S'il y a bien une chose que The Master m'a (encore) appris c'est bien de ne jamais kiffer avant d'avoir vu.
Lecon 1: Un bon réalisateur ne réalise pas toujours de bons films (ça paraît con comme ça... et pourtant)
Lecon 2: Un bon pitch n'est pas absolument pas synonyme de qualité (bien évidemment)
Lecon 3: Un casting de rêve ne suffit pas à meubler un film vide.

Je m'explique...

Considérant "There Will Be Blood" comme étant un des meilleurs films de ce début de siècle, je jubilais à la sortie du dernier film de Paul Thomas Anderson, criant à tout va le génie de ce réalisateur. Dans "There Will Be Blood", l'histoire d'un magnat du pétrole dans la Californie du début 19ème était absolument passionnante, servie par un Daniel Day Lewis magistral, rongé par la corruption et le vice. Bref, j'en attendais tout autant d'Anderson.

"The Master" c'est l'histoire d'une espèce de secte (La Cause) où règne religieusement un Maître sur une confrérie d'américains. Ce même Maître (Philip Seymour Hoffman) fait la rencontre d'un certain Freddie (Joaquin Phoenix), alcoolique dévasté par les remords et traumatisé par la guerre. Bref, c'est un type au fond du gouffre qui a besoin d'être sauvé. Débute, une sorte de rapport de domination et d'addiction entre le Gourou et son disciple, ce dernier buvant les paroles du Maître et obéissant à ses ordres, tant il a besoin d'être sauvé de ses névroses.

Seulement voilà. Tout le film repose sur cette approximation dérangeante et cette superficialité qui se voudrait énonciatrice. Le jeu de l'implicite ne fonctionne absolument pas et rend le film décousu à souhait. On s'y perd entre chaque plan, rien ne lie une scène à l'autre et les choix de mises en scènes n'aident pas le film. L'exploration de cette Dialectique du Maître et de l'Esclave est bâclée, c'est bien dommage. La rencontre entre les deux passe inaperçu et l'évolution de leur relation est tellement déficelée et faussement complexe qu'on aimerait en retenir que la scène dans les cellules de prisons.

Et malgré de très bon acteurs, ce film survolé nous barbe pendant 2h20 et on en ressort complètement vide.
MarouaneZemmour
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le 25 janv. 2013

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MarouaneZemmour

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