Il a été tué à la saucisse et au marteau.
Les Avengers approchent à grands pas, et pour compléter la présentation de cette équipe de justiciers, il restait encore à nous présenter certains d'entre-eux, dont notamment Captain America, et celui qui nous intéresse aujourd'hui, Thor. Nos craintes étaient-elles fondées à Thor ou à raison ?
Au royaume d'Asgard, Thor (Chris Hemsworth) est un guerrier aussi puissant qu'arrogant dont les actes téméraires déclenchent une guerre ancestrale. Banni et envoyé sur Terre, par son père Odin (Anthony Hopkins), il est condamné à vivre parmi les humains. Mais lorsque les forces du mal de son royaume s'apprêtent à se déchaîner sur la Terre, Thor va apprendre à se comporter en véritable héros...
Thor était attendu au virage, et ce pour plusieurs raisons. Allait-il se contenter de nous présenter le personnage en attendant le film The Avengers ? Allait-il réussir à porter à l'écran un univers qui s'il peut plaire sur les planches, peut facilement sombrer dans le ridicule ?
Comme pour Iron Man, il fallait un premier épisode pour présenter le personnage, mais un minimum travailler l'histoire et l'action, que les spectateurs n'aient pas trop l'impression de voir défiler le générique de Star Wars durant 1h40. Là-dessus Thor équilibre parfaitement sa trame, et réussit même à terrasser le premier Iron Man, qui nous en disait moins et servait moins d'action, alors que la bobine dépassait les 2h. Thor se devait de faire une grosse connerie pour mériter d'être exilé, et Kenneth Branagh nous l'a illustré dans une séquence où la manipulation des caméras et simulations de glace opèrent avec une magie incroyable. Un type qui sa bat avec un marteau, ça fait con, non ? Mais les animateurs et VFX-opé ont réussi à retranscrire visuellement la puissance de ce marteau, que l'ont aimerait pas se prendre sur le pouce en posant de la frisette.
Certains préfèrent le combat contre le Destructeur, personnellement j'ai préféré celui dont je parlais juste avant. Le Destructeur ressemble à une version miniature du robot de Keanu Reeves dans Le jour où la Terre s'arrêta, et finalement, hormis balancer des flammes avec ses yeux il est juste un pantin servant d'excuse à un déluge d'explosions dans la ville, façon Michael Bay — Mal joué Kenneth.
On appréciera également que la baston ne se limite pas à d'improbables combats, puisque Thor, même sans ses pouvoirs, et est incroyable castagneur, et nous servira d'ailleurs une bonne scène d'orthodontie avec les agents du SHIELD, lorsqu'il voudra récupérer son outil de travail — Bien joué Kenneth.
Le ridicule est-il évité ? A moitié on dira. Si Thor et ses compagnons portent des armures minimalistes, proches de celles de légionnaires, et évitant le risible, ça n'est en revanche pas la même pour tout le monde. Loki, son frère, a deux gigantesques cornes sur la tête, Anthony Hopkins a un bout d'acier enfoncé dans l'oeil, mais le summum du mauvais goût est atteint avec Heimdall, qui ressemble à une figurine en plastique des Chevaliers du Zodiaque.
Pour ce qui est du casting en lui-même, les avis seront également partagés. Chris Hemsworth tire la gueule constamment et parle peu, et quand il parle, il hurle, preuve d'une évidente faiblesse en matière de composition. Tom Hiddleston, qui incarne son frère Loki, manque cruellement de charisme, être brun aux yeux noirs ne suffisant pas pour être un méchant crédible, Richard Grieco aurait probablement fait beaucoup mieux. Anthony Hopkins n'est plus à mettre en question, il fait son boulot, et puis c'est tout; donnez lui un mauvais rôle, il n'en fera rien de bon, donnez lui le rôle d'un Dieu et il vous donnera un Dieu, donc rien à redire quant à ce qui le concerne. Rene Russo, que l'on avait pas vu depuis un petit moment, fait plaisir à voir et reste toujours aussi fraîche, bien qu'elle s'apprête à fêter ses 60 ans. La dernière, et de loin la plus mauvaise, est évidemment Natalie Hershlag, célèbre actrice juive, insipide comme elle peut l'être dans — quasiment — tous ses rôles (merci pour la trilogie Star Wars), n'étant là que pour assurer la partie romance, qui est d'ailleurs expédiée à une vitesse incroyable, elle et Thor ne passant finalement que peu de temps ensemble, mais n'hésitant pas à échanger des fluides corporels de façon abrupte.
Bref, Thor est une surprise plutôt étonnante, qui bien qu'il soit là pour nous introduire à l'un des protagonistes du prochain film The Avengers, se montre suffisamment bien ficelé pour en faire un film à part, et pas uniquement un teaser un peu chiant, à l'inverse du premier Iron Man.
On regrettera que comme dans toutes adaptations de comics, la production suppose que le public soit majoritairement composé d'attardés, les obligeant à nous servir, en plus de l'action, de l'humour et une romance. Ici l'action était savamment dosée et l'écriture suffisamment intelligente pour pas que l'on ait besoin à une barrique de blagues de mauvais goût, oscillant entre les gags sur Facebook et les répliques sonnant de façon hideuse comme celles des Visiteurs. Tous les héros ne peuvent pas avoir le charisme et l'humour de Tony Stark, c'est un fait.
La 3D est accessoire, et l'on pestera d'ailleurs sur ce manque d'implication de la part de la production, qui semble bien plus encline à nous offrir un spectacle surtaxé qu'à servir son public, et ce afin d'amortir les frais de The Avengers, dont le tournage vient d'ailleurs de commencer il y a quelques jours (le 25 avril).
Pour conclure, les amateurs de comics seront largement satisfaits, bien que quelques points puissent les décevoir. Les amateurs de films d'action/fantastique seront eux-aussi satisfaits. Les autres auront du mal à accrocher, tout du moins s'ils ne font pas abstraction de ses calembours débiles et de sa romance à trois sous.
Mention spéciale pour Kenneth Branagh, qui bien qu'il soit plus amateur — dans ses réalisations — d'oeuvre signées Mary Shelley ou William Shakespeare, réussi le dur pari de porter à l'écran un des comics qui était probablement l'un des plus ardus. Good Job Pal !