Ou comment je suis passé de hater à fan en six ans.

Tous les faits présentés ici sont avérés et réels. Je le prouve en positionnant ma main droite sur les fesses de Kristen Stewart et en disant : je le jure.

3/10 : 2009, le commencement, avant de voir le film

A l'époque, j'étais comme vous. J'avais des à priori sur Twilight. Je me disais un peu comme tout le monde, merde, j'espère que le film va être à la hauteur du bouquin. Sauf que je n'avais pas lu le bouquin, mais sinon comment vous voulez vous faire respecter/accepter ? J'avais donc des attentes totalement inventées et injustifiées. J'étais dans le faux. Est-ce que cette fabuleuse et authentique romance sera retranscrite comme il se doit ? Les premiers échos étaient assez catastrophiques mais je décidais de tenter ma chance. Et pourquoi pas ? Ma copine de l'époque (et alors ça décuple le plaisir) et moi, nous décidâmes de nous rendre au cinéma un après-midi, dans l'avenue principale de ma ville, afin de passer un bon moment de complicité. Bon, nous décidâmes, elle m'emmena de force car elle portait la culotte dans notre couple. M'enfin, je veux bien être une fiotte et avoir bon goût en cinéma, moi ça ne me dérange pas je lui ai dit. M'enfin, je ne lui ai pas dit, mais de toute manière elle avait des goûts à la con. Ne pouvant pas complètement détester le film devant elle, j'ai été obligé de me faire à l'idée que ça ne pouvait pas être une telle catastrophe.

2/10 : 2009, l'après séance.

C'était une catastrophe. Evidemment, parce que madame avait lu le bouquin, elle avait bien aimé le film mais "avait quelques petits trucs à dire" car vous voyez, "ils ont oublié plein de passages". C'est le grand truc des littéraires, ça, venir ramener leur science sur des passages manquants. Donc là tu leur dis "en général le livre c'est toujours mieux que l'adaptation qui est un peu ratée à chaque fois", là ils te disent "non", toi tu dis "ah bon prouve", eux te disent "Shining par exemple", et là tu les emmerdes parce que ce n'est pas faux. Enfin, en réalité, à titre personnel, parce que je n'aime pas avoir tort, je dis que Shining est cent fois mieux en livre alors que jamais je n'ai lu King de ma vie. Mais qu'on ne me fasse pas chier avec ça. Digression mise de côté, j'ai trouvé le film nul. Caricatures, lenteur, Kristen inexpressive (la fille dis "embrasse-moi" comme elle dirait "t'as terminé les loukoums tu abuses bébé", et surtout tellement soft pour un milieu si hardcore. C'était hallucinant.

4/10 : 2009, deuxième séance avec ses copines.

Miraculeusement, j'ai eu un peu plus de sensibilité pour ce film qui multipliait les poncifs et les moues "je me mords la lèvre inférieure j'ai trop mal à mon coeur" de Stewart. J'étais en situation, y'avait des petites minettes sympathiques à côté de moi, on rigolait comme des nanas de 12 ans lorsque Edward était un boulet de vampire et on s'extasiait devant les pectoraux de Jacob. C'était vivable. A l'époque, je n'étais pas dans le SensCritique game et mon film préféré devait être Black Swan.

1/10 2014, les années passent et ma jeunesse s'envole.

Vous avez remarqué l'anachronisme ? Black Swan, 2009 ? Pour ceux qui ont tenu jusque là. Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vraiment parler du film, si ? Il n'y a rien à dire à ce sujet, et surtout en 2014, lorsque je fais mes premiers pas sur SensCritique. Dans tous les cas, il me semble avoir menti. Je mets très rarement des 1 et ce n'est pas avec Twilight que ça commencera. Mais les années passèrent et j'ai eu de moins en moins de tendresse pour Twilight. Paradoxal vu tout ce que je ressens aujourd'hui. Je repensais à cette copine, qui entre temps est devenue fan de Hunger Games (avec des serpents et tout, la galère), donc automatiquement je bottais en touche devant son évolution, et ça me faisait du mal. Alors j'ai raccroché les crampons et je me suis dit : Evy, tu es un homme maintenant. Disney oui, mais Twilight, Alizée et te pointer à noël sans cadeau, c'est terminé pour toi. Voilà mes premiers pas sur SensCritique, avec cette intime conviction que jamais plus je ne retomberai dans mes travers. Twilight, c'est pour les débiles.

5/10 2014, Welcome to the Rileys.

