Vieillir ensemble

"Hope springs" n’est pas la comédie américaine lourdingue et évidente à laquelle on est en droit de s’attendre. Il surprend par sa forme et par son fond. Les scènes surchargées de musique sucrée, inévitables dans ce genre de films, sont réduites au minimum au profit de moments épurés aux dialogues sans concessions. C’est peut-être cette sincérité qui a conduit les deux géants que sont Meryl Streep et Tommy Lee Jones a accepté de faire le film. Meryl Streep semble reprendre, de façon évidemment plus légère et moins profonde, le rôle de femme au foyer délaissée et frustrée qu’elle tenait il y a vingt ans dans "Sur la route de Madison", et il est très plaisant de voir Tommy Lee Jones dans le rôle d’un monsieur Toulemonde, dont il n’est absolument pas coutumier. Même Steve Carell, acteur plutôt insipide à l’étiquette d’acteur comique collée au front, surprend par sa sobriété, et ne cherche jamais à piquer la vedette aux héros.

Sous des apparences de superficialité, le film prend au contraire le parti d’aborder les thèmes du couple, du sexe et du temps de façon honnête, authentique et transparente. La rancœur, les non-dits, les fantasmes et les regrets, qu’on le veuille ou non, résistent au temps, et les étouffer sous les habitudes et les biens matériels ne fait que les garder au chaud jusqu’à l’explosion qui peut s’avérer destructrice, et sans le moindre espoir de reconstruction.