Critique : The Dictator (par Cineshow)

Sacha Baron Cohen est de retour dans un quatrième « film » après Ali G, Borat et plus récemment Brüno, sans doute le plus trash de tous. Ses projets étant tous plus improbables les uns que les autres, il fallait donc s'attendre à ce que lui et son complice, le réalisateur Larry Charles, nous concoctent encore un nouvel OVNI. A peine annoncé, le projet de The Dictator (rien à voir avec Chaplin) faisait déjà l'objet des attentions les plus vives de par son sujet, surfant sur un thème pour ainsi dire à la mode. Fini le bob jaune fluo de Brüno, bonjour la barbe ostentatoire, et c'est parti pour un nouveau rollercoaster dont la limite du bon goût ne semble jamais assez loin.

Cette fois-ci pure fiction, The Dictator évoque donc la vie New Yorkaise de cet homme déchu de son pouvoir lorsqu'il fut rasé par un garde du corps peu consciencieux. Véritable anonyme dans Big Apple alors qu'il se rendait aux USA pour signer un traité particulier, il va faire la rencontre des autochtones locaux pour le pire et rarement pour le meilleur. La recette est donc identique à celle d'avant même si le traitement diffère, puisque The Dictator est à nouveau un regard porté sur l'Amérique par un personnage tiers atypique. En s'affranchissant de passages réels qui faisaient aussi la force des précédents films, le film de Larry Charles dispose d'un scénario un peu mieux construit, ressemblant un peu moins à une succession de sketchs que les autres fois. De fait, pris dans sa globalité, le film demeure un peu plus homogène mais perd en spontanéité, un mal pour un bien.

Avec cette histoire de complot visant à ramener le royaume du bonhomme à la démocratie pour pactiser avec la Chine, le tout sous le joue des militaires mené par Sir Ben Kingsley (je vois tout le monde sourire déjà), The Dictator tourne une nouvelle fois en dérision l'Amérique et plus particulièrement, le comportement de ses habitants. Car plus qu'une critique acerbe faite de généralités, les films de Baron Cohen ont pour eux de favoriser une approche très « strip tease, l'émission » à savoir faire des habitants les propres acteurs de cette moquerie un peu trash. Et même si ici tout est scripté, on retrouve ce qui avait fait la force de Brüno ou Borat à savoir un panel de personnages secondaires relativement risibles et se décrédibilisant d'eux même via leur répliques. S'enchainent ainsi les militaires extrémistes, les écolos babacools, les gros américains paranoïaques dès qu'un non-blanc s'adresse à eux, le tout saupoudré bien entendu de l'humour raciste anti-juifs, anti-chinois, anti-tout que l'on connait aux films du bonhomme.

Un contexte forcément peu favorable à notre personnage mais qui renouvelle l'exploit de lui conférer une certaine sympathie comme on pouvait avoir pour ses deux créations précédente et ce malgré le coté en tout point détestable de ce général Aladeen. En pointant du doigt les excès des Américains, Sacha Baron Cohen arrive à se mettre dans une position de candide face à une population bourrée de préjugés. La tendance s'inverse (tour de force) et c'est finalement l'Amérique toute entière qui semble jouer le rôle du méchant face à ce gentil dictateur, plus proche de l'enfant gâté débile que de Sadam Hussein.

Ne reculant jamais devant la grosse vanne qui tache (au sens propre et figuré, vous comprendrez en voyant le film...) The Dictator contient son lot de séquences salaces provoquant les rires nerveux de la salle ou le dégout, au choix. Et si tout n'est pas aussi « violent » que dans Brüno, le fait est que l'on se marre quand même pendant l'heure vingt que compte le film. Avec ses personnages atypiques et drôles (Ben Kingsley ou Anna Faris) et ses multiples caméos (Megan Fox (faisant preuve d'une auto-dérision salvatrice), Edward Norton, John C. Reilly et j'en passe), The Dictator est une œuvre dans la plus pure tradition des films de Baron Cohen. Et même si le film gagne en narration en choisissant un axe moins reportage mais plus traditionnel, on regrettera que quelques séquences live n'aient pas été introduites. Sans doute moins percutant qu'avec ses premiers films car la recette est désormais connue, le comique fou arrive malgré tout à faire de ce Dictator un must see, ne serait-ce que pour le voir déambuler de son corps effilé et de sa barbe touffue en dictateur dans les rues New Yorkaise précédé par quelques chameaux, des top modèles armées en treillis et des hummers plaqués or...
mcrucq
7
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le 17 mai 2012

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Mathieu  CRUCQ

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