Ce fut le déclic pour moi. Je me suis dit mince, Evy, tu fais une grave bêtise en trainant autant dans la boue (les vrais diront il faut l'aider à changer la roue) ce film. J'ai eu une révélation pour Kristen. Notamment avec le film Welcome to the Rileys. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté d'une telle actrice, d'un tel potentiel, d'une telle âme à l'intérieur de ce visage bloqué par le talent et la mélancolie.

http://www.hotflick.net/flicks/2010_Welcome_to_the_Rileys/big/fhd010RYS_Kristen_Stewart_021.jpg

Là j'ai dit oui, clairement, je dois revoir mon jugement. C'est une actrice de haut vol.

7/10 2015, Par esprit de contradiction, je réalise l'impossible.

Appelez ça esprit de contradiction ou avoir toujours raison, peu importe ! Mais quand on défonce un film, peu importe lequel, je suis le chevalier blanc, sur mon bel étalon, et je serais prêt à défendre le pire des navets, même Les Profs ! Ayant en plus une tendresse particulière pour Twilight qui, et j'en sais quelque chose puisque je l'ai fait auparavant, se faisait laminer en beauté, j'ai décidé de le défendre coûte que coûte contre l'oppression. Mon grand truc, et parce que je n'avais pas d'argument tangible si ce n'est la béatitude complète pour les personnages de midinette que j'éprouvais (je ne changerai jamais), c'était de mettre fin aux discussions en questionnant la personne sur les conditions de visionnage du film. "Ah, tu l'as vu en vf ?" m'exclamai-je, ce à quoi les gens répondaient souvent "oui", et, bienheureux de leur clouer le bec, je leur affirmai que d'une part, le cinéma se vivait avec la vraie performance des acteurs et non une moitié ou une pâle copie et que d'autre part, "j'ai déjà vu Dexter en français et je peux t'assurer que ce n'est plus du tout la même série, crois-moi". En général, ça marchait pas mal. Souvent je n'avais pas cette patience et je disais simplement : "les goûts et les couleurs, tu sais". "Oui, ben tu as des goûts de merde", qu'on me répondait. Quel élitisme.

Qui m'empêchera, ici-même et maintenant, de dire que Twilight est un chef d'oeuvre ? Pardon, le ridicule peut-être ? Oui sûrement.

6/10 2015, Au jour d'aujourd'hui

Ca ne se dit pas, au jour d'aujourd'hui, apparemment. Je vous le dis, vous en faites ce que vous voulez, j'ai un bac littéraire en poche donc je préfère jouer franc jeu avec vous. Pourquoi 6 aujourd'hui ? Parce que déjà je ne peux pas me permettre de faire le kéké et mettre 8, 10, à un moment donné il faut aussi savoir se canaliser et respecter ses abonnés, les préserver. A titre personnel, si une femme se met nue dans la rue, peu importe si elle est bien foutue, ça me gêne. Je préfère qu'elle garde ça pour elle. 6, pour les répliques, pour le regard de Bébèr, pour la postérité tout simplement.

(Ma copine traîne sur SensCritique je me censure mais vous et moi on sait très bien de quoi il en retourne par rapport aux femmes dans la rue.)

Peu importe si les gens ne comprennent pas. Si on me calomnie, si on dit de moi que j'ai trahi le bon goût comme Jeff a trahi Alban. Peu importe. Je suis raccord avec moi-même et oui, j'ai un amour secret pour ce film qui a traversé ma vie et qui, aujourd'hui je peux le dire sans trembler, a façonné ma vie.
Enfin quand même pas mais je suis comme un gamin devant. Comme quand je jouais à la Game Gear ben là c'est pareil. Et puis, ça me fait me sentir un peu femme. Quel homme n'en a jamais rêvé ? Twilight le film est une abomination, mais un pêché mignon, pire encore, un plaisir coupable que je dévore sous un plaid, l'hiver, avec un chocolat chaud et la neige qui glisse sur les carreaux du salon. Ce n'est pas le paradis, mais c'est mon petit jardin à moi. Mon couple impossible, mon scénario impossible, ma cinéphile en totale inadéquation avec, mais c'est mon petit jardin.

Je terminerai avec cette fameuse scène qui révèle, l'espace de quelques instants, toute la beauté d'un monde qui n'est, finalement, qu'amour et volupté - si tu regardes bien c'est un peu ça.

• C'est mon monde, pas le tien Bella.


• Mais mon monde, c'est toi.

Ce à quoi Pokora rajoutera : Je ne veux plus que le monde, tourne autour de toi.
(Pour mon coming out sur M. Pokora on attendra quelques années par contre. Le monde n'est pas encore prêt pour ça)