On peut faire de très bons films même avec peu de moyens, c'était vrai avec des films comme Ed Wood, plus tard Blair Witch et plus récemment encore avec Time Out, de Andrew Nicool: c'est de ce dernier dont je voudrais vous parler.
Oh je vous préviens, ce n'est pas un chef d'oeuvre de science fiction tel Matrix ou encore le célèbre AI, mais cela contentera sans doute le cinéphile (ou pas d'ailleurs) en quête d'un peu d'originalité. En effet le scénario part selon moi d'une idée assez intéressante: l'horloge biologique que l'on connait s'arrête à 25 ans mais s’enclenche à sa suite un compte à rebours, l'individu est condamné au bout d'un an. Sauf bien sûr s'il arrive à gagner du temps, qui ici, dans une Amérique futuriste-mais pas trop, remplace le billet vert!
Si le casting ne plaira pas à tout le monde (je pense à Justin Timberlake en particulier, les autres étant mal connus même si ce n'est pas un mal!), Time Out peut selon l'auteur se vanter de posséder certaines qualités. En effet on retrouve toutes les composantes d'un bon divertissement: une intrigue de fond pas très complexe mais distrayante, des interprètes dans l'ensemble suffisamment convaincants (Je pense à titre personnel à Cillian Murphy) et très peu de longueurs, quand bien même le métrage est parfois un peu prévisible. On ajoutera une photographie très correcte et des décors très satisfaisants, même s'ils constituent aussi un point faible, nous en reparlerons plus bas. J'en viens maintenant à un aspect que je trouve intéressant: la symbolique de tout cela. Vous aurez peut être remarqué que cette histoire de temps fait écho à la lutte des classes, aux inégalités dont on parle beaucoup à notre époque. La comparaison est selon moi assez pertinente et porte même à la réflexion: en effet n'est-il pas plus facile de rentrer dans l'histoire, de devenir "immortel" lorsqu'on est de bonne naissance, c'est à dire lorsque notre vie est placée sous le signe de la culture (par l'éducation), de la connaissance (eh bien oui, la connaissance à un certain degré peut coûter cher, cf hautes études ), ces composantes permettant à un individu de briller ou non dans la société? A l'inverse, un homme qui naît dans un milieu dit "populaire" a bien moins de chances de faire une percée dans le monde qui l'entoure, et à toutes ses chances de connaitre l'indifférence, puis l'oubli... Cette analyse est peut être un peu pessimiste, et n'engage que moi, mais donne vraisemblablement au film un intérêt supplémentaire.
J'en viens maintenant aux points faible de Time Out. Plus haut j'évoquais le manque de moyens, notamment au niveau des décors et en effet ça se sent. L'univers futuriste ne se différencie en rien ( ou presque, cf synopsis bien sûr) de notre époque actuelle: vous ne verrez ni Coruscant ni New York façon Blade Runner dans Time Out, point de mégapole comme on pourrait l'imaginer. Cela dit l'ensemble est loin d'être laid, mais on aurait apprécié plus de surprise à ce niveau. Un autre point assez dérangeant est la fâcheuse manie du réalisateur de faire disparaître de manière ingrate des personnages pourtant intéressants, on pensera à Murphy dans le rôle de Léon ("Guh!" fera-t-il) ou encore Bomer dans le rôle de Hamilton, au cours d'une partie de bras de fer nous ayant laissé dubitatifs... En fin de compte cela nous ramène à des failles, à certaines facilités que le réalisateur aura laissées dans le scénario (le braquage de la banque pour ne citer qu'elle), ayant tendance à poser un frein non négligeable à la crédibilité du film, ce qui est fort dommageable quand bien même le spectateur pourra se faire une autre idée.
Malgré ces quelques erreurs, Andrew Niccol nous gratifie d'un très bon métrage, s'adressant aux amateurs de science fiction mais aussi à un public recherchant un divertissement de qualité et/ou emprunt d'une certaine originalité. Les puristes du genre devront eux passer leur chemin, il n'y verraient (à tort) qu'une occasion manquée.