Six ans après son dernier film « Lord of War » et son thème du trafic d'arme, le réalisateur néo-zélandais Andrew Niccol revient avec « Time out » et une critique du capitalisme. Et si vous pensez voir un film aussi profond et prenant que « Bienvenue à Gattaca » ou « The Truman Show », vous risquez d'être déçu.
Le film démarrait pourtant bien. Niccol nous présente un monde où l'expression « Le temps c'est de l'argent » n'a jamais aussi bien porté son nom. Les individus y cessent de vieillir à 25 ans et doivent gagner leur temps supplémentaire. Les heures et minutes sont devenues la nouvelle monnaie. On porte sur l'avant bras un compteur de notre temps restant et s'il arrive à zéro, le corps s'arrête de fonctionner. Les gens habitent dans des zones d'habitation appelées timezones et séparées les unes des autres par des péages très onéreux. Il faut donc devenir extrêmement riche pour quitter les timezones défavorisées et s'élever dans les sphères plus aisées. L'opération se révélant quasiment impossible et cette impossibilité est pratiquement entretenue par les autorités.
On comprend totalement le parallèle avec notre monde et la pensée du réalisateur mais là où ses précédents films bénéficiaient de sujets plus précis (eugénisme, trafic d'armes, télé réalité), Niccol nous donne l'impression qu'après nous avoir dépeint un tel univers, il ne sait plus trop quoi dire.
En effet, dans sa deuxième partie le film bascule dans le thriller d'anticipation. Notre duo de personnages est poursuivi par la police et devient une sorte de Bonnie et Clyde/ Robin des bois, qui braquent des banques de temps pour en distribuer le contenu aux plus nécessiteux. Le film se termine lorsque nos voleurs donnent un million d'année aux plus pauvres, saturant ainsi totalement le système. Une solution d'intrigue plutôt simple là où Niccol nous avait habitué à plus de complexité. Une différence qui pourrait aussi s'expliquer par le manque de profondeur des personnages.
On a un peu du mal à s'attacher à notre couple de braqueurs. Will Salas (Justin Timberlake), vivait dans une timezone difficile avec sa mère. Un jour il sauve la vie d'un riche individu suicidaire, qui lui remet une grande quantité de temps pour le remercier avant de se suicider. Suite au décès de la mère, il quitte sa zone pour se rendre dans une des plus aisées avec la volonté de faire tomber le système et se venger. Il y fait la rencontre de Sylvia Weis, la fille d'un riche banquier. D'abord son otage, elle devient sa complice en décidant ce cibler les banques de son père. Au milieu de ça, une histoire d'amour un peu rapide se noue entre les deux personnages.
Et c'est à peu près tout. Ce manque de complexité se retrouve aussi dans les personnages secondaires et en particulier chez celui de Cillian Murphy. Il campe un timekeeper, sorte de policier du temps, qui poursuit Will puis le duo pendant tout le film. Personnage au premier degré, à aucun moment il ne questionne ses actions. On est loin de la finesse de Jerome Eugene Morrow, incarné par Jude Law dans « Bienvenue à Gattaca ». L'écriture est ici plus à blâmer que les acteurs, qui livrent une prestation honnête avec le contenu qu'on leur a donné.
« Time out » est une déception et malgré son succès au box office devrait rester une œuvre mineure dans la filmographie d'Andrew Niccol. Son prochain film est adaptation cinématographique du roman « The Host » de l'auteure de « Twilight » Stephenie Meyer.