Sur le même sujet de la guerre police / gangs dans les Favelas de Rio, vue cette fois-ci du côté police, Tropa de Elite est sans doute un peu moins violent visuellement et dans l'action que "La Cité de Dieu". Par contre au niveau du propos, c'est autre chose. Ici, on veut quand même nous justifier que tuer des gamins à bout portant dans la rue, c'est logique et normal pour la police militaire. En ressort deux faces d'une même pièce. D'un côté, un portrait sans précaution de la police, où l'on n'hésite pas à montrer les forces de l'ordre en général sous leur jour le plus sombre, corrompues et violentes, et de l'autre, une volonté d'humaniser les membres de la BOPE (la troupe militaire d'intervention spécialisée) assez troublante derrière leur discours et leurs actes de purs bourrins, plaidant même ouvertement pour leur cause (en apparence), même si elle semble perdue d'avance et injustifiable.

D'un côté, le discours omniprésent du héros en voix off est assez primitif, du genre "s'il n'y avait que moi, je les buterais tous", et envahissant, combien de fois il nous fait le topo sur ses deux recrues ? C'est innombrable. Et de l'autre, le film arrive à dépasser ce côté primaire pour montrer la réalité telle quelle. Le devoir du soldat dans ce marasme, est de prendre parti radicalement, comme le font les gangs, et donc de bourriner sans faiblir.

Entre une approche sans concession du discours et des scènes proprement barbares de meurtres et de tortures, le film peut donc paraître fascisant, sans nuance, voire répétitif. Pourtant, c'est cette même répétition quotidienne du "travail" qui finit par éclaircir le portrait entrepris et convaincre que cette guerre est bien plus absurde que les hommes ou le film en lui-même. L'histoire du Capitaine qui se cherche un remplaçant à sa hauteur passe finalement plutôt bien avec des personnages au fond très humains. On comprend bien finalement que de toute façon, il n'y a plus le choix de l'honnêteté. Ici, c'est la guerre et il y a des tués tous les jours d'un côté comme de l'autre.
drélium
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le 6 mars 2012

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drélium

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