Agréablement original et pourri de clichés

Quand on a lu et entendu à peu près autant de mal sur un film que sur le 3ème Reich, il est assez difficile d'en faire complètement abstraction et d'oublier les 18 parodies qu'on en a vu sur Youtube avant de se décider à regarder l'original.

Twilight ne fait vraiment pas grand chose pour se rendre attachant. Entre l'affiche cliché exhibant un chara-design douteux et tout le battage publicitaire pour jouvencelle à base de bel émo blafard, j'étais déjà saturé à la sortie des films.

Et le film en lui même m'a un peu agressé, avec sa romance vue et revue qui ne nous épargne aucun cliché, y compris le "Jack, I'm flying! That's fucking awesome!" en Titanic-style mâtiné de "Ce rêveuuh bleeuu" qui colle plutôt bien avec le violent filtre bleu (mais alors VRAIMENT bleu) qu'on se coltine pendant les deux heures.

En plus de se taper les clichés du film romantique, on se prend aussi ceux du récit de vampires ("J'ai envie de te croquer, mais en fait, non", "Je suis un monstre, tu dois me quitter", "Te transformer ? Tu ne sais pas ce que tu dis !") et plutôt deux fois qu'une.

L'action est pleine de slow-mo inutiles et d'effets tape à l'oeil, les FX font un peu pitié ("Regarde Bella, voici ma véritable apparence" "Oh Edward, tu ressembles à... un effet spécial foiré").
Plus grave, le film manque singulièrement de rythme, avec une construction dramatique boiteuse et des enjeux un peu trop faiblards pour impliquer sérieusement le spectateur ("OMG, notre bande de 8 vampires est attaquée par un blondinet miteux toxicomane !" Et là, tout le monde panique. WTF? "Ah ouf, tout va bien, il suffisait de le tuer" Affaire réglée en 2 minutes)

o o o

Maintenant que j'ai fait plaisir aux détracteurs, je peux m'attaquer à ce qui rend finalement le film regardable, à commencer par toutes les originalités dont il est émaillé, et la façon dont l'auteur s'approprie le mythe des vampires pour en faire quelque chose de beaucoup plus lumineux et se débarrasser du lieu commun des cercueils et des virées nocturnes. Sans prendre complètement à contrepied les autres mythologies Vampiriques, Meyer (c'est l'auteur) les contourne pour prendre un chemin moins encombré.

L'amoncellement de clichés romantiques, ça reste une recette éprouvée et encore efficace, d'autant que le film est plutôt bien mis en scène quand il n'abuse pas des effets de style. Les scènes d'action sont très claires (c'est devenu assez rare pour être signalé), la direction photo est propre, avec quelques plans franchement réussis et une certaine fluidité dans le montage.
Et puis il est trop fort cet Edward, il joue la BO du film au piano à la fin d'un montage romantico-cruche et on se rend compte au passage qu'elle est intéressante, cette soundtrack. On peut allergiser à ses envolées lyriques ou à ses grincement de guitare mais ça change un peu de Zimmer et sa clique.

Enfin, j'ai plutôt bien accroché à cette héroïne sociopathe qui n'aime pas s'amuser, évite ses potes et veut juste qu'on lui foute la paix. Certains seconds rôles sont bien croqués, en peu de plans ou de réplique (à commencer par ses parents) et je finirai sur un coup de coeur pour Ashley Green en vampirette über-cute (Alice), toujours souriante et scandaleusement sexy.

Je devrais sûrement taper dans le 5 avec tout ce que je lui reproche, mais j'allais vers le 7 au sortir du film, alors je vais concilier le coeur et la raison et lui offrir un 6, en grande pompe.

http://www.youtube.com/watch?v=Nqvg0C90FhM