De vous à nous, de moi à toi, de toi à moi, de moi à nous, de nous à moi. Comment trouver sa place dans le groupe ? 

Ce film presque en "temps réel" retrace le dernier voyage en bus d'une bande de joyeux délurés un peu paumés du Bronx. 
Au départ fourmillant et séparé en clan, le bus fait régner un sacré "chaos " (c'est d'ailleurs le titre de la deuxième partie du film qui en compte trois, les deux autres étant le "nous" et le "je" comme on peut s'y attendre). Dans ce chaos, les p'tits durs du fond tentent de faire régner leur lois. Mais peu à peu, le bus se vide et alors que le trajet s'étire, ce bus, devenant lieu initiatique, comme micro société reflétant celle qui les attend vraiment, les rapprochements se font, parfois surprenants. Les vérités fusent, les couples se séparent, les uns rient des autres avant qu'on se moque d'eux, chacun en prenant pour son grade. Des tensions sérieuses éclatent, des réconciliations éclairs s'établissent comme image de cette capacité adolescente d'être tout feu tout flamme. C'est cette saisie sur le vif, excitée que filme Gondry. 

Quand le chaos s'évapore, le rite s'achève et tout est encore à venir. L'idée parait banale mais elle met en lumière ces catégories qu'on n'a pas toujours l'habitude de filmer parce que le cliché y règne en maître. En s'approchant au plus près, le film distille l'adolescence, peut-être un peu trop en surface, un peu trop attendu sur certains personnages mais avec courage et vivacité, sans prendre de gants, sans rien épargner au spectateur. Cette distillation, pour être exhaustive, aurait besoin de plus de temps pense-t-on en 1h40 c'est impossible mais en même temps le film parait trop long, le pitch de départ s'essouffle. 

Il nous reste, tout de même, l'idée d'un passage de la vie où les identités ont à s'affirmer, où tout est encore possible, où l'on est caractérisé par ses goûts pourtant encore naissants, où une simple petite erreur peut entraîner l'exclusion, où l'amour se fait et se défait un peu n'importe comment. Bref, ce sont des êtres aux portes de leur vie que filme Gondry et c'est un film certes imparfait et un peu lourd par moment mais un film généreux parce qu'au regard mi-amusé, mi-contemplatif.

Ce n'est finalement qu'un chemin qu'ils ont parcouru dans ce bus chaotique et, malgré leur impression d'avoir vécu une horrible journée, ils n'ont encore rien vu car ils viennent tout juste d'apprendre la vie ...

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le 16 sept. 2012

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eloch

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