True Grit par Tonton_Paso
Depuis No Country For Old Men, les Coen se sont montrés en pleine forme, avec deux films un peu bizarres, le très enlevé Burn After Reading et le très angoissé (et magnifique) A Serious Man. On attendait donc cette incursion sur le terrain du « pur » western avec une certaine excitation, alléché par un casting de haute volée (Bridges, Damon, Brolin).
Le résultat est un peu décevant. Pas vraiment mauvais, justement parce que les Coen maîtrisent désormais tellement leurs outils qu'on imagine mal qu'ils puissent se ramasser totalement. Mais l'impression qu'ils sont un peu passés à côté de leur film est tenace.
Dans ses meilleurs moments True Grit ressemble à un western post-apo, un peu comme si les Coen s'étaient sentis frustrés de ne pas adapter La Route de Cormac McCarthy : paysages hivernaux désespérés, des personnages aux gueules ravagés (le médecin déguisé en ours) et des cadavres en pagaille (image inoubliable du type pendu à la cime d'un arbre).
Bizarrement, les Coen ne parviennent jamais à tenir ce film-là, revenant sans cesse aux fondamentaux ultra-classiques du western ou à la comédie débraillée qui a fait leur légende et qui met franchement en valeur les acteurs sans vraiment donner d'épaisseur à leurs personnages.
Du coup, on serait presque tenté d'aimer ce final étrange, ces deux scènes disparates qui clôturent le film : une chevauchée interminable esthétiquement surréaliste et un chapitre « Que sont-ils devenus ? » qui ressasse — un peu tard — les thématiques existentialistes des deux cinéastes.