Grand vainqueur de l'édition 2010 du festival de Gerardmer, ce film allemand a gagné en notoriété plusieurs années après, grâce à la présence dans le rôle principal de Mads Mikkelsen. En effet celui-ci est sur-exposé depuis son incarnation du nouvel Hannibal (série US lancée en 2013). Cette dynamique a également permis de voir les Pusher et le Valhalla Rising de Winding Refn au centre de nombreuses attentions, suite au phénomène Drive.


Film-concept tripatouillant des paradoxes spatio-temporels (avec une porte ramenant cinq ans en arrière), Die Tür est peu à l'aise avec son grand sujet. Il évite de philosopher dessus mais prend peu de risques par ailleurs, une fois dégainés ses quelques gadgets. Le travail essentiel consiste à gérer un suspense sans grand relief, forçant d'autant plus à préparer quelques déballages qui eux-mêmes se dégonflent pour justifier de pauvres effets. Gros fossé donc entre la démesure du postulat et le résultat très plat. Les meilleurs points sont du côté des compositions et des ambiances, les premières étant particulièrement peu aidées (personnages faibles).


Sporadiquement surgissent des scènes de 'cauchemar' pour certains, face à cette subversion du temps (Maya voyant un couple abattu par ses versions futures de lui-même). Ces percées sont toujours timides et se contentent de ponctuer une balade sans âme, plombant ses atouts par manque de goût et de conscience. Les couleurs sont tristes et crûes, la musique est celle du téléfilm ou du cinéma discount pour la télé le plus trivial, lorsqu'il se met à promettre des frissons et du bizarre. Les incohérences pourraient ajouter au 'mystère', malheureusement l'incohérence est souvent synonyme d'inconsistance ; ici c'est carrément de béances.


Que la gamine accepte si facilement son père venu du futur au détriment du père présent tué sous ses yeux est insensé ; bien sûr la thèse du film pourrait y gagner, mais en l’occurrence c'est plutôt l'inanité des caractères qui permet de tout faire passer, pendant que la thèse justement n'est pas nourrie. Tout ce qui la sert, c'est cette pioche dans les ramifications assez folles promises par l'idée de base. Le David plus vieux de cinq ans a certainement changé, on le dit d'ailleurs, concrètement on ne sait jamais trop bien en quoi. Le dernier acte bascule vers une oppressante étrangeté (la communauté de revenants) et s'achève de façon précipitée : un bon coup dans la machine et on en parle plus. Après tout on a pas trop su quoi en faire depuis une heure et demie.


https://zogarok.wordpress.com/2015/09/24/the-door-la-porte-du-passe/

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le 23 sept. 2015

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