" Ça coule souvent ce genre de navire ? - En général, juste une fois. "
PTA continue l'entreprise qu'il avait entamé avec TWBB, faisant tendre de plus en plus son travail vers l’abscons. Travaillant dés le début de sa carrière sur le facteur espace-temps, après plusieurs expérimentations allant de la fresque au film choral, il pousse ici l'exercice encore plus loin en se libérant de tout cadre narratif classique en mettant en scène un récit elliptique et volontairement éclaté, recoupant l'esprit torturé de son personnage et multipliant les fausses pistes.
En réalité, le film ne semble pas réellement aborder le phénomène de la secte en tant que fait social, mais plutôt l'endoctrinement et la croyance en tant que phénomène propre. Le titre est d'ailleurs trompeur tant Anderson s'amuse à flouter les relations de pouvoir qui peuvent exister entre les personnages, tantôt maîtres tantôt esclaves.
Filmé dans un sublime 70mm, le travail sur la lumière et l'image est incroyable, les années 50 sont parfaitement reconstituées, avec une véritable patine qui donne une vraie couleur au film, qui sur ce point est irréprochable.
Aussi, la tonalité de film m'a semblé très absurde, et ce sentiment est renforcé par les composition de Greenwood faites de mélodies discordantes et de violons piqués, travail qu'il avait déjà entamé sur TWBB renforçant la sensation de dissonance du film. Cette dissonance, je l'ai perçu dans le personnage principal, un inadapté, incapable de se fondre dans le mouvement, même dans celui du maître, comme une fausse note, il ne va avec rien et il est désagréable. J'ai beaucoup pensé à Camus tant l'atmosphère de l'ensemble m'a semblé absurde, la majorité des dialogues et des situations n'ayant aucun sens, restituant sur ce point parfaitement l'esprit du phénomène sectaire, reposant sur le nébuleux et le vague.