Il y a quelque chose de franchement bizarre avec ce film. On ne s'ennuie pas, on s'amuse même parfois, à quelques moments, mais sans grande émotion. Disons que THE WE AND THE I oscille entre les deux extrêmes, avec des passages ennuyeux et stéréotypés au possible, et d'autres brillants et qui m'ont indéniablement plu.
Sur les acteurs, il n'y a rien à dire, tous sont corrects malgré le fait qu’ils soient amateurs (la chauffeuse de bus en est vraiment une par exemple). La bande-originale est top, dans le pur style Gondry, stylée, fraiche, sympa ; bref, tout ce qu’il faut pour un tel film.
Sur la forme, le huis-clos avait tout du piège malgré toute l’originalité qu’il y a à tourner un film de plus d’une heure et demi dans un bus. Finalement, Gondry gère plutôt bien son sujet mais déroute quant à la multitude de personnages qui sévissent au tout début du film. La plupart sont drôles, mais peinent à faire oublier les stéréotypes et les répétitions qui s’accumulent, surtout pendant un tel film au cadre restreint. Les deux gays, le gros un peu gangsta (sosie de Mathieu Bastareaud, avis aux amateurs de bagarre), les guitaristes, le bizut du bus… Tous sont à leur façon décalés et amusants, mais souffrent d’un traitement assez bobo, prétentieux, convenu et surtout stéréotypé au possible. Seul « Jésus » et le type-qui-s-invente-des-aventures-en-soirées m’ont surpris, mais il faut dire que c’était vraiment très drôle. Malgré tous ces points, qui sont souvent rédhibitoires à tous les films qui me passent entre les mains et qui témoignent de ce complexe, THE WE AND THE I ne m’a jamais ennuyé, ni même dégouté.
Sans doute grâce au ‘message’ que veut faire passer Gondry, celui de l’effet de groupe. Dans un univers clos, où des clans se créent et interagissent entre eux, le ‘we’ prend le pas sur le ‘I’, démonstration qui se confirme avec le passage dans le troisième chapitre du film, où inexorablement, les passagers descendent du bus et laissent les restants entre eux, presque en tête à tête. Gondry a souligné s’être inspiré de son enfance et avoir été témoin de ce phénomène, que l’on connaît tous, mais qu’il était original de transposer à l’écran. Il réussit même à éviter certains passages tire-larmes vers la fin, notamment dans la conclusion du dialogue entre les deux derniers garçons et sur le fait de se sentir plus intelligent seul qu’en groupe (bon ok, la fin du film est bien romancée, mais on s’y attendait il faut dire…).

Bref, du bon, du moins bon, une réalisation trop édulcorée et gentillette pour me convaincre totalement, mais un fond intéressant qui aurait mérité peut être meilleur traitement ; THE WE AND THE I n’est pas la révélation absolue que l’on pouvait en attendre compte tenu du scénario original qu’il révélait. J’ai passé un bon moment – un peu trop long même -, mais j’ai eu du mal à rentrer dedans, et c’est ce qui m’a le plus déçu.
Pariston
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le 26 sept. 2012

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