Michel Gondry est un homme à part - véritable touche à tout, de Eternal Sunshine of the Spotless Mind à La Science des Rêves, en passant par L'Epine dans le coeur et Soyez sympas, rembobinez, il faut dire qu'il a traversé tous les sujets avec toujours passion, parfois loufoquerie, tout en insufflant un drame humain à chacun d'entre eux. The We and the I a fait une sortie très discrète à Cannes, avant de se faire globalement casser par le public indécent à sa sortie - s'attendant surement à n'importe quel teen movie, ou étant complètement décontenancé par la misérable VF que j'ai eut l'intelligence de ne pas regarder. L'idée du film a germé il y a des décennies dans la tête de Gondry, qui alors qu'il était dans un bus, remarqua un groupe de jeune où ses différents composants se confiaient de plus en plus au fur et à mesure que leurs amis descendaient. Réalisant un recrutement dans un lycée du Bronx, filmé avec des moyens minuscules, jouant énormément sur le charisme d'acteurs inconnus, Gondry surprend, et pas qu'un peu.

A vrai dire, avant de me lancer dedans, je savais pas exactement à quoi m'attendre. J'avais lut de bonnes critiques presse, et les spectateurs s'étaient acharnés dessus. Pourtant j'avais confiance en Gondry. La mise en scène simple mais électrique qui n'est sans rappeler Alan Parker (sur Fame) ou encore Entre les murs marque tout de suite - différente de ce à quoi Gondry nous a habitué - c'est à dire plus posée et moins loufoque, d'autant plus que le sujet en lui même est le moins marginal de la filmo du Monsieur. Elle est réussie, sans nulle doute, et les petits passages en mode "found footage" en 12 fps qui parlent d'évènements passés sont super bien trouvés, notamment sur l'histoire d'Elijah.
La pléiade d'acteurs amateurs s'en sort superbement - certains ont même sacrément des têtes de vainqueurs (Alex Barrios et Michael Brodie) et je n'ai trouvé aucune "tête à claques" comme certains voulaient le faire croire. Magnifiquement interprété en somme - surtout dans la Partie 3 - The I. Gondry s'intéresse au "nous" pour mieux parler du "je". De la façade, une étude de ses personnages, même secondaires, en profondeur. C'est passionnant et c'est surtout scénarisé d'un main de maître - les dialogues sont savoureux, les retournements sur la fin du film géniaux et la dernière partie, comme déjà dit, tient du chef d'oeuvre.

Nul besoin de s'étaler des siècles sur les grandes qualités de The We and the I - cette sorte d'OVNI cinématographique, sorti de façon confidentielle, n'a aucun défaut. On pense à beaucoup de teen movies mais c'est plus que ça - le dernier Gondry est une oeuvre majeure sur l'adolescence, sur le "moi" et sur le "nous". Un chef d'oeuvre ? Sans doute, du moins je le pense, et il n'est nul besoin de déclarer qu'il s'agit du meilleur Gondry à ce jour - dans ceux que j'ai vu. Un bijou rare à déguster au plus vite, tant sa profondeur sociale et ses qualités techniques le font aller plus loin que la simple tragédie moderne.
Vivienn
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le 17 mars 2013

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