Faire un film sur Facebook, réseau social tant décrié, peut paraître la fausse bonne idée par excellence. En effet, quoi de pire que de vanter les mérites de cette entreprise devenu au fil des années incontournable pour 500 millions d’utilisateurs en le réalisant d’un point de vu linéaire? C’est avec cette crainte que David Fincher et son scénariste Aaron Sorkin s’embarquent dans l’aventure.

Pour son 8ème film, David Fincher s’attaque à une entreprise fleurissante: Facebook. Le géant des réseaux sociaux est connu pour son interface typique mais beaucoup moins pour ses déboires juridiques et sa création même. C’est avec l’aide d’Aaron Sorkin au scénario que le cinéaste américain va essayer de revisiter le mythe autour de sa conception et de la personnalité de Mark Zuckerberg, son créateur.

En faisant l’exact inverse de ce qui aurait pu rendre le film monotone, le réalisateur offre une copie mature, bien mieux pensé qu’une simple biographie sur Zuckerberg qui aurait, elle, rendue un film redondant sans personnalité. De ce fait, deux brillantes idées sont sorties de la tête de David Fincher. La première a été de ne pas faire un éloge gratuit de Facebook mais bien de prendre du recul et d’analyser l’ascension de l’entreprise d’une manière neutre et totalement objective. Ce choix de ne pas imposer un point de vue prédéfini au spectateur en le laissant libre arbitre est clairement apprécié. La deuxième idée de suivre en parallèle les deux procès visant Mark Zuckerberg permet de faire monter dès les premières minutes la tension qui devient haletante au fur et à mesure des minutes qui s’égrainent. Guidés par une mise en scène littéralement bluffante, ces deux éléments sont clairement les ingrédients nécessaires pour faire de ce film un drame hors du commun.

Au-delà de cette maitrise technique, le film prend une dimension particulière grâce à la performance stupéfiante de Jesse Eisenberg. L’acteur américain est entré dans le rôle de Mark Zuckerberg avec une grande justesse et retranscrit à l’écran toute sa personnalité, plus complexe qu’on ne pouvait l’imaginer. Robotique et humainement dépassé, Eisenberg met en lumière le côté sombre du jeune milliardaire américain en s’octroyant ses mimiques et toutes ses caractéristiques qui font de lui cet être si particulier.
The Social Network remet de ce fait en question le difficile équilibre entre le social et le parcours dans les grandes écoles, en allant même jusqu’à pointer du doigt ces institutions élitistes qui prônent l’aristocratie et le pouvoir de l’argent au détriment de l’épanouissement social.

Au final, David Fincher et son équipe arrivent à transcender un sujet qui s’annonçait au départ peu alléchant. The Social Network est haletant, habile, incroyablement réussi et mérite amplement son succès. Même ceux qui détestent la plateforme sociale aimeront le film car il s’agit avant tout d’un drame extrêmement bien pensé et interprété, très proche du chef-d’œuvre.
Analytik
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le 27 août 2012

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le 3 sept. 2012

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