Sciamma, une cinéaste à suivre

Avec son premier film Naissance des pieuvres, Céline Sciamma s'était faite remarquée par un film s'attaquant au désir chez l'adolescent. Avec Tomboy, elle parle de l'identité sexuelle de la jeunesse lors du passage de l'enfance à l'adolescence. Sciamma a de la suite dans les idées et elle le prouve plutôt très bien, assez loin des films standards produits par le cinéma français à l'heure actuelle.

Non, sérieusement, elle a du talent à revendre Sciamma. Premièrement, c'est un film posé, plein de pudeur. On sent déjà une certaine maturité dans le traitement de son sujet. La fille qui se fait passer pour un garçon et les événements qui s'enchainent de manière anodine pour petit à petit emmener Laure vers le point de non-retour, celui où elle cessera d'être Mickaël. Tout et je dis bien tout se fait par des actions, des événements de la vie quotidienne. Rien dans les paroles. Pour cela, je reste assez admiratif face à ce travail car j'estime que le pouvoir des images est plus parlant au cinéma que celui des paroles. On ne sait d'ailleurs pas pourquoi Laure décide de se faire passer pour un garçon. Simple jeu? Besoin de repère? Quid de la relation avec son père dont elle semble très proche. Peut-on y trouver un élément de réponse? Où est-ce tout simplement un petit peu de tout? Des questions intéressantes sur ce sujet. Même si le thème est avant tout la quête de l'identité sexuelle, l'affirmation en tant qu'individu et de ce qu'on est.

Ensuite, le choix de Zoé Héran est prodigieux. D'abord, parce que la gamine est pleine de naturel. Ensuite, parce que la manière de s'habiller, la coupe à la garçonne et sa forme de visage trompent tout simplement le spectateur. Même en sachant qu'elle était une fille, je me demandais encore parfois si je n'étais pas face à un acteur masculin. Mais non. Dans l'ensemble, c'est le casting tout entier qui est bien trouvé, les enfants jouant avec naturel.

A la mise en scène, Sciamma manque peut-être encore de punch. D'abord, c'est assez linéaire, parfois ennuyeux. C'est sûrement la faute à certaines séquences un rien trop ennuyeuses, donnant l'impression d'être trop banale. Elle filme par contre, très souvent, au plus près ses acteurs, comme pour mieux capter leurs émotions. La photographie est assez jolie (ce qui est quand même rare en France).

Il manque encore un rien de maturité à Sciamma pour maitriser parfaitement ses sujets. Elle aurait également besoin d'apporter plus de puissance à sa mise en scène, mais elle est sans conteste sur une bonne voie pour s'imposer comme une cinéaste hexagonale intéressante. Ce qui n'est vraiment pas rien.