ; fini de rigoler : Bane veut taper fort. Et c'est très justement que Batman va en chier à mort.
Enfin, la présence d'Anne Athaway en Catwoman est fort plaisante, il est simplement dommage que son rôle ne soit pas plus important et plus mis en avant. Ses courbettes sont très alléchantes et la souplesse des chorégraphies parvient à mettre son beau corps en avant (*bave*)
Au final, The Dark Knight Rises, sans être vraiment mauvais (ça reste un "bon" film), s'avère être surtout frustrant, car on aurait aimé cet authentique chef-d'oeuvre tant attendu, tant espéré de la part de ses fans. Mais il en est rien : Nolan a joué la carte de la sobriété, en mettant en avant la narration. Les ambitions affichées restent décevantes, et ce Batman a juste le mérite d'être propre sur lui. Comme clôture et bouquet final, on attendait mieux que ça.
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