De l'émergence des communautés et du sens morale en "terra nullius" américaine.
Il y a toujours cet élément fascinant dans un (bon) Western, c'est cette sensation d'être dans un monde un peu isolé, dans lequel les règles du jeu social sont encore floues et en construction. C'est presque comme si chaque individu devait constamment renforcer sa position dans le monde de façon à pouvoir compter sur ses principes. Et les principes ont la vie dure dans ce contexte.
On sent bien, dans True Grit, cette dimension de la construction sociale encore vague qui rend la vie à la fois dure et authentique. Ce sentiment d'authenticité est d'autant plus fort que chaque interaction entre deux individus est toujours porteuse d'enjeux réels, de conséquences qui peuvent aller très loin. Les rapports entre les gens ne sont pas fluides, pas encore.
Ca vaut pour tout Western, mais j'ai trouvé cet aspect particulièrement bien rendu dans True Grit. Le dur de Cogburn et de la fillette fonctionne à merveille, l'un émulant chez l'autre la naissance d'un respect qui dépasse le cadre de leur contrat. Le film séduit sans peine, avec sa "frères Coen touch", d'autant que Bridges convainc (il faut le voir camper sa position et passer d'un regard d'ivrogne à celui du marshall sur le qui-vive, impressionnant de présence).
Un film assez intègre et qui ne déborde pas de ses prétentions, et qui réussit son contrat. Avec quelques points forts sur la photo et l'interprétation (mais est-ce qu'ils parlaient vraiment comme s'ils avaient la bouche bourrée de foin à l'époque ?).
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