In Time (ou Time Out, ça fait plus français)

Critique aujourd'hui du dernier film d'Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca, Lord of War...), j'ai nommé In Time. Renommé inutilement Time Out par les distributeurs français pour d'obscures raisons, ce film présente un concept scénaristique intéressant où, littéralement, le temps c'est de l'argent. Dans le rôle principal le chanteur Justin Timberlake (The Social Network, Southland Tales...) qui a déjà fait plusieurs apparitions intéressantes à l'écran. Un réalisateur renommé, un casting sympathique, un scénario intéressant sur le papier... Ca s'annonçait bien mais hélas In Time est bel et bien l'exemple-type du film qui part d'une idée originale pour un résultat final on ne peut plus banal (et ça fait mal)



Après cette introduction pleine de rimes, rentrons dans le vif du sujet. Et soyons clairs dès le début, ce film est clairement décevant. Le concept d'In time au départ est pourtant intéressant à la base. Le temps est devenu la nouvelle unité monétaire. Dès l'âge de 25 ans tout le monde cesse de vieillier mais à partir de là les personnes vivent au jour le jour, cherchant à gagner du temps en travaillant, en le gagnant, en le volant... Pas mal comme matériau de départ, l'ennui c'est que Niccol n'approfondira jamais tout ça et restera en surface d'un univers qu'il aura créé sans l'exploiter d'où un sentiment de gâchis.
Ce n'est pas techniquement parlant que le bât blesse. Quoique... La réalisation dans sa globalité reste banale mais ça a au moins le mérite d'être propre, nous n'avons pas affaire à du Michael Bay bis. Ca tient la route mais par contre certains passages sont ratés, je pense notamment à la scène de l'accident de voiture qui m'a plutôt fait sourire. Mais ce n'est pas là l'instant le plus ridicule, l'ennui avec In Time c'est qu'on ne nous épargne pas quelques clichés. Vous savez... Ces fameuses scènes tristes renforcées à coups de violons, ce genre de scènes qu'on nous inflige pour nous dire avec une subtilité de pachyderme: "Spectateur... Pleure"... C'est grossier, c'est du vu et du revu, c'est de l'émotion bradée et surtout les personnages sont tellement peu approfondis qu'en fin de compte on s'en fout totalement.

L'intrigue se laisse suivre mais ça manque de surprises. Comme je l'ai dit précédemment, Niccol ne nous épargne pas les clichés et ça se ressent dans la construction de l'histoire. Ce film est trop prévisible. La relation entre Timberlake et Amanda Seyfried est en gros une illustration du "Syndrôme de Stockohlm pour les nuls" et c'est beaucoup trop facile. A vrai dire l'intérêt de les voir évoluer est limité. Et puis ça frôle le manichéisme le plus idiot. Le couple a beau être hors-la-loi, on nous les présente comme des Robin des bois volant les méchants riches pour distribuer aux plus pauvres.
Après en ce qui concerne l'interprétation ça reste plutôt bon. Timberlake n'est pas mauvais, Seyfried un peu plus effacée sans être mauvaise, Cillian Murphy très charismatique. Le problème ne réside pas dans la qualité des acteurs mais bien dans le manque de profondeur de leurs personnages.



Je reviens sur le côté manichéen du film. Celui-ci aurait pu être plus intelligent si il faisait preuve de finesse car les bonnes intentions étaient là. On pourrait voir l'univers d'In Time comme une allégorie, une métaphore de notre société actuelle qui peut sombrer assez facilement avec une crise financière. Ca critique assez durement le capitalisme mais sans la manière. Mais de toute évidence le but du film n'est pas politique avant tout. Dans le fond ça reste juste un petit thriller se déroulant dans un univers un poil différent du nôtre, il n'y a pas d'originalité ni de réelle puissance.
Un autre point regrettable du film est son abondance d'incohérences. La plus notable reste la scène du poker où Timberlake parie plus que ce qu'il ne possède. Après le meilleur acteur du film a la trentaine bien sonnée et par conséquent ça nuit un peu à sa crédibilité dans le rôle d'un homme de 25 ans (je parle de Murphy bien sûr). Puis même au-delà des incohérences il y a des aspects assez étranges, on peut voler trop facilement du temps à quelqu'un (d'ailleurs le "duel" qui a lieu entre Timberlake et un voleur de temps vers la fin est assez rigolo), ça paraît même bidon quand on regarde bien. C'est là qu'on sent que l'univers demeure dans son ensemble relativement bâclé.

Après fort heureusement je dirais que le film n'est pas lourd. Disons qu'il se contente de trop peu et c'est dommage car il y avait matière à faire quelque chose de plus abouti, de plus noir aussi. La fin sonne un peu comme une fausse note. In Time reste un thriller regardable, ça a au moins le mérite d'être divertissant, mais dans l'ensemble ça reste moyen, il n'y a pas de réel éclat et le scénario demeure trop léger, ce qui lui est préjudiciable. Entre les mains d'un réalisateur plus ambitieux, peut-être aurions-nous eu un film plus consistant. Mais là on sent bien que ça vise un large public et c'est dommage. Sitôt vu, sitôt oublié.
Moorhuhn
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le 16 mai 2012

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