Quand je suis sorti de la salle de ce film à l'été 2012 j'ai été scandalisé, Batman était "mort" une seconde fois après le ridicule "Batman et Robin" de Schumacher, je me demandais comment pouvait on tourner tellement en merditude le mythe du chevalier noir, "The Dark Knight" ne m'avait pas vraiment charmé moi qui ai grandit avec les opus graphiques de Burton, mais gardait une efficacité indéniable, tandis que ce "Rises" tombe dans ses propres déviances, jouissant à l'époque d'une promo assommante il perd toutes les qualités qu'avait forgé Nolan dans ces deux précédents films.

[Revisionnage]

Batman est cette fois ci confronté à une nouvelle menace, celle de Bane, un terroriste bodybuildé au masque respiratoire qui en veut à cette pauvre ville de Gotham, le chevalier noir va devoir revenir prendre du service pour s'interposer face à cette montagne de muscles et empêcher que le chaos l'emporte.
L'ordre établi est encore mis à mal, sur certains points c'est presque un remake de "Dark Knight", ce qui apporte une redondance évidente, Batman tente à s'élever mais le film régresse, Nolan ne prend plus de risques et multiplie les maladresses, déjà de mise en scène, ce type est certes un bon réalisateur mais un bien piètre metteur en scène, cette fois ci pas de Heath Ledger pour cacher la forêt, Bâle est toujours aussi peu charismatique dans son costume et Tom Hardy malgré sa carrure et son talent peine à donner une profondeur à ce méchant (d'ailleurs totalement réécrit pour les besoins de cet univers tangible), et puis cette musique insupportable c'est juste pas possible, Zimmer arrive même a intégrer une partition épique pour une scène d'amour, n'importe quoi; Nolan donne au spectateur ce qu'il veut, des thématiques qu'il connait déjà et qui ont fonctionné, mais justement il en fait trop, ça tombe dans la caricature, c'est le terrorisme nucléaire qui est cette fois abordé, carrément, mais encore faudrait il connaître un minimum le sujet, oui car une bombe à neutrons qui même explosant à des kilomètres émet des radiations qui ont un impact important voir implacable sur l'éco-système, pas de quoi applaudir Gotham, et puis pour faire 10 km en moins d'une minute le Batwing doit en avoir sous le capot. Ça fait parti des nombreuses incohérences que contient ce film, comme de trouver ce fameux Batwing dans une impasse sombre pour semer les flics, de générer miraculeusement une moto dans un bâtiment, de tomber volontairement d'un toit sans savoir qu'un élévateur va te sauver, bref il y en a à la pelle, pas d'excuses, cet opus ne s'est pas transformé en film fantasy après avoir tellement bosser pour créer cet univers semi-réaliste, non non c'est juste de la bêtise.

Et autre gros défaut, ce film est long, mais looong, c'est d'un poussif incroyable, faut vraiment se donner des claques dans la gueule pour rester un minimum captivé par cette absence de tension, la bande son uniforme sert de berceuse, c'est dur, beaucoup de dialogues inutiles faisant clairement office de remplissage, pourquoi faire long et genre "plus de 2h30 voilà ça c'est une fresque épique de qualité !" non c'est lourd, trop lourd pour ce genre de format, quand tu n'a pas d'idées tu assume, c'est un camouflet.
Nolan ne sait plus quoi faire du héros qu'il a construit, Batman va donc se prendre une fessée par Bane pour pouvoir revenir plus fort tel Rocky avec Drago, schéma typique, et au milieu de tout ça deux personnages féminins vont se placer pour faire tourner la tête de Bruce "Batman" Wayne, Miranda Tate, membre du conseil d'administration de Wayne Enterprises et Selina Kyle voleuse à son compte, la première est interprétée par une Marion Cotillard à côté de ses pompes, actrice talentueuse sabordée par la médiocre mise en scène de Nolan, déjà quelconque dans "Inception" elle n'est pas gâté avec lui décidément; et la seconde jouée par Anne Hathaway qui arrive à ne donner strictement aucune personnalité au personnage de Catwoman, même pas un gramme de sensualité, c'est sensé être une femme "sauvage et féline", mais là elle porte juste un costume noir moulant c'est tout, ça pourrait être Batgirl ça serait la même, et puis trop de punchlines débiles qui n'aident certainement pas à l'aider à la rendre crédible, cette Catwoman ci est tronquée, bafouée et inutile, zéro charme.

Le pire reste cette dernière demi heure, à partir du round 2 entre Batman et Bane, où les combats sont chorégraphiés au millimètre, mais c'est tellement calculé que c'est visible, et les autres autour c'est a mourir de rire, c'est tellement cliché, l'univers est nanardisé, et c'est pas cette neige tombant sur Gotham qui va apporter un degré esthétique supérieur, mais on se rend compte qu'un drame se déroule sous nos yeux, Batman se bat ... de jour ! Oui de jour ! Grande première, Nolan ose, mais à force de faire sa tambouille qui n'en fini pas il en oubli les principes fondamentaux de l'univers Batman, c'est un justicier NOCTURNE, le chevalier noir tapis dans l'ombre, et on va nous faire croire que c'est un film "sombre", non c'est juste un putain de sacrilège !
Ensuite tout va s'enchaîner, des morts repoussant les limites du ridicule, on parle souvent de celle de Cotillard mais celle de Bane est tout autant bidon, un personnage qui est évoqué avec une telle puissance se fait éjecter de l'histoire comme un moucheron, c'est torché quoi, le final semble tourner en roue libre, le twist Talia al Ghul, la séquence de la bombe nucléaire, le rêve d'Alfred, le personnage (inutile au possible) de Gordon-Lewitt qui s'appelle en fait Robin ... Bref, un cirque ! Le film n'était déjà pas vraiment captivant mais si en plus on le termine de cette manière en lâchant autant prise le constat est tout de même assez alarmant.

"The Dark Knight Rises" est donc raté, Christopher Nolan s'est perdu lui même dans sa propre ambition de reconstruction du mythe Batman, il s'est contenté de recycler en se disant que ça aller passer vu qu'il avait déjà le public dans sa poche, ce même public qui lui a pardonné ce volet pour ne pas salir la trilogie, totalement hypnotisé par l'aura de ce "nouveau Spielberg" qu'il faut laisser sur son piédestal, mais c'est pas forcément lui rendre service, en tout cas j'espère tout de même qu'il s'est rendu compte des défauts de son long métrage pour réagir et ne pas récidiver à l'avenir, "Interstellar", nouveau concept, pointe le bout de son nez et il serait de bonne augure de faire enfin des efforts pour remonter la pente.

Créée

le 1 avr. 2014

Modifiée

le 13 oct. 2014

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JimBo Lebowski

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