Le principal reproche fait au dernier Gondry est son manque de profondeur. Certes, les personnages sont stéréotypés, certains même antipathiques ou sans intérêt (le couple gay notamment). La dernière partie, trop parlée et pas assez écrite, n'est pas la plus réussie - à condition qu'en en attende un point dramatique culminant. À ces arguments qu'on peut entendre, on répondra que The we and the I peut se lire autrement.

Film en mouvement, studio mobile dans une ville qui n'en finit pas de finir et de s'allumer alors que le jour s'éteint, chorégraphie autant dansée que parlée des codes sexuels ou sociaux qui orchestre l'entrée puis les différentes sorties de scène, The we and the I est un spectacle vivant aux accents naturalistes. Au procédé simple, Gondry ajoute quelques trouvailles visuelles et multiplie les perspectives. Débordant du cadre initial de l'unité de lieu et de temps, il s'amuse avec un jeu de construction grandeur nature. Si l'inspiration semble plus réaliste que d'habitude, les accents cartoonesques et les repères graphiques nous rappellent son amour du collage.

Le spectacle vivant commence donc avec un groupe et se termine sur deux personnages. Ses différentes parties construisent puis déconstruisent le groupe en différents mouvements qui s'harmonisent ou se télescopent. Peinture de l'individu dans le nombre, du nombre face à l'individu, des rapports de forces habituels qui se succèdent et s'annulent, The we and the I, s'il n'apporte pas de point de vue nouveau, l'emporte par la fraîcheur de ses jeunes comédiens et la dynamique d'un mouvement qui ne s'enraye pas.

Tournant dans la carrière d'un cinéaste qui semblait peiner à se renouveler, imparfait mais sincère, beaucoup plus moderne que ses précédents, le dernier film de Gondry pourrait aussi bien être son premier.
pierreAfeu
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le 26 sept. 2012

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