I Don't Like The Drugs (But The Drugs Like Me)

Avant de s'autoriser une récré avec "Clooneyries" & autres "Pitteries", Soderbergh s'est livré à une fascinante autopsie du trafic de cames (les vraies, les dures : héro, coke et crack) gangrénant la frontière chicano-ricaine.

Côté très flic, à travers une photographie jaunâtre et poussiéreuse, à Tijuana, Benicio Del Toro (Oscar du second rôle) est un flic intègre au sein de sa corporation vérolée par la corruption. Il lutte pour garder la tête hors des eaux nauséabondes, morbides et violentes de ce Mexique frontalier. Il compose un personnage attachant et émouvant de bout en bout agissant tel un grand-frère auprès de son co-équipier attiré par le côté obscur d'une pègre tentaculaire.
Sous de faux-airs de "buddy movies" et évoluant sous la bannière étoilée, Don Cheadle & Luis Guzman forment un duo de cops aux actes tout autant héroïques que désespérément vains. Ils ont en charge la protection d'un important témoin juridique (Miguel Ferrer) qui peut mettre à mal un trafic international.

Côté très fric, Catherine Zeta-Jones (alors véritablement enceinte) est une "desperate housewife" californienne qui, du jour au lendemain, est plongée dans la merde lorsque son mari (Steven Bauer) est arrêté pour trafic de drogue. Son empire bâti sur des tonnes de dopes s'effondre sur le dos de son épouse et de leur jeune fils. Au milieu de ces décombres, des flics planqués et sur écoute, des menaces de mort, de la pression médiatique, du vautour incarné par Dennis Quaid, elle se bat pour sauver son train de vie de Barbie. Bravant la morale, ce personnage ambigu à la fois fascinant et méprisable, ne recule devant rien pour s'en sortir.

Sur le versant bleu et froid de Washington, Michael Douglas (préféré à Harrison Ford) est un politicard utopique, certain d'avoir les solutions pour abattre le trafic. Conforté mais aveuglé par son luxe et son pouvoir, ce Monsieur Propre est persuadé que la crasse du trafic ne peut atteindre son univers doré. Pourtant, il doit affronter frontalement le démon qu'il combat lorsque sa fille adolescente devient une junkie mondaine qui s'enfonce rapidement dans une déchéance qui n'épargne personne. L'excellence de Douglas rappelle sa puissante interprétation de "Chute Libre" lorsque le flegme de son personnage s'effrite au fur et à mesure que son rôle de père prend le dessus.

Cet époustouflant "Traffic" de Soderbergh est magnifié par sa propre photographie (perpétrée sous le pseudo de Peter Andrews) délivrant des atmosphères uniques et variées. Sublimé par une réalisation simili-documentaire pour une authenticité totale, "Traffic" bénéficie d'un scénario dense et puissant et des interprétations unanimement irréprochables de la chorale constituant son casting.
Simultanément intense, dramatique, violent, émouvant...toutes les facettes et les intervenants du "Traffic" sont disséqués en quatre tableaux passionnants qui s'entrechoquent de près ou de loin.

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le 6 juin 2013

Modifiée

le 6 juin 2013

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Laz' eïn

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