En 1972, Jean Yanne, qui a déjà un solide CV en tant qu'acteur (Godard, Chabrol, Lautner, entre autres, sur la carte de visite), décide de passer à la réalisation avec un film anticonformiste et hautement provocateur. Exercice réussi tant « Tout le monde il est beau... » fit le scandale recherché par le réalisateur au moment de sa sortie. De cette vision acerbe et satyrique, mais toujours classe, qui caractérisera ce fascinant personnage, la première victime fut la Radio. Fustigeant les comportements grotesques qui poussent à sacrifier la Culture et l'Information (la vraie) au profit du sensationnel et du rentable, Jean Yanne vise juste et agrémente son récit de situations et de tirades particulièrement hilarantes. Les personnages sont également parfaitement dans le ton comme en témoignent les rôles de Michel Serrault, Bernard Blier, Jacques François et surtout Daniel Prévost, parfait en faux-cul de compétition. Si le thème est bien exploité et génère tout ce que l'on attend d'un tel film, la réalisation souffre cependant d'un manque de maîtrise flagrant et la bande sonore, très seventies, est parfois un peu trop omniprésente, pouvant presque même parfois faire passer le film pour une semi comédie musicale. Le montage n'est pas toujours au point et les transitions sont parfois bricolées. Beaucoup y ont vu également des salves anticléricales faciles et grossières mais personnellement, j'ai tendance à penser que la religion catholique y est plus vue comme une victime non consentante de la bêtise radiophonique et publicitaire, même si Jean Yanne ne manque pas de se payer un ou deux curés. Une bonne comédie sur un thème, est-il nécessaire de le rappeler, toujours d'actualité.