L'Ange Noir
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Je mentirais en disant que je ne prends pas plaisir à revoir le film de temps en temps, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Je laisse le divertissement parler, et n'apprécie que du bout des yeux. Ne surtout pas regarder le fond, ni trop la forme d'ailleurs.
Parce que sinon, c'est fou comme ce film est prétentieux en se voulant brillant, alors qu'il est con comme c'est pas permis en enfilant les incohérences les plus crasses et les scènes les unes derrière les autres sans souci de continuité, ou tout simplement sans conclure ses scènes. On a ainsi un Joker sans véritable moyen qui voit tout, est partout, prévoit tout, et un Batman sur-gadgeté qui ne le trouve jamais. N'importe quoi. Un Joker qui rallie à lui la pègre (hein ?), transformant des gangsters en anarchistes désintéressés (quoi ?), et se reposant sur des aliénés pour exécuter des plans sophistiqués (ah ?). La logique la plus élémentaire jetée à la poubelle. Formidable.
Nolan s'approprie des comics plus intelligents que lui, les référence à peine comme s'il livrait une version définitive, les pille et les transforme pour aboutir à un travestissement complet ; on retrouve des morceaux des comics, mais ils n'ont pas le même goût, pas la même portée, ni la même modestie. Ce n'est pas une version cartoon comme les films de Burton, enfantine comme chez Schumacher. C'est Nolan qui réinvente Batman ; attention, avant moi, c'était rien !
Batman est un monde fermé sur lui-même, bien que parfois avec des ambiances réalistes et des échos avec notre actualité. Nolan l'ouvre pour parler de thématiques contemporaines, sorte de Monde Moderne expliqué pour les Nuls, avec des gars déguisés pour les cancres qui veulent pas se fatiguer à voir de vrais films sur le sujet. The Dark Knight Rises sera du même moule, rencontre improbable entre le terrorisme et le cosplay.
Et c'est tellement sérieux, avec des incohérences énormes et des facilités scénaristiques à la pelle, un pseudo-réalisme de surface et cet humour pince-sans-rire de gentleman de la haute alors que le film n'a jamais peur de recourir au grand-guignol (avec des motos à grosses roues qui font des demi-tours sur les murs), que Nolan en devient un réalisateur imbuvable, inconscient de sa totale connerie et de l'incompétence terrifiante de ses scénaristes, ce qui sera confirmé par Inception et Interstellar, où les limites du n'importe quoi sont repoussées encore plus loin. Tout est tordu pour faire passer les messages du réalisateur, tout est cassé en deux, rafistoler n'importe comment. En surface rien ne tient debout, mais il y a un aplomb certain dans la présentation.
Nolan, revendeur d'automobiles d'occasion, a le don de faire passer ses tacots pour des Ferraris.
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le 10 juil. 2016
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